
1255RU – As Rubria – Lucius Rubrius Dossenus
Avers : Anépigraphe
Double tête composée d’une figure d’Hercule avec la peau de lion, et de la tête de Mercure avec le pétase allé; quelquefois, devant la figure d’Hercule, une massue, et devant la tète de Mercure, un caducée.
Revers : L. RVBRI. DOSSEN. (Lucius Rubrius Dossenus)
Proue de navire à droite, en partie dissimulée par un temple à deux colonnes et à fronton triangulaire; dans le temple, un autel de forme ronde autour duquel un serpent est enroulé.
INDICE DE RARETE : 10+
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ATELIER : Rome
Datation : 87 avant J.C.
Matière : Alliage cuivreux
Gens : Rubria
Références : RRC 348/6 – B.6 (Rubria) – Syd.710
👤 Le Monétaire : L. Rubrius Dossenus
Nous avons peu de détails biographiques directs sur L. Rubrius Dossenus, mais les informations numismatiques et historiques nous permettent d’établir ceci :
Période d’activité : Il a frappé monnaie en 87 av. J.-C., une période extrêmement instable à Rome, marquée par les guerres civiles et les luttes entre Marius et Sylla.
Identité potentielle : Certains historiens, comme Ernest Babelon, suggèrent qu’il pourrait être le même personnage qu’un certain L. Rubrius, un sénateur mentionné comme ayant été fait prisonnier lors de la prise de Corfinium par Jules César au début de la guerre civile en 49 av. J.-C. (si cette identification est correcte, cela ferait de lui un homme qui a vécu de grandes époques de l’histoire romaine).
La Gens Rubria : Il appartenait à la Gens Rubria (la famille Rubria), une famille d’origine plébéienne. Un membre de cette gens, un certain Rubrius, fut tribun de la plèbe avec Caius Gracchus en 123 av. J.-C.
🛡️ Avers : Têtes de Mercure et Hercule
L’avers présente une tête bifrons (à deux faces) inhabituelle pour un As, qui n’est pas Janus, mais une association de deux autres divinités importantes :
Divinités : La tête bifrons est celle d’Hercule (Hercules) et de Mercure (Mercurius).
Hercule : Souvent la tête à gauche, laurée ou portant la peau de lion (bien que peu visible ici). Il symbolise la force et l’effort victorieux.
Mercure : Souvent la tête à droite, reconnaissable à son pétase (chapeau ailé) ou son bonnet. Il est le dieu du commerce et des messagers.
Symboles :
Derrière la tête d’Hercule (à gauche) : Une massue (club).
Derrière la tête de Mercure (à droite) : Un caducée.
⛵ Revers : Proue et Sanctuaire d’Esculape
Le revers est l’endroit où le monétaire intègre son message civique spécifique :
Image Principale : Proue de navire (prora) orientée vers la droite. C’est le type traditionnel des revers des As romains.
Symbole Aditionnel : La proue est représentée émergeant de derrière un petit sanctuaire (small shrine) qui contient :
Un autel guirlandé.
Un serpent enroulé autour de cet autel.
Légende : L • RVBRI DOSSEN (ou une forme abrégée) en dessous.
Signification : Le serpent enroulé autour de l’autel est l’attribut d’Esculape (Aesculapius), dieu de la guérison. Ce motif fait allusion à la victoire de Rome sur une maladie ou une peste, et lie le monétaire aux thèmes de la santé publique et de la protection divine, un message récurrent dans cette émission (voir RRC 348/4 et 348/5).
Extrait de Description historique et chronologique des monnaies de la République romaine d’Ernest Babelon
La première fois que l’on voit apparaître la gens Rubria dans l’histoire, c’est lorsqu’il est fait mention d’un Rubrius qui fut tribun du peuple en même temps que C. Gracchus en 631 (123 av. J.-C.), et proposa d’établir une colonie romaine à Carthage. On cite plus tard Q. Rubrius Varro, déclaré ennemi public avec Marius en 666 (88 av. J.-C.); un autre Rubrius, ami de Verrès et complice de ses exactions en Sicile; enfin, Rubrius Ruga, un des meurtriers de César.
La numismatique n’enregistre que le nom de L. Rubrius Dossenus qui paraît être le même personnage que le sénateur L. Rubrius, fait prisonnier à la prise de Corfinium, au commencement de 705 (49 av. J.-C.). Ses monnaies peuvent dater de l’an 671 (83 av. J.-C.). Leurs types sont fort intéressants : on y voit, au droit, les trois grandes divinités du Capitole, Jupiter, Junon et Pallas ou Rome, et au revers, les chars honorifiques de ces trois divinités, surmontés d’une Victoire; ce char triomphal ou tensa, rappelle les jeux du cirque et l’entrée solennelle des chars; Cavedoni croit que ce type a été choisi parce que la loi Rubria-Acilia, mentionnée dans une inscription, fait allusion à cette grande solennité. Rappelons que le char du revers de ces pièces ressemble à celui qu’on voit plus tard sur des deniers d’Auguste (Julia, 119).
Les types du quinaire de L. Rubrius Dossenus n’ont pas été jusqu ‘ici suffisamment expliqués. La Victoire se rapporte aux fêtes populaires dont il vient d’être question. L’autel entouré d’un serpent est l’autel d’Esculape, dans l’île du Tibre. Quant à la tête de Neptune, nous ne pouvons l’expliquer qu’en la rapprochant de la proue de navire qui paraît sur l’as n. 6 et sur le sextans n. 9 : elle rappelle le voyage maritime que dut faire un ancêtre du monétaire, allant chercher Esculape à Epidaure ; pour faire cesser la peste qui désola Rome en 461 (293 av. J.-C.), les livres sibyllins avaient conseillé d’introduire à Rome le culte du dieu grec et de lui bâtir un temple. Une légende analogue est racontée au sujet de l ‘introduction à Rome du culte de Cybèle, la grande déesse de Pessinunte, et ce fait est également traduit sur des médailles de la famille Volteia. Au revers de l’as n. 6 et du sextans n. 9, figure le même autel d ‘Esculape que sur le quinaire; le temple d’Esculape est aussi sur l ‘as n. 6 et sur le sextans n. 9; la proue de navire fait enfin, comme la tête de Neptune sur le quinaire, allusion au vaisseau qui amena d ‘Epidaure à Rome le dieu de la médecine sous la forme d’un serpent. On est ainsi amené à supposer que L. Rubrius Dossenus et M. Eppius dont les types monétaires ont du rapport avec ceux-ci (Eppia, 2 et Pompeia, 19), s’honoraient de compter parmi leurs ancêtres les ambassadeurs qui furent envoyés à Epidaure, chercher le serpent divin. Plus tard, un médaillon de bronze de l’empereur Adrien fait allusion au même événement.