
Le lion de Némée
1 – Introduction
Je vous propose avec cet article de découvrir les différents types d’iconographie présentes sur les monnaies antiques du premier des travaux d’Hercule : Le lion de Némée.
Le Lion de Némée est une créature mythologique grecque, célèbre pour être l’une des épreuves surmontées par Héraclès (Hercule dans la mythologie romaine) dans le cadre de ses douze travaux. Voici un résumé de son histoire :
Contexte mythologique
- Origine : Le Lion de Némée était un monstre gigantesque, souvent décrit comme un lion d’une taille et d’une force extraordinaires, avec une peau impénétrable aux armes humaines. Il était parfois considéré comme le fils de Typhon et d’Échidna, ou comme une créature envoyée par Héra pour tourmenter Héraclès.
- Lieu : Il terrorisait la région de Némée, dans le Péloponnèse, dévorant les habitants et les troupeaux.
Le premier travail d’Héraclès
- Mission : Le roi Eurysthée, dans le cadre des douze travaux imposés à Héraclès, lui ordonna de tuer le Lion de Némée. Ce travail était censé être impossible en raison de l’invulnérabilité de la bête.
- Déroulement :
- Héraclès tenta d’abord d’utiliser ses armes (arc, épée, massue), mais elles se révélèrent inefficaces contre la peau du lion.
- Il décida alors de l’affronter à mains nues. Il traqua le lion jusqu’à sa tanière, une grotte avec deux entrées, bloqua l’une d’elles, et força le combat.
- Héraclès parvint à étrangler le lion, utilisant sa force surhumaine pour le vaincre.
- Après la victoire : Héraclès dépouilla le lion de sa peau, qu’il utilisa ensuite comme armure (et parfois comme cape). Cette peau devint l’un de ses attributs emblématiques, le protégeant dans ses aventures futures. Il rapporta la dépouille à Eurysthée, qui, terrifié, lui interdit d’entrer dans la ville et lui ordonna de présenter ses exploits depuis l’extérieur.
Symbolisme
- Le Lion de Némée représente la force brute et les défis apparemment insurmontables. La victoire d’Héraclès symbolise le triomphe de l’intelligence, de la persévérance et de la force humaine sur les obstacles.
- La peau du lion, impénétrable, est souvent vue comme une métaphore de la protection divine ou de l’invincibilité acquise par Héraclès.
Dans la culture
- Le Lion de Némée est souvent représenté dans l’art antique (vases, sculptures) et reste une figure populaire dans les récits modernes inspirés de la mythologie grecque.
- Son histoire est également associée à la constellation du Lion, que certains mythes relient à cet exploit.
2 – Statère de Mysie atelier Cizique _ 450 à 350 B.C.
Il s’agit, à ma connaissance, de la première représentation du premier travaux d’Hercule. Celui-ci est représenté à l’avers, agenouillé à droite et étouffant le lion du bras gauche en s’aidant du droit.
Le thon, que l’on trouve sous Hercule, était le symbole de Cyzique à partir du milieu du VIe siècle avant JC, lorsque la ville commença à frapper des statères d’électrum et que les fractions qui circulaient si largement que le terme générique pour un statère devint un cyzicène. Le commerce de la pêche était essentiel à l’économie de Cyzique et il est probable que le thon soit devenu une forme de monnaie avant la monnaie, qui est devenue un symbole de la monnaie après l’invention de la monnaie dans la Lydie voisine. Les aventures du puissant Hercule peuvent être retrouvées sur les monnaies de la Grèce antique et de Rome, et les statères de Cyzique ne sont pas différents. L’histoire épique de Jason et des Argonautes raconte l’atterrissage du navire des héros sur l’île de Cyzique où ils furent chaleureusement accueillis par le roi Cyzique. Après que leur navire soit revenu par erreur et ait été considéré comme un envahisseur ennemi, une bataille s’ensuivit entraînant la mort du roi qui fut tué soit par Jason, soit par Hercule. Ce type, avec Hercule dans l’un de ses travaux au-dessus du symbole de la monnaie de l’île, est un délicieux exemple de la fusion du mythe, de l’histoire et de la culture sous forme de monnaie.
3 – Octobole de Sicile (Euainetos) atelier Syracuse _ vers 400 B.C.
Sur cette monnaie, Hercule est accroupi à droite et étrangle le lion à l’aide des deux bras.
Auparavant, la monnaie d’or en Méditerranée occidentale était épisodique et n’était émise qu’en cas d’urgence. Syracuse avait traditionnellement défini les tendances en matière de monnaie en Sicile, il n’est donc pas surprenant qu’elle ait ouvert la voie en matière d’émission d’or. Le besoin d’une telle quantité de pièces d’or devait être militaire, et nous pouvons supposer que ces pièces étaient utilisées pour payer les mercenaires que Dionysios Ier avait embauchés pour promouvoir ses ambitions. Cette monnaie a probablement été introduite vers 400 av. et semble avoir été frappé en parallèle avec les décadrachmes en argent des types Kimon et Euainetos. On ne sait pas pourquoi l’iconographie Héraclès et du lion de Némée a été introduit avec cette monnaie, bien qu’il puisse être emblématique de la lutte grecque contre les Carthaginois, le lion étant le symbole de cette culture.
4 – Statère d’argent de Lucanie atelier Héraclée _ 390 – 340 B.C.
Sur cette monnaie, Hercule est représenté debout, légèrement courbé à droite et étranglant de ses deux bras le lion.
Héraklée en Lucanie était une fondation commune des Tarentins doriens et des Thuriens ioniens (athéniens) sur le golfe de Tarente en 432 avant JC. Bien qu’elle ait pris de l’importance principalement sous le patronage de Taras, la double origine de la ville était fréquemment annoncée sur la monnaie d’Héraclée. Une tête d’Athéna semblable à celle trouvée sur la monnaie de Thourioi et faisant allusion aux origines athéniennes de cette ville apparaît sur l’avers tandis qu’Héraclès est représenté tuant le lion de Némée au revers. Le héros sert à la fois d’insigne de la ville portant son nom et de symbole des Grecs doriens dans leur ensemble puisque tous les Doriens font remonter leur ascendance aux fils d’Héraclès.
5 – Statère d’argent de Cilicie atelier Tarse _ 370 B.C.
Sur cette monnaie, Hercule est représenté agenouillé à gauche et étranglant de ses deux bras le lion.
Alors que la plupart des émissions inscrites frappées à Tarse au IVe siècle avant JC ont tendance à porter des légendes araméennes nommant le satrape perse sortant de Cilicie, ce statère présente une légende grecque qui l’identifie comme une « [pièce de monnaie] tarsique ». Cette légende en fait une question essentiellement civique, même si elle a presque certainement été produite avec l’accord de Datames, le satrape au pouvoir au moment où la pièce a été frappée. Le revers représentant Héraclès étranglant le lion de Némée est bien plus approprié à la ville cilicienne de Mallos qu’à Tarse et en effet des types très similaires y furent frappés aux Ve et IVe siècles avant JC. Lorsque cela est combiné avec la prédominance des légendes grecques sur les pièces de monnaie de Mallos, on se demande si cette pièce n’a pas pu être frappée à Mallos au nom de Tarse, bien qu’il soit difficile de penser à une raison pour laquelle cela pourrait se produire. On ne sait pas non plus pourquoi le type d’avers représentant la tête d’Héra semble être étroitement calqué sur les représentations d’Héra trouvées sur les émissions d’Amisos (comme la refondation athénienne du Pirée) frappées à la fin du Ve et au début du IVe siècle avant JC.
6 – Hémidrachme de Théssalie atelier Oeta _ 360 – 340 B.C.
Sur cette monnaie, la tête du lion est représentée tournée de trois quarts vers la gauche et tenant une lance transversale dans ses mâchoires. Hercule, est, quant à lui au revers debout, de face et tenant une très longue massue à deux mains.
Nous entendons parler pour la première fois des Oitaioi, une tribu sauvage vivant dans la chaîne de montagnes Oite au sud-ouest de Lamia, par Hérodote, qui nous raconte que la manœuvre de flanc perse lors de la bataille des Thermopyles en 480 avant JC a touché leur territoire (Hdt. 7.217). Au début du IVe siècle avant JC, les Oitaioi incorporaient la ville d’Herakleia Trachinia, située à quelques kilomètres à l’ouest des Thermopyles et devint leur capitale. La monnaie des Oitaioi fait largement référence au héros éponyme de leur ville principale, Héraclès, qui s’est immolé sur le mont Oite et est représenté au revers de ce magnifique hémidrachme tenant une très longue massue à deux mains. L’avers, en revanche, montre un magnifique rendu du lion de Némée : sa tête n’est pas représentée entièrement de profil, mais plutôt tournée de trois quarts vers la gauche et tenant une lance transversale dans ses mâchoires, ce qui confère à l’image un aspect incomparable. profondeur et beauté.
7 – Tétradrachme de Péonie atelier Likkeios _ 359 – 340 B.C.
Sur cette monnaie, Hercule est représenté debout à gauche, étranglant le lion du bras gauche et donnant des coup avec le bras droit. (image en illustration, faire pivoter le revers de 90°)
L’iconographie des avers des tétradrachmes de Lykkeios ne présente généralement pas une similitude stylistique aussi étroite avec celui de Philippe II, bien que les deux soient des dirigeants contemporains. De telles preuves sont cruciales pour établir les archives historiques de dirigeants énigmatiques comme Lykkeios, pour qui la numismatique joue un rôle si important. La pièce du Trésor Paeonien est apparemment le seul exemple publié de ce type, mais elle est frappée à partir de matrices différentes de celles de la pièce actuelle.
8 – Didrachme de Lucanie atelier Héraklée _ 350 B.C.
Sur cette monnaie, Hercule est représenté debout à droite, étranglant le lion à l’aide ce ces bras.
Le revers sensationnel représente Héraclès comme un modèle de force physique, la scène capturant une fraction de seconde de mouvement dramatique qui accentue ses jambes et son torse musclés, tandis que les détails avec lesquels son expression concentrée et déterminée est accentuée communiquent le grave danger de son combat mortel avec le lion de Némée. Une fois tuée lors du premier des douze célèbres travaux d’Héraclès, la peau du lion, dont le mythe prétendait qu’elle était impénétrable par toute arme, est devenue un attribut emblématique du héros et figure sur la monnaie dans tout le monde grec. La position dynamique de contrapposto d’Héraclès présente ici une similitude frappante avec les splendides statères Hermès contemporains de Phénéos dans le nord-est de l’Arkadia (par exemple BCD Péloponnèse 1615). Alors que cette scène archétypale avec une longue histoire dans l’art grec avait généralement évolué à cette époque vers une démonstration de force musculaire influencée par l’athlétisme souple du terrain de lutte.
9 – Diobole de Calabre atelier Tarente _ 325 – 280 B.C.
Sur cette monnaie, Hercule est représenté à droite, un genou au sol, étranglant le lion du gras gauche et tenant une massue du droit.
Les dioboles de Tarente avec Héraclès combattant le lion de Némée représentent Héraclès dans un certain nombre de poses : dans certains cas, il est debout, soulevant apparemment le lion du sol ; dans d’autres, il est à genoux, le plus souvent avec un genou et les orteils de ce pied au sol, et avec l’autre genou plié et ce pied à plat sur le sol ; mais dans certains cas, ses jambes sont jointes, les deux genoux et les orteils des deux pieds posés au sol.
10 – Diobole d’or de Calabre atelier Tarente _ 320 – 315 B.C.
Sur cette monnaie, Hercule est représenté debout, teant le lion du bras gauche et s’apprêtant à donner un coup de massue du droit.
Apollon était vénéré comme le patron des colons à Tarente, et il était également le patron de l’ordre religieux pythagoricien vénéré à Tarente, qui existait jusqu’à la fin du IVe siècle. Le revers d’Héraclès combattant le lion de Némée était également utilisé sur les dioboles d’argent contemporains de Tarente et de sa colonie d’Héraklion, bien que les émissions d’argent choisissent généralement la scène « tondo » d’Héraclès accroupi luttant contre le lion de Némée avec une mainmise.
11 – Diobole de Calabre atelier Tarente _ 280 – 228 B.C.
Sur cette monnaie, Hercule est représenté debout à gauche, donnant un coup de massue à l’aide de la main droite et tenant la queue du lion de la main gauche.
Les dioboles de Tarente avec Héraclès combattant le lion de Némée représentent Héraclès dans un certain nombre de poses : dans certains cas, il est debout, soulevant apparemment le lion du sol ; dans d’autres, il est à genoux, le plus souvent avec un genou et les orteils de ce pied au sol, et avec l’autre genou plié et ce pied à plat sur le sol ; mais dans certains cas, ses jambes sont jointes, les deux genoux et les orteils des deux pieds posés au sol.
12 – Denier Serratus Poblicia – Caius Poblicius _ 80 B.C.
Seule représentation du premier travaux pour la république romaine, Hercule est représenté debout à droite, tourné à gauche, étranglant le lion de Némée.
13 – Conclusion
J’espère que vous m’en voudrez pas trop d’avoir élargi mes recherches du coté grec. En effet, il n’existe qu’un denier pour la République et d’Auguste traitant du premier travaux d’Hercule. Comme vous pouvez le voir, les représentations de ce combat sur les monnaies ont duré huit siècles. Il y a de nombreuses représentations pour l’Empire, mais il m’a fallu faire des choix pour éviter d’avoir un roman et non plus un article! Comme vous pouvez l’observer, les graveurs de ces monnaies devaient avoir de très bonnes connaissances en lutte. Nous trouvons en effet de nombreuses variations dans la façon d’étrangler le lion de Némée.
14 – Sources
https://multicollec.net/1-mo-h/1h74#catalogue
https://www.forumfw.com/t1910p781-monnaies-de-legendes-emblemiste