Avers : M. ARRIVS (Marcus Arrius)
Tête nue et barbue du préteur Quintus Arrius, à droite.
Revers : SECVNDVS
Deux légionnaires marchant à droite ; l’un tient de la main gauche une haste, et saisit de la main droite une des deux enseignes militaires que porte son compagnon.
Atelier
Rome
Datation : 41 avant J.C.
Matière : Argent
Gens : Arria
Références : RRC 513/3 – B.3 (Arria) – Syd.1085
Descriptif : Le premier membre éminent de la famille des Arria était Quintus Arrius qui était préteur en 72 av.J.-C. et propréteur l’année suivante et fut impliqué dans la troisième guerre servile, le premier soulèvement d’esclaves à constituer une menace pour la ville de Rome. Il est également possible qu’il soit le père ou au moins un parent du magistrat monétaire Marcus Arrius Secundus car il est probable que la scène militaire au revers de cette pièce commémore la victoire de Quintus sur le chef esclave Crixus, une victoire qui, selon Tite-Live (voir The Periochae 96.1), a laissé 20000 des hommes de Crixus morts.
La victoire décisive de Quintus sur Crixus fut l’un des rares succès des armées romaines pendant la troisième guerre servile et méritait donc d’être commémorée par son descendant. Il a été soutenu par Sear dans The History and Coinage of the Roman Imperators que le revers de cette pièce montre ce qui aurait pu être un épisode réel de la bataille, dans lequel Quintus recourt à une tentative désespérée de rallier ses hommes en lançant un étendard au milieu des rangs ennemis afin d’inciter ses troupes à le récupérer. Un acte similaire est également relaté par Tite-Live comme ayant eu lieu lorsque Marcus Furius Camillus a combattu les Antiates qui avaient envahi le territoire romain dans les années 380 avant JC : «Puis, après avoir sonné la charge, il sauta de son cheval et, saisissant le porte-étendard le plus proche, il se précipita avec lui contre l’ennemi, s’écriant en même temps:« Allons, soldat, avec l’étendard! Lorsqu’ils virent Camillus, affaibli par l’âge, charger en personne contre l’ennemi, ils poussèrent tous le cri de guerre et se précipitèrent en avant en criant dans toutes les directions: «Suivez le général! Il est dit que par les ordres de Camille, l’étendard a été jeté dans les lignes ennemies afin d’inciter les hommes du premier rang à le récupérer. aussi loin que les réserves. » (Tite-Live, Histoire 6.8)
Associé au denier et à l’aureus qui l’accompagnent, frappés sous Marcus Arrius, qui présentent des cadeaux militaires reflétant les honneurs décernés pour la bravoure et la distinction au combat, il semble probable que le monétaire ait choisi d’honorer la victoire de son membre de la famille avec ces pièces, bien que l’anonymat du portrait et l’absence totale de référence à un tel épisode dans la littérature classique de la guerre servile signifie que nous ne pouvons en être certains.
Une caractéristique mise en évidence par Sear et Sydenham de cette pièce extrêmement rare est la similitude du portrait avec les représentations d’Octave. De plus, deux autres monnayeurs de cette année, Numonius Vaala et Servius Rufus, rappellent également sans équivoque des personnalités politiques dans les portraits de leurs pièces, le denier de Vaala (voir CRI 322) ressemblant à Jules César et Rufus (voir CRI 324) choisissant M. Junius Brutus. Soulignant que ces similitudes ne peuvent guère être une coïncidence, Sear et Sydenham expliquent ces similitudes en disant que l’argent joue la sécurité pendant une période de troubles politiques en affichant des affiliations politiques mais en conservant une ambiguïté délibérée.
Extrait de Description historique et chronologique des monnaies de la République romaine d’Ernest Babelon
Borghesi a consacré à l’histoire de la gens Arria une étude fort développée, et nous n’avons ici qu’à résumer les recherches de ce savant en ce qui concerne la numismatique. Le nom de Arria ou Aria dérive comme les noms Arruncia, Arrenia, Arrucia, et le cognomen Arruntanus, du prénom étrusque Arunte, qui lui-même vient du grec, nom du dieu Mars. L’existence, à l’époque de la république, de personnages du nom d’Arrius, en Campanie, à Rome, à Aquillée et dans la Gaule Cisalpine, est prouvée par de nombreuses inscriptions. Un des membres de la gens Arria, Q. Arrius, préteur en 681 (73 av. J.-C.), battit Crixus, un des lieutenants de Spartacus pendant la guerre Sociale ; il fit personnellement des prodiges de valeur, détruisit plus de trente mille ennemis, et obtint en récompense de ses exploits qui avaient sauvé la République, une couronne d’or, une haste et une phalère. Candidat malheureux au consulat pour l’année 695 (59 av. J.-C.) il est considéré comme la souche de la gens Arria à Rome.
Son fils, M. Arrius Secundus, est le seul des membres de la gens Arria qui ait occupé la charge de magistrat monétaire. Mommsen place la date de ses médailles qui sont assez rares, après la mort de César en 711 2 (43 av. J.-C.), et Fr. Lenormant recule cette date d une année, en 712. M. Arrius Secundus paraît avoir été quatuorvir monétaire avec C. Clodius C. f. Pulcher, C. Numonius Vaala et L. Servius Rufus. La pièce d’or qu’il fit frapper rentre dans la série des monnaies d’or peu nombreuses que le Sénat fit émettre après le meurtre du dictateur, en concurrence avec celles des généraux, pour marquer qu’il ressaisissait le pouvoir souverain. Sur ces aureus, on voit représentée, au droit, la Fortune du peuple romain, Forluna populi romani, que le Sénat croyait avoir rendue plus heureuse. On pourrait aussi supposer que cette tête de la Fortune rappelle le cognomen du monétaire, Secundus, et qu elle est un souvenir des exploits du préteur Q. Arrius qui, pendant la guerre Sociale, avait sauvé la fortune du peuple romain, mise en péril par Spartacus. Au revers de cette médaille et de la suivante, on voit la couronne de laurier, la haste et la phalère qui représentent les récompenses données au préteur Q. Arrius pour ses exploits. C’est la tête même de ce personnage, père du monétaire, et non, comme on l’a dit, celle d’Auguste barbu, qui figure sur les deniers 2 et 3. Enfin le revers du denier 3 rappelle encore les exploits de Q. Arrius : on le voit s’apprêtant à jeter une enseigne militaire au milieu des rangs ennemis, pour exciter ses soldats à la reconquérir. Le monétaire M. Arrius Secundus parait avoir succombé dans une expédition contre les Germains, sous Auguste.