1346PO – Aureus Pompée le Grand
Avers : MAGNVS
Tête de l’Afrique, à droite, coiffée d’une peau d’éléphant; devant, le lituus ; derrière, le præfericulum.
Revers : PRO COS
Pompée dans un quadrige au pas, à droite, tenant une branche de laurier, et couronné par la Victoire; sur l’un des chevaux, on voit Cnaeus fils du triomphateur, tenant aussi une branche de laurier.
INDICE DE RARETE : 10+
1
10+
ATELIER : Rome
Datation : 71 avant J.C.
Matière : Argent
Gens : Pompeia
Références : RRC 402/1b – B.6 (Pompeia) – Syd.1028
Les talents militaires de Pompée le Grand se sont manifestés dès l’âge de 17 ans lorsque, à partir de 89 avant J.-C., il a combattu dans la guerre sociale aux côtés de son père, Pompée Strabon. Au début de la vingtaine, il sécurise la Sicile au nom de Rome avant d’être envoyé en Afrique par Sylla. Dans une bataille difficile en 81, le jeune Pompée a vaincu les forces mariales de Domitius Ahenobarbus et de son allié, le roi numide Hiarbas, pour lesquelles il a été salué imperator par ses troupes. À son retour à Rome, Pompée a été proclamé magnus (« le grand ») par Sulla, peut-être comme un compliment détourné parce qu’il n’avait que 25 ans et manquait d’expérience politique. Pompée n’a pas été découragé, cependant, et a exigé un triomphe. Sulla a refusé, seulement pour acquiescer lorsque le jeune commandant a refusé de dissoudre ses légions, qu’il avait conduites jusqu’aux murs de Rome. Son triomphe, cependant, n’a eu lieu qu’après ceux de Sulla et de Metellus Pius, et il est devenu en quelque sorte un fiasco lorsque son char tiré par un éléphant n’a pas pu franchir la porte de la ville. Il a ensuite extorqué à l’imperium proconsulaire du sénat et un commandement contre le rebelle espagnol Sertorius, qui combattait déjà le commandant romain Q. Caecilius Metellus Pius. Pour Pompée, ce fut une campagne brutale de cinq ans avec des résultats mitigés, mais à la fin il fut victorieux. De retour à Rome en 71, il vainquit les restes de l’armée de Spartacus, qui avait été fortement réduite par Crassus. Pompée s’est attribué le mérite d’avoir terminé la guerre, ce qui lui a valu la haine de Crassus. En arrivant à Rome, Pompée a extorqué un deuxième triomphe, suivi du consulat de 70 ans, qu’il a été autorisé à détenir alors qu’il n’avait que 35 ans et qu’il n’était même pas inscrit dans les rangs sénatoriaux. Deux ans plus tard, Pompée a reçu une large autorité pour lutter contre la piraterie en Méditerranée. Il y avait sans aucun doute des récits déchirants de raids de pirates (Jules César, par exemple, avait été pris en otage par des pirates dans sa jeunesse), mais le souci était peut-être exagéré de donner à Pompée une autorité supérieure à tous les autres Romains d’Orient. Pompée et ses légats auraient mis fin à la piraterie en Méditerranée occidentale en seulement quarante jours avant de naviguer vers l’Est. Une fois sur place, ils ont apparemment pu faire de même en quelques mois, ce qui a valu à Pompée d’être salué Primus inter pares (« premier parmi ses pairs ») à Rome. Pompée fut ensuite envoyé contre l’ennemi le plus redoutable de Rome, le roi pontique Mithradates VI, qu’il vainquit au combat en 63 av. Mithradates s’est enfui avec son armée à travers les montagnes du Caucase pour se regrouper, pour se retrouver mêlé à des conflits familiaux qui l’ont poussé à se suicider peu de temps après. Entre-temps, Pompée s’était déplacé vers le sud, convertissant le Pont en province romaine et faisant de même en Syrie après avoir renversé le dernier roi séleucide, Antiochus XIII. Il a solidifié la domination romaine en Phénicie, Coele-Syrie et en Judée, où lui et Hyrcanus II ont assiégé avec succès Jérusalem. À la suite de ces nombreuses réalisations, Pompée retourna à Rome, où en 61 avant J.-C., à l’occasion de son 45e anniversaire, il tint son troisième triomphe. Cette fois, c’était une grande affaire puisque aucun Romain ne pouvait prétendre avoir été plus victorieux. Même ainsi, il y avait suffisamment d’opposition sénatoriale pour que, la même année, Pompée juge utile de s’associer à Crassus et César en formant le Premier Triumvirat, qui introduisit un nouveau chapitre dans le déclin de la République. Les nombreuses réalisations de Pompée, marquées par trois triomphes, offrent plusieurs occasions de frapper cet aureus. Habituellement, il est attribué à son deuxième triomphe, en 71 avant JC, auquel cas le revers célébrerait la défaite de Sertorius en Espagne et l’avers ferait référence à la victoire antérieure de Pompée en Afrique. Sutherland et Carson considéraient tous deux qu’il s’agissait d’un problème de 61 avant JC, peut-être parce que la grande échelle de son troisième triomphe pourrait être une occasion plus probable pour l’émission d’aurei. Cependant, avec le nombre considérable de victoires importantes que Pompée avait remportées depuis sa campagne africaine, le type d’avers semblerait un choix improbable si l’aureus avait été émis pour son troisième triomphe.
Variante avec comme légende PRO.COS au revers
Référence : RRC 402/1a
Extrait de Description historique et chronologique des monnaies de la République romaine d’Ernest Babelon
La date précise de cette monnaie est incertaine; elle nous reporte, dans tous les cas, à l’époque d’un des triomphes solennels du grand Pompée. Eckhel pense qu’elle fut frappée en 693 (61 av. J.-C.), lors du triomphe particulièrement éclatant décerné à Pompée après ses victoires sur Mithridate et sur les pirates : c’est encore l’opinion de Fr. Lenormant. Cavedoni l’attribue à l’an 683 (71 av. J.-C), après les victoires de Pompée sur Sertorius et la pacification de l’Espagne. On a encore parlé de l’an 687 (67 av. J.-C.). Il nous semble que l’opinion préférable est celle de Mommsen qui rapporte cet aureus au triomphe dont fut honoré Pompée en 673 (81 av. J.-C) après sa guerre d’Afrique. La tête de l’Afrique sur cette pièce ne s’explique que dans cette hypothèse. Le fils de Pompée, sur un des chevaux du quadrige, ne peut être que Cnæus, son fils aîné, qui était même encore tout petit enfant en 673. Ce type rappelle le denier du questeur C. Fundanius, sur lequel on voit de même le fils de Marius associé au triomphe de son père (Fundania, 1).