Avers : Anépigraphe
Tête nue de Victoria à droite.
Revers : C.NVMONIVS VAALA
Un soldat vêtu militairement, brandissant un bouclier rond avec umbo de la main gauche, et tenant une lance de la main droite montant à l’assaut d’un vallum défendu par deux soldats.
Atelier
Rome
Datation : 41 avant J.C.
Matière : Or
Gens : Numonia
Références : RRC 514/1 – B.1 (Numonia) – Syd.1086
Descriptif : Le collège des monnayeurs avait une longue tradition de sélection de types qui illustraient les faits saillants de leur histoire familiale, et ce rare aureus du monnayeur C. Numonius Vaala ne fait pas exception. Le revers représente la couronne vallaire, ou «couronne de mur», qui a été décernée au premier soldat à franchir les murs d’un campement ou d’une ville ennemie, et montre l’ancêtre de ce monétaire (dont l’identification précise, malheureusement, nous a été perdue) dans l’acte héroïque. En plus de la couronne, il semble que l’ancêtre ait également pris le cognomen Vaala, qui est devenu héréditaire pour cette branche des Numonii. Si le revers met en lumière l’illustre histoire de la famille, l’avers est peut-être le plus intrigant d’un point de vue historique. Il porte le portrait de la Victoire, mais étonnamment, elle a une ressemblance marquée avec Fulvie, l’épouse de Marc Antoine. Les autres magistrats monétaires de cette année ont choisi des types tout aussi ambigus: les deniers de M. Arrius Secundus (Crawford 513/2 et 513/3) et les deniers de L. Servius Rufus (Crawford 515/2) représentent le portrait d’un ancêtre qui, respectivement, ressemble Octave ou Brutus. Pourquoi y aurait-il une telle ambiguïté à la Monnaie de 41 av. La réponse réside dans l’incertitude des temps. Le frère cadet de Marc Antoine, Lucius Antoine, avec le soutien de Fulvie, a été impliqué dans la courte guerre de Pérouse contre Octave entre 41 et 40 av. Ils avaient levé huit légions en Italie et à un moment donné avaient même tenu Rome elle-même, mais l’hiver, ils avaient été forcés de se retirer à Pérouse par les forces d’Octave. Forcée par la famine, la ville capitula bientôt et Octave pardonna à la fois à Lucius Antoine et à Fulvie. Au moment où ces pièces ont été frappées, cependant, la guerre n’était pas encore terminée, et il semble donc que les monnayeurs couvraient simplement leurs arrières en sélectionnant ces types délibérément ambigus qui, dans chaque cas, pourraient être considérés comme ayant favorisé le camp gagnant. Octave a vu à travers la ruse et s’est apparemment offensé du manque de loyauté manifesté par les monétaires de Rome, car l’année suivante, il a mis fin à la longue tradition du collège des monétaires mettant en vedette leurs histoires familiales sur la monnaie produite à la Monnaie du Capitole.
Extrait de Description historique et chronologique des monnaies de la République romaine d’Ernest Babelon
On connaît quelques membres de la famille Numonia, mais seulement à la fin de la république ou au commencement de l’empire. Les médailles portent le nom de C. Numonius Vaala qui frappa monnaie en l’an 711 (43 av. J.-C.) après la mort de Jules César. Le revers de ses médailles qui représente un guerrier romain franchissant un retranchement ou vallum, derrière lequel s’abritent des ennemis, fait allusion à un acte de courage d’un des ancêtres du monétaire; mais rien dans les récits des historiens n’est venu éclaircir ce fait. Ajoutons cependant que le héros Numonius, dont le portrait figure sur les deniers de son petit-fils (n. 2 et 3), reçut en souvenir de ce trait de courage le cognomen de Vala (vallum), orthographié Vaala par un reste d’archaïsme, comme on trouve Feelix au lieu de Felix sur les monnaies de Sylla. Horace adresse une de ses épîtres à un Numonius Vaala dont il ne cite pas le prénom, mais qui pourrait bien être notre monétaire; cette épître fut écrite vers l’an 732 (22 av. J.-C.). Le magistrat monétaire en question fit partie d’un collège organisé par le Sénat et qui comprend, avec lui, M. Arrius Secundus, C. Clodius Pulcher et L. Servius Sulpicius Rufus. La tête qui figure sur l’aureus est la tête de Fulvie, la première femme de Marc Antoine, à laquelle on a donné les attributs de la Victoire, comme sur les deniers de L. Mussidius Longus et d’autres pièces frappées à la même époque. Nous avons déjà eu à mentionner plusieurs faits de ce genre, fort intéressants pour l’iconographie des femmes célèbres de la fin de la république : ils marquent l’acheminement latent et graduel au droit régalien d’effigie.
Lieu de découverte (1 exemplaire)
Galerie (aureus classés par ordre décroissant de masse)
- Source : British Museum
- Poids : 8.10g