2558AU – Dupondius Octave et Agrippa – Nîmes (Nemausus)
Avers : IMP// DIVI F/ P-P.
Têtes adossées d’Agrippa coiffe de la couronne rostrale à gauche et d’Octave laurée à droite.
Revers : COL – NEM.
Crocodile enchaîné à un palmier qui est surmonté d’une couronne ; sous le crocodile, deux palmettes.
INDICE DE RARETE : 5
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10+
ATELIER : Nïmes (Nemausus)
Datation : 29 avant J.C. à 14 après J.C.
Matière : Alliage cuivreux
Gens : Julia
Références : RIC 154 à 161
La gravure de l’avers du dupondius au crocodile nous montre deux bustes nus adossés. Au XVIIIème siècle L. Ménard est l’un des premiers à les identifier correctement (Histoire civile, ecclésiastique et littéraire de la ville de Nîmes).
Le premier regardant à gauche représente Agrippa. Celui-ci porte une couronne navale (rostrale) qui lui fut accordée après la bataille de Nauloque le 3 septembre 36 av. J.-C., où il détruisit la flotte de Sextus Pompée. Cette couronne qui était faite d’or, comprenait un support maintenant, sous une forme stylisée, les proues et les rostres des navires. Faite de métal précieux, elle était donc rigide; cependant elle est le plus souvent reproduite avec des flots de rubans derrière la nuque. Ce détail ne semble pas prouver que les proues et les rostres étaient fixés sur une bande de tissu, il doit plutôt être vu comme un ajout décoratif. Sur les quatre classes du dupondius, Agrippa est représenté avec la même couronne.
Le deuxième buste regardant à droite représente Octave. Dans les deux premières phases du monnayage, celui-ci est nu-tête. Dans la troisième phase, Auguste est couronné de chêne (couronne civique) et, dans la dernière, il porte une couronne de lauriers. A noter que sur la dernière émission figurent les lettres ‘P(ater) P(atriae)’ : titre accordé à Auguste en 2 av. J.-C. La légende comprend sur toute la durée du monnayage au crocodile les lettres IMP DIVI.F, titre accordé à Octave en 27 av. J.-C.
En Gaule les bustes adossés ne sont pas nouveaux et apparaissent bien avant le dupondius au crocodile sur des monnaies de Vienne, Lyon et Orange. Au dernier siècle de la République et au moment de la naissance du nouveau régime impérial, la typologie monétaire met à l’écart les symboles traditionnels de l’Etat romain. Les images sacrées qui constituaient l’Empire Romain, disparaissent donc au profit de type gentilices, puis personnels. Les monétaires romains, pour faire circuler les idées qu’ils souhaitaient, se servaient de valeurs universelles bien ancrées dans la culture des peuples. Auguste allait même jusqu’à se représenter de manière quasi divinisée sur certaines monnaies.
Le dupondius au crocodile n’échappe pas à la règle, et si les bustes adossés d’Auguste et d’Agrippa représentent les deux vainqueurs de la bataille d’Actium, contre Marc Antoine et Cléopâtre en 31 av J.-C., ils représentent aussi, et principalement, un rajeunissement du thème de l’as républicain : Janus Bifrons.
L’image du revers est composée d’un crocodile à droite, colleté, attaché par une chaîne à une palme inclinée. La palme est surmontée à sa gauche par une couronne avec ses lemnisques. Deux palmettes sont placées sous le crocodile. Quelques différences de gravure sont discernables entre les différentes phases du monnayage : pour les deux premières séries, la grande palme est inclinée à droite, et les rubans de la couronne flottent de part et d’autre. On remarque des excroissances sur la gueule des crocodiles de la classe I et II, souvent commentées comme une rangée de dents placée à l’extérieur de la mâchoire supérieure. Sur les exemplaires de la classe II la gueule du crocodile est parfois terminée par un genre de corne. La troisième série montre une palme toujours inclinée à droite, mais les rubans de la couronne flottent seulement à droite. Sur la dernière phase, la grande palme est inclinée à gauche. Enfin, pour l’ensemble du monnayage, on retrouve la légende COL NEM (colonie nîmoise).
Depuis la publication de Léon Ménard (cf bibliographie) le dessin général est reconnu comme étant celui de la commémoration de la bataille d’Actium en 31 av. J.-C. et de la conquête de l’Egypte en 30 av. J.-C.
Le crocodile et la chaîne sont le symbole de l’Egypte vaincu. Les palmettes se trouvant sous le crocodile doivent quant à elles être vues avec la grande palme et la couronne comme le symbole de la victoire d’Actium. Enfin il est fréquent, voir systématique pour la dernière phase du monnayage, que les rubans de la couronne soient remplacés par des serpents. Si leur représentation reste souvent discrète, elle est parfois très nette avec l’ajout d’un œil, en forme de cercle, de globule ou de point. Les serpents se retrouvent aussi bien sur des bronzes romains que gaulois. Si, ils font généralement références à la déesse Salus, ils est probable qu’ils soient ici une évocation du suicide de Cléopâtre. (Sources: https://as-de-nimes.pagesperso-orange.fr)