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Avers : ACISCVLVS

Tête de Jupiter à droite, derrière, une petite pioche (Acisculus). Le tout dans une couronne de laurier.

Revers : L. VALERIVS (Lucius Valerius)

Anguipède géant de face prenant de la main droite l’éclair de Jupiter qui a frappé son flanc et la main gauche levée à l’agonie.


BnF 3.89g


Indice de rareté

Atelier

Rome

Datation : 45 avant J.C.

Matière : Argent

Gens : Valeria

Références : RRC 474/4 – B.21 (Valeria) – Syd.1002


Descriptif : Ce denier extrêmement rare met en lumière un moment culminant du mythe de la Gigantomachie, la bataille cataclysmique entre les dieux de l’Olympe et les géants nés sur terre qui a eu lieu lorsque les premiers se sont imposés comme les nouveaux dirigeants du cosmos. Les géants, qui étaient représentés dans la tradition iconographique héritée des Grecs de l’Antiquité comme anguipédiques – avec des serpents en guise de jambes comme signe de leur origine en tant que fils de Gaia – étaient dirigés par leur roi Porphyrion, qui est probablement représenté au revers.

Selon la version romaine du mythe, Porphyrion attaquait Hercule et Junon et était sur le point de les détruire lorsque Jupiter inspira au géant le désir de Junon et le frappa d’un coup de foudre tandis qu’Hercule lui tirait une flèche. Ce revers montre la foudre flamboyante frappant le côté du géant alors qu’il lève faiblement une main vers son visage pour se protéger de la flèche d’Hercule, ses jambes de serpent s’agitant de douleur. L’avers identifie son tueur comme étant Jupiter, le roi des dieux de l’Olympe, avec un portrait sévère et imposant avec une barbe bien bouclée et de longs cheveux couronnés d’une couronne de laurier.

La légende de l’avers et le symbole de la pioche (acisculus) qui l’accompagne identifient l’argentier L. Valerius Acisculus, dans un jeu de mots faisant référence à son cognomen. Que ce type soit si extrêmement rare n’est peut-être pas surprenant : Sear suggère qu’il a pu être interprété (peut-être à juste titre) comme une allégorie de l’intention de Jules César de renverser l’ordre ancien dans lequel le Sénat était suprême et de s’établir comme un Jupiter sur terre. pour gouverner l’empire romain en tant que roi (Sear, The History and Coinage of the Roman Imperators). César avait déjà consolidé sa position de dictateur, après avoir vaincu de manière décisive Pompée et ses autres adversaires dans une série de batailles sanglantes quelques années plus tôt ; il est bien connu que les inclinations apparentes de César vers la royauté et la divinité ont poussé les libérateurs sénatoriaux à l’assassiner lors des ides de mars 44 av.  Sear, en revanche, donne une interprétation plus rétrospective, considérant le type comme simplement l’expression de la défaite des forces obscures après plusieurs années de conflits civiques brutaux. Il note que les monnaies d’Acisculus comportent la figure de la Victoire avec une double corne d’abondance, suggérant que les émissions de cet argentier célèbrent simplement la paix après une guerre cataclysmique, sans aucune prétention de la part de César à une future royauté ou à une déification. Quelle que soit l’interprétation qui semble la plus probable, cette pièce est l’un des deniers républicains les plus rares, frappée pendant (et contribuant peut-être à) un moment turbulent et charnière pour la République romaine.

Lieux de découverte (2 exemplaires)

Extrait de Description historique et chronologique des monnaies de la République romaine d’Ernest Babelon

Tous les types des monnaies de L. Valerius Acisculus se rattachent à l’origine mythologique dela famille Valeria et se résument dans les idées de force et de valeur, unies à celles de santé et de salut qu’on retrouvait étymologiquement dans le mot valere.

L’explication mythologique du géant anguipède qui tient la foudre (n. 21) est due à M. le baron de Witte. C’est le géant Valens, le même mot, au fond, que Valerius. La légende mythologique raconte que Coronis, fille de Phlégyas et mère d’Esculape, était sur le point de donner le jour à son fils, quand le corbeau vint annoncer à Apollon que Coronis avait épousé Valens, fils d’Elatus, union d’où devait sortir Esculape. Irrité de l’infidélité de sa maitresse. Apollon perça de ses traits les deux amants. Une autre tradition appelle le héros Valens du nom de Lycus , loup, et nous avons vu que le loup est le symbole de l’Apollon du mont Soracte, près de Faléries. Le géant Valens, le type de la puissance, de la force et de la valeur, est représenté, dans la mythologie, comme luttant contre les dieux : il tient la foudre comme Jupiter, et sur notre denier, il est directement opposé au père des dieux dont la tête figure au droit. Son nom répond à Valenlia, nom primitif de Rome, à Valeria Luperca et à l’aigle Valeria, comme Lycus rappelle la louve nourricière des fondateurs de Rome et correspond à Lupa, Luperca ou Valeria Luperca : on voit que les deux traditions mythologiques se confondent.
Nous avons dit que le nom de Valerius, à côté de l’idée de force, implique aussi l’idée de santé, de guérison, en prenant pour étymologie de ce nom les mots latins valere, valetudo. Or, Valens, le père d’Esculape, est un héros qui rend la santé; le nom grec d’Esculape,(sine cruribus) et désigne un héros qui n’a pas de jambes; d’ailleurs, dans la mythologie grecque, les géants sont presque toujours représentés anguipèdes. 

Galerie (deniers classés par ordre décroissant de masse)

British Museum: 1902,0503.120

British Museum: 1843,0116.1096

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