LesDioscures.com

Sors : La Divinité Mineure de la Chance et du Destin dans la Mythologie Romaine

Dans le panthéon romain, souvent dominé par les figures majestueuses d’un Jupiter ou d’une Minerve, on trouve une myriade de divinités mineures qui régissaient des aspects plus spécifiques et quotidiens de l’existence. Parmi elles, Sors (au pluriel, Sortes), la divinité de la Chance et du Tirage au Sort (le « Sort »), occupe une place fascinante, bien que parfois ambiguë.

Une Personnification de l’Aléatoire

Le terme latin Sors se traduit littéralement par « sort », « part » ou « lot ». Contrairement à Fortuna, la grande déesse de la Fortune, dont les caprices englobaient la chance et la malchance à l’échelle d’une vie ou d’une nation, Sors représentait l’aspect mécanique, immédiat et imparti du destin. Il s’agissait de la part que l’on recevait lors d’un partage, du résultat d’un tirage au sort, ou du présage obtenu par des tablettes oraculaires.

Sors n’était pas nécessairement bon ou mauvais, mais incarnait le principe de l’aléatoire et de la répartition.

Denier Plaetoria – Marcus Plaetorius Cestianus

Le Rôle dans la Divination : Les Sortes

C’est dans le domaine de la divination que Sors était le plus vénéré, notamment sous sa forme plurielle, les Sortes (les « Sorts »). Ces « Sorts » étaient des petits objets (tablettes de bois, jetons, osselets) portant des inscriptions prophétiques.

Le consultant posait une question, et la tablette choisie (souvent au hasard par un enfant ou un prêtre) délivrait une réponse ou un conseil divin. Ce système était notamment célèbre dans le sanctuaire de Préneste (Praeneste), où l’on trouvait l’un des plus illustres oracles de l’Italie antique : les Sortes Praenestinae.

Selon la légende, ces « Sorts de Préneste » auraient été découverts miraculeusement dans un puits ou une crevasse. Ils étaient conservés dans une boîte de chêne sacré. La renommée de cet oracle était telle que même des empereurs et des figures importantes venaient y chercher un éclairage sur l’avenir. Le culte était très localisé, mais son influence était nationale.

Sors et sa Parenté Divine

Bien que Sors fût souvent considérée comme une entité indépendante, les auteurs romains la rattachaient parfois à d’autres figures du destin, notamment la déesse Fortuna. Dans certaines représentations tardives ou littéraires, Sors est vue comme un aspect ou une fonction de Fortuna, spécifiquement celle qui distribue les parts de la vie de manière impartiale.

On la rapprochait également des Parques (Fata, les Destins), mais tandis que les Parques filaient et coupaient le fil de la vie, Sors se contentait de répartir le lot de départ ou l’issue immédiate.

Le Message de Sors pour le Romain

La divinité Sors rappelait aux Romains que, bien que la Fortune (Fortuna) soit inconstante et imprévisible, il existe des moments où l’issue est purement et simplement une affaire de chance et de tirage au sort, échappant à la volonté humaine et même parfois à l’influence directe des grands dieux.

Aujourd’hui, Sors reste un exemple éloquent de la complexité du panthéon romain, qui n’hésitait pas à personnaliser même les concepts les plus abstraits de la vie quotidienne pour les intégrer à la sphère du sacré.

Cet article vous a été utile?Votre avis peut permettre a améliorer ce site, merci!