
Africa
Dans la culture romaine, Africa était à la fois une personnification du continent africain (plus précisément la province romaine d’Afrique, qui couvrait des parties de l’actuelle Tunisie, du nord-est de l’Algérie et de l’ouest de la Libye) et, dans certaines interprétations, une divinité ayant des racines dans les traditions berbères. Appelée Dea Africa en latin, elle symbolisait la région nord-africaine romanisée. Ses origines sont souvent associées à la déesse berbère Ifri ou Ifru, une figure liée à la guerre, à la fertilité et à la protection dans la mythologie nord-africaine préromaine.
Dans les représentations artistiques, Dea Africa est généralement représentée portant une coiffe en forme d’éléphant (symbolisant la faune de la région), tenant une corne d’abondance (représentant la prospérité), et parfois accompagnée d’attributs comme un scorpion, un lion ou des gerbes de blé, qui reflètent la fertilité et la puissance de la terre. On la retrouve sur des pièces de monnaie romaines, des mosaïques (comme celle du musée d’El Djem en Tunisie) et des sculptures, souvent en tant que personnification provinciale plutôt qu’une déesse largement adorée dans le panthéon romain.

L’écrivain romain Pline l’Ancien a noté que « en Afrique, personne n’entreprend quoi que ce soit sans invoquer Africa », ce qui suggère son importance culturelle dans la région, bien que l’on débatte s’il s’agit d’une entité divine ou d’un rituel symbolique. Certains chercheurs estiment qu’elle était davantage une figure iconographique qu’une divinité avec un culte formel, car aucune inscription ne la désigne explicitement comme « Dea » (déesse) de la même manière que des divinités majeures comme Junon ou Minerve.
Son antécédent berbère, Ifri, pourrait être lié au nom « Africa » lui-même, peut-être dérivé du mot berbère ifri (signifiant « grotte », en lien avec des tribus vivant dans des cavernes) ou du latinisé Afer (pluriel Afri), désignant les peuples locaux. Cela s’intègre à l’adoption romaine, où elle est devenue un symbole de la domination impériale et de l’identité régionale.