
Ancus Marcius
Ancus Marcius, quatrième roi légendaire de Rome (règne traditionnel : 642–617 av. J.-C.), occupe une place unique dans la tradition romaine, incarnant un pont entre la piété religieuse de son grand-père, Numa Pompilius, et l’ambition militaire de son prédécesseur, Tullus Hostilius. Fils de Numa Marcius, un proche de Numa Pompilius, il hérita d’une réputation de droiture et de modération, ce qui influença son image dans les récits historiques, notamment ceux de Tite-Live et Denys d’Halicarnasse.
Conquêtes et expansion
Marcius mena plusieurs campagnes militaires contre les tribus latines et sabines voisines, qui menaçaient la stabilité de Rome. Selon la tradition, il adopta une approche stratégique : avant de déclarer la guerre, il respectait les rituels religieux, comme l’envoi des fetiales (prêtres chargés de négocier ou de déclarer officiellement les hostilités). Ces victoires permirent d’agrandir le territoire romain. L’une de ses réalisations majeures fut la conquête de la côte tyrrhénienne, où il fonda Ostie, à l’embouchure du Tibre. Ce port devint crucial pour le commerce et la défense maritime de Rome, renforçant son influence économique.
Il déplaça également les populations vaincues vers Rome, notamment sur la colline de l’Aventin, intégrant ces nouveaux citoyens tout en consolidant la démographie de la ville. Cette politique d’assimilation contribua à la croissance de Rome, mais posa aussi des défis d’intégration sociale.
Infrastructures et legs civique
Ancus Marcius est célèbre pour ses contributions à l’urbanisation de Rome. Il fit construire le Pons Sublicius, un pont en bois sur le Tibre, qui facilita les échanges commerciaux et militaires entre les deux rives. Ce pont, maintenu selon des rituels religieux stricts, symbolisait le mélange de pragmatisme et de spiritualité de son règne.
Il est aussi crédité de la construction de la prison Mamertine (Carcer Tullianum), un cachot destiné aux prisonniers de haut rang, comme les chefs ennemis. Cet édifice reflétait une volonté d’établir un système de justice, même rudimentaire. En outre, il fortifia le Janicule, une colline stratégique à l’ouest du Tibre, pour protéger Rome des invasions.
Héritage religieux
Fidèle à l’héritage de Numa, Marcius mit un point d’honneur à respecter et codifier les pratiques religieuses. Il renforça le rôle des fetiales et veilla à ce que les déclarations de guerre et les traités soient sanctifiés par des rituels, ce qui donnait une légitimité divine aux actions de Rome. Il aurait également restauré ou entretenu les institutions religieuses établies par son grand-père, consolidant le lien entre la religion et l’État.
Une figure semi-légendaire
Comme pour les autres rois de Rome, les récits sur Ancus Marcius mêlent histoire et mythologie. Les sources, écrites des siècles plus tard, ont tendance à idéaliser son règne pour en faire un modèle d’équilibre entre guerre et paix, force et piété. Certains historiens modernes suggèrent que des détails, comme la fondation d’Ostie, pourraient être anachroniques, car les preuves archéologiques d’une ville portuaire aussi précoce sont minces. Cependant, son rôle dans l’expansion de Rome et le développement de ses infrastructures reste plausible.
Fin de règne
Marcius mourut après environ 25 ans de règne, laissant le trône à Lucius Tarquinius Priscus, un étranger qui marqua un tournant dans l’histoire romaine. Sa mort est décrite comme naturelle, sans les drames qui entourent d’autres rois.