1270FO – Denier Fonteia – Manius Fonteius
Avers : EX·A·P (Ex Argento Publico, Avec l’argent public)
Tête laurée de Véjovis à droite; au-dessous, un foudre.
Revers : Anépigraphe
Génie ailé (Jupiter enfant) assis à droite sur une chèvre (Amalthée), de chaque coté des bonnets des Dioscures étoilés; à l’exergue, un thyrse couché; le tout dans une couronne de laurier.
INDICE DE RARETE : 8
1
10+
ATELIER : Rome
Datation : 85 avant J.C.
Matière : Argent
Gens : Fonteia
Références : RRC 353/2 – B.12 (Fonteia) – Syd.726
Ce denier est à mettre en rapport avec une série de pièces pour Gargilius, Ogulnius et Vergilius qui présentent tous au droit la tête d’Apollon Véjovis sans oublier le denier anonyme avec le même portrait. Le temple de Véjovis d’origine étrusque (Jupiter jeune) était placé dans la partie basse du Capitole sur l’Asylum dans une partie du Tabularium. Ce temple contenait une statue de Jupiter enfant sur la chèvre Amalthée qui est représentée au revers de notre denier. Le droit est lui aussi copié à partir d’une statue retrouvée du dieu à laquelle il manque la tête.
Extrait de Description historique et chronologique des monnaies de la République romaine d’Ernest Babelon
Il faut éviter de confondre le monétaire dont il s’agit ici avec le précédent qui porte le même nom. Celui dont nous allons décrire les espèces est appelé fils de Caius, et ce Caius est probablement le monétaire de ce nom dont il a été parlé plus haut. Cicéron nous apprend que, dans sa jeunesse, Man. Fonteius remplit la charge de triumvir; il désigne probablement par-là les fonctions de triumvir monetalis qu’il dut exercer vers 666 (88 av. J.-C.) après la promulgation de la loi Papiria, comme le prouve la mention Ex argento publico qu’on lit sur plusieurs de ses médailles1. Plus tard, vers 669 (85 av. J.-C.) il fut questeur; Mommsen croit qu’il fit battre monnaie pendant sa questure, mais rien n’autorise cette conjecture. Légat de Sylla dans l’Espagne citérieure et plus tard en Macédoine, nous le voyons enfin, entre 678 et 680 (76-74 av. J.-C.), préteur de la Gaule Narbonnaise. Ses exactions soulevèrent la province, et quelques années plus tard, vers 685 (69 av. J.-C.), le chef des Allobroges, Induciomarus vint l’accuser à Rome devant le Sénat. C’est dans cette circonstance que Cicéron prit sa défense et prononça le discours pro Fonteio. On ignore si Man. Fonteius fut acquitté; dans tous les cas, il cessa, à partir de ce moment, de jouer un rôle politique.
Les monnaies de Man. Fonteius C. f., qui ont quelque rapport de fabrique avec celles de L. Julius Bursio, présentent des particularités fort intéressantes. Signalons d’abord, dans le champ du revers, les bonnets des Dioscures rappelant le culte de ces divinités à Tusculum, la patrie originaire des Fonteii. La tête qui figure au droit de toutes les pièces d’argent a les traits d’Apollon; d’autre part, le foudre qui est placé au-dessous est un attribut de Jupiter. Il s’agit donc d’une divinité qui réunit les attributs de Jupiter et d’Apollon : c’est Apollon Vejovis ou Vediovis, qui avait à Rome, entre l’Arx et le Capitole, un sanctuaire fameux. On voyait dans ce temple l’image de ce dieu avec une poignée de traits à la main, telle que nous la présentent les deniers de L. Caesius et de C. Licinius Macer. Ce dieu était représenté sous les traits d’un jeune homme; le témoignage d’Ovide confirme celui des médailles :
Juppiter est juvenis, juveniles aspice vultus,
Aspice deinde manum, fulmina nulla tenet,
Fulmina post ausos coelum adfectare Gigantas
Sumpta Jovi; primo tempore inermis erat.
Si l ‘on voit au contraire le foudre sur les monnaies, c’est apparemment qu’il est fait allusion au combat de Jupiter contre les Géants. Le revers des deniers de Man. Fonteius se rapporte encore au culte d’Apollon Vejovis, car il y avait, dans le temple de cette divinité, une chèvre portant un enfant ailé qui représente le génie du dieu. La signification de ce symbole, reproduit sur nos pièces, doit être rattachée évidemment à l’enfance de Jupiter, nourri par la chèvre Amalthée dans un antre du mont Ida ou du mont Dicté en Crète. Aux nones de Mars on célébrait la fête annuelle d’Apollon Vejovis, et on lui sacrifiait une chèvre, rilu humano, dit Aulu-Gelle, pour exprimer que ce sacrifice était purement symbolique’. Ajoutons enfin que sur des monnaies d ‘Antonin le Pieux et de Gallien où l’on voit une chèvre avec l’inscription Jovi crescenti, il faut reconnaître la même allusion que sur nos deniers, à l’enfance d’Apollon Vejovis, et aux particularités de son culte.
Lieux de découverte (16 exemplaires)