1468PO – Denier Porcia – Marcus Porcius Cato Uticensis
Avers : M. CATO PRO. PR / RO(MA) (Marcus Cato Proprætor / Roma, Marcus Caton propréteur / Rome)
Buste d’une femme drapée à droite.
Revers : VIC(TR)IX (Victorieuse)
Victoria (la Victoire) assise à droite, les ailes déployées, tenant une patère de la main droite.
INDICE DE RARETE : 7
1
10+
ATELIER : Afrique
Caton d’Utique (95-46 AC.), le descendant de Caton l’Ancien (234-149 AC.), dans la tradition de son arrière-grand-père, était un républicain de cœur. Il rejoignit le camp de Pompée après que César eut franchi le Rubicon. Après Pharsale, il se réfugia en Afrique à Utique qu’il fortifia et choisit pour chef du parti pompéien Scipion, appartenant à une illustre famille, plutôt que Labienus, grand commandant militaire. Scipion, vaincu à Thapsus, Caton s’enferma dans Utique, préférant se suicider que de tomber vivant entre les mains de César. Il devint ainsi le modèle du martyr républicain et du Romain intègre, qui avait déclaré qu’il préférerait mourir avec la République que de vivre un jour sans elle. Son vœu fut exaucé. Droit et revers de cette monnaie trouvent leur modèle dans un denier de Marcus Porcius Cato frappé en 89 avant J.-C. en pleine guerre Sociale.
Variante 1 : Victoria tenant une couronne de laurier de la main droite au revers.
Références : RRC 462/1b – Syd.1053a
Variante 2 : Victoria tenant une patère de la main droite au revers et légende de l’avers M. CATO PRO. PR.
Références : RRC 462/1c – Syd.1052
Extrait de Description historique et chronologique des monnaies de la République romaine d’Ernest Babelon
M. Porcius Cato. Propréteur, de 706 à 708 (48-46 av. J.-C.)
Il s’agit ici de Caton d’Utique, arrière petit-fils de Caton l’Ancien et fils du monétaire du même nom dont nous avons plus haut étudié le monnayage. Il naquit en 659 (95 av. J.-C.), servit dans la guerre contre Spartacus en 682 (72 av. J.-C.), et cinq ans plus tard, fut envoyé en Macédoine comme tribun militaire. Nommé ensuite questeur, il fit rendre gorge aux agents de Sylla qui s’étaient enrichis au pouvoir, puis, sur l’invitation du roi Déjotare, il partit en Asie: Pompée le reçut à Ephèse avec de grands honneurs. Rentré à Rome, il prêta son concours à Cicéron pour démasquer la conspiration de Catilina, en 691 (63 av. J.-C.). César qui redoutait l’influence de Caton à Rome, le fit envoyer en Chypre avec la mission de substituer dans l’île la domination romaine à celle de l’Egypte. Ami de la liberté avant tout, Caton se montra l’adversaire des triumvirs César, Pompée et Crassus, et son ardeur à défendre L. Domitius Ahenobarbus, le rival de Pompée et de Crassus au consulat de l’an de 699 (55 av. J.-C.), faillit lui être funeste, car il fut blessé dans une échauffourrée et jeté en prison. Ses partisans le délivrèrent et lui firent accorder les honneurs de la préture. Dans la guerre civile entre César et Pompée, Caton suivit le parti de Pompée, comme celui de la justice et de l’équité, d’où ce vers fameux de Lucain :
Victrix causa diis placuit, sed victa Catoni.
Le Sénat envoya Caton avec le titre de propréteur pour défendre la Sicile, mais il fut obligé de quitter l’île et de rejoindre Pompée à Dyrrachium. Pompée vaincu, Caton se mit à la tête des légions cantonnées en Cyrénaïque et voulut rejoindre Scipion, beau-père de Pompée, qui en ce moment tenait toute l’Afrique, grâce à l’appui de Juba, roi de Mauritanie. La rencontre se fit à Utique, et peu après, fut livrée la bataille de Thapsus où Scipion et Caton furent définitivement vaincus. Ce dernier désespéré se perça de son épée, en 708 (46 av. J.-C.).
Les monnaies de Caton d’Utique présentent les mêmes types que celles de son père, et nous n’avons pas à revenir sur leur explication. Mommsen pense qu’elles ont été frappées en Sicile, tandis que Caton était gouverneur ou propréteur de cette île. Elles n’ont pu, dit ce savant, être émises par lui pendant qu’il était en Afrique, quoi qu’en dise M. l’abbé Cavedoni, parce que Caton ne commandait pas en chef dans cette province, et que les pièces frappées dans ces conditions auraient sans doute mentionné également le nom de Scipion qui, en sa qualité de général de l’armée, avait positivement seul le droit de battre monnaie. » Cavedoni, d’autre part, fait remarquer que Caton ne fit que toucher à Syracuse en 705 (49 av. J.-C.), et qu’il abandonna la Sicile aussitôt qu’il se vit menacé par les forces supérieures des partisans de César. « Il n’eut certainement pas alors le temps de battre monnaie, tandis qu’à Utique, qu ‘il avait fortifiée et approvisionnée, il fut pour ainsi dire obligé d’avoir un atelier monétaire, puisqu’il envoyait des sommes considérables avec des vivres et des armes au camp de Scipion. Et comment aurait-il pu, pendant son court séjour en Sicile, faire fabriquer le grand nombre de coins connus des deniers, aussi bien que des quinaires qui portent son nom? L’absence du nom du général en chef ne serait pas, d’après Cavedoni, un fait isolé, puisque sur les monnaies de C. Coponius, préteur en 705 (49 av. J.-C.), il n’est pas fait mention de Pompée, ni des consuls de cette année . Il y a peut-être possibilité de concilier ces deux opinions, en admettant que l’atelier monétaire de Caton le suivait dans ses pérégrinations, qu’il fût propréteur en Sicile ou en Afrique. Il dut, dans l’une et l’autre circonstance, faire frapper monnaie, ce qui était d’urgence pour subvenir aux frais de la guerre. Toutes les espèces frappées du temps de la république, par des chefs militaires, ont de même été émises, dans les villes sucessives où les armées ont été forcées de cantonner.
Lieux de découverte (45 exemplaires)