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La Basilique Emilienne : Splendeur et Tumulte sur le Forum Romain

La Basilique Emilienne : Splendeur et Tumulte sur le Forum Romain La Basilique Aemilia, souvent nommée la Basilique Emilienne, se dresse comme un témoin silencieux mais puissant de la grandeur et des vicissitudes de la Rome antique. Bien qu’aujourd’hui largement en ruines, sa présence historique sur le Forum Romain raconte une histoire de commerce, de justice et d’évolution architecturale. Un Lieu de Commerce et de Justice Contrairement aux basiliques chrétiennes que nous connaissons, la basilique romaine n’était pas un lieu de culte, mais un édifice public polyvalent. La Basilique Emilienne servait principalement de : Tribune Judiciaire : Où les magistrats rendaient la justice et les affaires étaient traitées. Centre d’Affaires : Un lieu couvert idéal pour les banquiers (argentarii), les notaires et les commerçants souhaitant échapper au soleil ou à la pluie. Sa position privilégiée, longeant le côté nord du Forum, en faisait l’un des lieux de rencontre les plus animés de la ville. Denier Lépide – Marcus Æmilius Lepidus L’Héritage de la Gens Aemilia L’histoire du monument est intrinsèquement liée à la puissante famille patricienne des Aemilii. Construction Initiale : La première structure, la Basilica Fulvia (vers 179 av. J.-C.), fut probablement commencée par le censeur M. Fulvius Nobilior. Reconstruction et Nom : Elle fut magnifiquement reconstruite et embellie par des membres de la Gens Aemilia, d’où son nom de Basilique Aemilia. Les travaux les plus notables furent ceux de Marcus Aemilius Lepidus (vers 54 av. J.-C.), qui fit remplacer la façade en pierre par une plus impressionnante en marbre. C’est cette version, d’une richesse exceptionnelle, qui a marqué l’apogée de sa splendeur. Architecture : Un Luxe Sans Égal La Basilique Aemilia était célèbre pour sa beauté et son opulence, surpassant même sa voisine, la Basilique Julia. Elle mesurait environ 100 mètres de long sur 30 mètres de large. Elle possédait une nef centrale flanquée de bas-côtés et était ornée de colonnes en marbre cipolin, de statues de bronze et de reliefs sculptés. Sa façade, le Portique de Gaius et Lucius (nommé en l’honneur des petits-fils d’Auguste), était une œuvre d’art en soi, bordée d’échoppes de changeurs d’argent (tabernae argentariae). La Fin d’une Ère La basilique a survécu à plusieurs incendies et reconstructions (notamment après l’incendie de 14 av. J.-C.), témoignant de son importance. Cependant, son destin fut scellé lors du Sac de Rome par les Wisigoths d’Alaric en 410 après J.-C. C’est cet événement tragique qui a laissé la trace la plus visible aujourd’hui : Sur les dalles de marbre du sol (aujourd’hui exposées), on peut encore distinguer des taches verdâtres et fondues. Il s’agit des traces laissées par les pièces de bronze et d’argent des banquiers qui fondirent lorsque le toit de bois s’effondra en flammes sur les boutiques. Un témoignage poignant de la violence de la destruction. Aujourd’hui, il ne reste que les fondations, la base de ses colonnes et ces fameuses dalles carbonisées, mais la Basilique Emilienne demeure un site archéologique de premier plan, nous rappelant la vie vibrante qui animait jadis le cœur de la Rome impériale.

La statue équestre de Marcus Æmilius Lepidus : Un vestige énigmatique du Forum Romain

La statue équestre de Marcus Æmilius Lepidus : Un vestige énigmatique du Forum Romain Au cœur du Forum Romain, berceau de la civilisation romaine, se dressaient autrefois d’innombrables monuments célébrant les triomphes et la puissance de ses hommes illustres. Parmi eux, la statue équestre de Marcus Æmilius Lepidus, un personnage clé de la fin de la République, représente un vestige particulièrement énigmatique et historiquement significatif. Qui était Marcus Æmilius Lepidus ? Avant de se pencher sur sa représentation sculptée, il est essentiel de rappeler le rôle de Lépide. Souvent éclipsé par la figure de Jules César, puis par ses deux autres collègues, Marc Antoine et Octavien, Marcus Æmilius Lepidus fut pourtant l’un des trois membres du Second Triumvirat (officiellement Triumviri Rei Publicae Constituendae) formé en 43 av. J.-C. Il était un pontifex maximus, un ancien consul et un partisan loyal de César. Après l’assassinat de ce dernier, il joua un rôle crucial dans la transition du pouvoir, utilisant sa richesse, son influence et son contrôle militaire sur l’Afrique et l’Hispanie pour stabiliser l’État. Denier Lépide – Marcus Æmilius Lepidus L’emplacement et la Célébration de la Statue La statue équestre de Lépide fut érigée à un emplacement de premier choix, témoignant de son prestige. Elle se trouvait probablement près de la Basilique Æmilia, qu’il avait restaurée et embellie, soulignant ainsi sa connexion avec les grands travaux publics de sa gens (sa famille). Les statues équestres étaient le nec plus ultra de la reconnaissance publique romaine. Elles étaient habituellement réservées aux généraux victorieux, symbolisant le pouvoir militaire (imperium) et la vertu civique (virtus). Le fait qu’une telle statue lui ait été décernée — probablement à l’apogée de sa puissance en tant que Triumvir — montre que les Romains lui reconnaissaient une importance capitale dans le rétablissement de l’ordre après les guerres civiles. Un Mystère Archéologique Aujourd’hui, il ne reste malheureusement que très peu de traces matérielles directes de cette œuvre. L’article se base principalement sur des sources littéraires et des inscriptions : Témoignages littéraires : Des auteurs antiques mentionnent l’existence de cette statue. Les bases et fragments : Si la statue elle-même a disparu, détruite ou réutilisée au fil des siècles, des archéologues ont pu identifier des fragments de sa base ou des indices épigraphiques dans la zone du Forum qui correspondent à cet honneur. L’étude de cette statue, même par procuration, permet d’interroger la propagande politique de l’époque. La statue n’était pas seulement un monument, c’était une déclaration : elle légitimait le pouvoir du Triumvirat en ancrant Lépide dans la tradition des grands hommes de Rome. La Chute et la Postérité Le destin de la statue est aussi révélateur que son érection. Après la marginalisation politique de Lépide par Octavien en 36 av. J.-C., il fut dépouillé de son pouvoir militaire et de ses provinces, tout en conservant le titre de pontifex maximus jusqu’à sa mort. Il est très probable que sa statue, symbole de son imperium perdu, ait été défigurée, renversée, ou retirée du Forum par ordre d’Octavien (le futur Auguste). Cette pratique de damnatio memoriae partielle ou totale était courante pour effacer les rappels visuels des rivaux déchus. En conclusion, si la statue équestre de Marcus Æmilius Lepidus n’est plus visible au Forum, son souvenir, préservé par l’histoire et l’archéologie, nous rappelle la fragilité de la gloire et les jeux de pouvoir complexes qui ont marqué la fin de la République romaine. Elle reste un témoignage puissant de la manière dont Rome utilisait l’art monumental pour sceller, et parfois défaire, le destin de ses dirigeants.

Le Puit Scribonien : Un Monument Sacré au Cœur du Forum Romain

Le Puits Scribonien : Un Monument Sacré au Cœur du Forum Romain Le Forum Romain, cœur vibrant de la vie politique, religieuse et commerciale de la Rome antique, abritait une multitude de monuments dont certains, par leur fonction ou leur symbolisme, revêtaient une importance particulière. Parmi ceux-ci se trouvait le Puit Scribonien (Puteal Scribonianum), un édifice discret mais hautement symbolique. Qu’est-ce qu’un Puit (Puteal) ? Le terme latin Puteal désigne généralement le margelle, la structure circulaire érigée autour de l’ouverture d’un puit, d’une citerne, ou, dans le cas présent, d’un lieu frappé par la foudre. Ces margelles étaient souvent ouvragées, en pierre ou en marbre. Denier Scribonia – Lucius Scribonius Libo L’Histoire et la Fonction du Puit Scribonien Situé au milieu du Forum Romain, près de la Rostra et du Temple de Castor et Pollux, le Puit Scribonien n’était pas un simple puit d’eau. Il marquait l’emplacement exact où la foudre avait frappé le sol, un événement considéré par les Romains comme une manifestation directe de la volonté divine (locus fulguratus). Afin d’apaiser les dieux et de sacraliser le lieu, les Romains avaient pour coutume d’enterrer l’endroit frappé, et d’y élever une clôture de protection—le puteal. L’Emplacement Judiciaire : Le Puit Scribonien, en raison de sa position centrale et de la sacralité de la foudre, est devenu, par association, un lieu privilégié pour les affaires publiques, notamment celles liées au droit. Il fut le lieu de rassemblement des banquiers et des usuriers, ainsi que l’endroit où les magistrats, notamment les préteurs, rendaient la justice en public. On l’appelait parfois Puteal Libonis en référence à un membre de la gens Scribonia, Lucius Scribonius Libo, qui est crédité de sa restauration ou de son embellissement au Ier siècle av. J.-C. Le Symbole Monétaire : L’importance du lieu est attestée par sa présence sur certaines monnaies romaines. Un denier frappé par L. Scribonius Libo vers 62 av. J.-C. représente le puteal, soulignant l’orgueil de la famille à être associée à ce monument civique majeur. Un Monument de Mémoire et de Foi Bien que l’aspect exact du Puit Scribonien n’ait pas survécu intact jusqu’à nos jours, sa mémoire perdure grâce aux textes anciens et aux représentations numismatiques. Il témoigne de la manière dont les Romains intégraient le divin dans leur vie quotidienne et institutionnelle, transformant un accident naturel (un coup de foudre) en un point focal du pouvoir judiciaire et de la finance. Le Puit Scribonien reste ainsi un exemple fascinant de la complexité du Forum Romain, où chaque pierre, chaque structure, racontait une histoire de politique, de religion et de société.

Le Sanctuaire de la Fortuna Primigenia à Préneste : Un Chef-d’Œuvre Romain d’Architecture Théâtrale

Le Sanctuaire de la Fortuna Primigenia à Préneste : Un Chef-d’Œuvre Romain d’Architecture Théâtrale Le Temple de Préneste (aujourd’hui Palestrina, Italie) n’est pas un temple ordinaire ; c’est un sanctuaire colossal et spectaculaire dédié à la déesse Fortune (Fortuna Primigenia). Il est l’un des exemples les plus impressionnants de l’architecture romaine de la période républicaine tardive (IIe siècle av. J.-C.), et il a servi de modèle pour de nombreux édifices publics et complexes impériaux par la suite. Un Emplacement Spectaculaire Niché sur les pentes du mont Ginestro, le sanctuaire tire parti de la topographie naturelle pour créer une série de terrasses monumentales. Cette utilisation dramatique du terrain est une caractéristique majeure, transformant la montagne elle-même en un piédestal pour le culte de la déesse. L’ensemble est érigé sur plusieurs niveaux, reliés par des escaliers et des rampes, et soutenu par des murs en opus incertum et opus quasi reticulatum. La progression à travers le complexe était une expérience théâtrale et spirituelle planifiée. Denier Plaetoria – Marcus Plaetorius Cestianus La Déesse et l’Oracle Le complexe était dédié à Fortuna Primigenia (la « Première Enfantée » ou « Mère Originelle » de Juppiter et Juno), une déesse associée à la naissance, à la chance, et au destin. Préneste était célèbre pour son oracle, où les sortes Praenestinae (des tablettes en bois gravées de prophéties) étaient tirées par un enfant pour délivrer des messages divins. Selon la légende, cet oracle fut établi après qu’un certain Numerius Suffustius, prévenu par des songes, eut découvert les tablettes sacrées. Le cœur du sanctuaire était la grotte oraculaire, située près de la base du complexe. Le Couronnement Architectural : La Cavea Au sommet de la structure se trouve l’élément le plus reconnaissable : une large esplanade semi-circulaire (exèdre) dominée par un temple rond. Cette disposition rappelle un théâtre ou un cercle où la déesse trônait, offrant une vue imprenable sur la plaine environnante. Les Terrasses : Elles abritaient des portiques, des bassins, et des colonnades, créant des espaces d’attente et de procession. La Rampe Couverte : Une impressionnante série de rampes voûtées permettait aux pèlerins d’accéder aux niveaux supérieurs. Le Temple : Le petit temple circulaire final offrait un point focal pour le culte. Cette architecture, qui fusionne l’ingénierie romaine (arches, voûtes) avec le désir grec d’un espace monumental, a eu une influence profonde. On en retrouve des échos dans le Temple d’Hercule Victor à Tivoli, mais surtout dans le plan des grands forums et palais impériaux, comme le complexe d’Hadrien à la Villa Hadriana. Un Trésor Retrouvé : La Mosaïque du Nil Le complexe abritait également le célèbre Mosaique du Nil (ou Mosaïque nilotique de Palestrina), datant du début du Ier siècle av. J.-C. Cette mosaïque, probablement exposée dans l’une des exèdres, est une représentation détaillée et fascinante de la vie égyptienne, de la crue du Nil aux scènes de chasse et aux créatures exotiques. C’est une œuvre d’art précieuse qui témoigne des liens culturels et des influences hellénistiques sur l’Italie romaine. Préneste Aujourd’hui Aujourd’hui, une grande partie de la ville de Palestrina s’est construite directement sur les fondations du sanctuaire, incorporant ses structures massives. Le Musée Archéologique National de Palestrina est d’ailleurs logé dans l’ancien palais Barberini, qui occupe le niveau le plus haut de l’ancien temple, là où se trouvait autrefois l’esplanade semi-circulaire.

Le Temple de Jupiter Libertas : Aux Sources Sacrées de la Liberté Romaine

Le Temple de Jupiter Libertas : Aux Sources Sacrées de la Liberté Romaine Le concept de liberté, valeur fondamentale de la République romaine, n’était pas seulement une idée politique ou sociale ; il était incarné par une divinité, Libertas, souvent associée au maître des dieux, Jupiter. Parmi les sanctuaires dédiés à ces idéaux, le Temple de Jupiter Libertas tenait une place particulière. La Colline de l’Aventin : Foyer des Plébéiens et de la Liberté Bien que la déesse Libertas ait été célébrée dans plusieurs lieux, le Temple de Jupiter Libertas est principalement attesté sur la colline de l’Aventin à Rome. Cette colline revêtait une importance symbolique majeure : Le Foyer Plébéien : Historiquement, l’Aventin était le lieu de résidence privilégié de la plèbe, la classe populaire qui luttait pour ses droits et sa reconnaissance face au patriciat. Les Sanctuaires Populaires : Il accueillait des cultes importants pour les classes modestes, notamment le temple dédié à la triade plébéienne (Cérès, Liber et Libera). L’association du culte de Jupiter Libertas à cette zone renforce l’idée d’une liberté non pas seulement institutionnelle, mais populaire et accessible à tous les citoyens. Le temple de Iuppiter Libertas y était localisé, peut-être près du temple de Junon Regina, et sa dédicace était célébrée aux Ides d’avril (le 13 avril). Denier Egnatia – Caius Egnatius Maxsumus L’Allégorie de Libertas et l’Influence de Jupiter Libertas, la déesse de la liberté, n’était pas dotée d’une mythologie narrative complexe comme les grands dieux. Elle était une divinité allégorique qui incarnait l’idéal républicain après l’expulsion des rois en 509 av. J.-C. : Libertas et l’Affranchissement : Son culte était fortement lié au rituel de l’affranchissement (manumissio). L’esclave libéré devenait un libertus et la déesse protégeait et symbolisait cette transition vers la citoyenneté. L’un de ses attributs était le bonnet phrygien (pileus), coiffe portée par les affranchis, devenu un emblème universel de la liberté. L’Union avec Jupiter : L’ajout de l’épithète Libertas au nom de Jupiter (qui signifie « Très Bon et Très Grand », Optimus Maximus) est significatif. Jupiter était le dieu de l’ordre cosmique, des serments et du droit. L’association de la Liberté à Jupiter lui conférait un ancrage à la fois suprême et légitime : la liberté n’était pas un désordre, mais un droit sacré garanti par le dieu souverain lui-même. Un Lieu de Mémoire et d’Archives Le culte de la Liberté était également lié à l’administration publique. Le célèbre Atrium Libertatis (Atrium de la Liberté), bien qu’il ne soit pas le temple lui-même mais un lieu connexe, était un édifice important situé sur l’Aventin ou ses environs. Il servait de : Dépôt d’Archives : Les lois, les archives sénatoriales, et les documents administratifs étaient conservés ici. Lieu d’Affranchissement : C’est là que se déroulaient les cérémonies d’affranchissement des esclaves. En conservant les lois et les symboles de l’affranchissement, cet espace (et par extension le Temple de Jupiter Libertas) symbolisait que l’ordre républicain et la liberté civique étaient intrinsèquement liés et devaient être préservés. Conclusion Le Temple de Jupiter Libertas, sur l’Aventin, n’est pas aussi célèbre que le Temple de Jupiter Optimus Maximus sur le Capitole, mais son importance est profonde. Il témoigne de la manière dont les Romains ont sacralisé leur idéal le plus cher : la Libertas. Ce culte honorait non seulement une déesse, mais aussi la souveraineté du droit et la capacité du peuple à s’affranchir, des esclaves aux citoyens luttant pour leurs pleins droits politiques.

Le Lituus : Symbole du Pouvoir Augural dans la Rome Antique

Le Capis : Rites, Sacrifice et Piété dans la Rome Antique – Dupliquer – [#191980] Le lituus n’est pas un simple objet, c’est un puissant emblème du pouvoir et de la relation complexe qu’entretenaient les Romains avec le divin. Indissociable de la fonction d’augure, ce bâton courbe jouait un rôle essentiel dans la prise de décision politique et militaire de la République puis de l’Empire.   Qu’est-ce que le Lituus ? Le lituus est un bâton augural, caractérisé par sa forme singulière : long et droit, il se termine par une volute ou une crosse courbe et tronquée, sans former de cercle complet. Matériau : Il était traditionnellement fabriqué en bois (souvent du noyer) et, dans les représentations, il est parfois orné ou de couleur bronze. Fonction : Il était l’outil principal des augures (prêtres chargés d’interpréter les signes divins, les omina), symbolisant leur autorité sacrée. Il n’était utilisé que dans le cadre des rituels de prise d’auspices (auspicia). Denier Caecilia – Quintus Cæcilius Metellus Pius Le Rôle Crucial de l’Augure L’augure, portant le lituus, avait pour mission d’interroger les dieux avant toute action publique majeure : élections de magistrats, promulgation de lois, déclarations de guerre, ou campagnes militaires. L’usage le plus emblématique du lituus était la délimitation du templum. Le Rituel : L’augure, orienté vers le sud, traçait mentalement (ou dans le ciel, l’air) une zone sacrée rectangulaire appelée templum à l’aide de son lituus. Cette zone servait de cadre à l’observation des auspices. L’Observation : Les signes observés à l’intérieur de ce templum (principalement le vol des oiseaux, leur chant, ou l’examen des entrailles d’animaux) étaient considérés comme la volonté des dieux. L’Interprétation : L’augure déterminait si les dieux étaient propices (auspicia bona) ou contraires (auspicia mala), ce qui décidait de l’issue de l’entreprise. Le Lituus et la Légende de Romulus L’importance du lituus est ancrée dans les mythes fondateurs de Rome. La tradition rapporte que Romulus, le fondateur et premier roi de Rome, était lui-même un augure accompli. La Fondation de Rome : Avant de fonder la ville, Romulus et Rémus consultèrent les auspices pour déterminer le lieu. Romulus aurait utilisé son lituus pour délimiter le templum où il vit douze vautours, signe favorable qui lui donna l’avantage sur son frère. Un Objet Miraculeux : Une autre légende raconte que le lituus de Romulus, après sa mort, fut précieusement conservé dans la Curie des Saliens et qu’il disparut miraculeusement après un incendie, avant de réapparaître intact sous les cendres, soulignant son caractère sacré et indestructible.   Du Symbole Augural à l’Emblème Impérial Avec la fin de la République, le rôle du collège des augures fut progressivement intégré à la personne de l’Empereur. Le lituus devint alors un symbole de la dignité pontificale et impériale. On le retrouve fréquemment sur les monnaies, associé à la tête de l’Empereur (qui détenait le titre de Pontifex Maximus), ou sur des autels et sarcophages, marquant la piété et l’autorité sacrée du défunt. Conclusion Le lituus est bien plus qu’un simple crochet ; c’est la matérialisation du lien entre les Romains et leurs divinités. Il symbolise le pouvoir de la classe sacerdotale, l’acte fondateur de la Cité et, finalement, l’autorité suprême de l’Empereur. Cet objet est un témoignage puissant de la manière dont la religion et la politique étaient inextricablement liées dans le monde romain.

Le Capis : Rites, Sacrifice et Piété dans la Rome Antique

Le Capis : Rites, Sacrifice et Piété dans la Rome Antique Le culte et la religion romaine étaient structurés par des rituels précis où chaque geste, chaque offrande, et chaque ustensile avait une signification profonde. Au cœur de ces cérémonies, les instruments sacerdotaux jouaient un rôle essentiel, et parmi eux, le Capis se distingue comme un témoin humble mais crucial de la piété romaine.   Qu’est-ce que le Capis ? Le capis est un type de vase à sacrifice utilisé dans la religion romaine antique. On le confond souvent avec la patera (une coupe large et peu profonde utilisée pour les libations), mais le capis se distingue par sa forme : c’est un récipient de petite taille, souvent doté d’une anse unique (monanse) ou parfois sans anse. Contrairement aux vases de luxe destinés à l’usage domestique, le capis était spécifiquement associé aux fonctions religieuses et à l’usage par les prêtres (les pontifices ou les flamines). Aureus Sylla – Lucius Cornelius Sulla Une Fonction Rituelle Précise La fonction première du capis était de contenir les liquides destinés aux libations ou de prélever une petite quantité de substance à offrir aux dieux. Les libations, qui consistaient à verser un liquide (vin, lait, huile, ou eau) sur un autel, dans le feu, ou sur le sol, étaient un acte fondamental de communication et de respect envers les divinités. Le capis permettait d’accomplir ce geste avec la précision et la solennité requises par le ius divinum (le droit divin). Les prêtres s’en servaient, par exemple : Pour la consécration d’un nouveau temple. Lors des fêtes publiques (les feriae). Avant un sacrifice sanglant, pour purifier l’autel ou l’offrande.   Le Capis et la Représentation du Sacerdoce L’importance du capis dans la vie religieuse romaine est attestée par sa présence dans l’iconographie officielle. Il fait partie, avec d’autres objets comme l’encensoir (acerra), le bâton augural (lituus) et la patera, des insignes du sacerdoce. Sur les reliefs, les pièces de monnaie et les monuments publics, l’apparition du capis symbolisait la pietas (la piété, le respect des dieux et des devoirs) et la fonction de Grand Pontife (Pontifex Maximus), titre souvent porté par les empereurs eux-mêmes. Le représenter aux côtés de l’empereur renforçait l’idée que le dirigeant était à la fois le chef de l’État et le garant de l’harmonie avec le monde divin. Les Matériaux du Capis Si les exemplaires les plus précieux, destinés aux grands temples ou aux prêtres de haut rang, pouvaient être fabriqués en bronze orné ou en métaux précieux, la majorité des capis utilisés dans les sanctuaires domestiques (lararia) ou par les citoyens ordinaires étaient probablement en terre cuite (céramique). En fin de compte, le capis est bien plus qu’un simple vase : il est un symbole matériel de la spiritualité romaine, un lien tangible entre l’homme et ses dieux, incarnant la rigueur et la dévotion qui caractérisaient la religion de l’Urbs.

Le Tensa : Char des Dieux et Symbole Numismatique de la Rome Républicaine

Le Tensa : Char des Dieux et Symbole Numismatique de la Rome Républicaine En tant que numismates passionnés par la République Romaine, nous savons que chaque pièce de monnaie est une fenêtre sur l’histoire, la religion et la politique de cette période fascinante. L’un des types de revers les plus évocateurs et moins souvent expliqués est celui du char triomphal ou honorifique, connu sous le nom de Tensa. Loin d’être un simple véhicule, le tensa était un symbole puissant de la présence divine lors des grandes solennités romaines.   Qu’est-ce que le Tensa ? Dans la Rome antique, le Tensa (du latin tendere, « étendre », désignant peut-être le drap tendu le protégeant) était un char sacré utilisé pour transporter les statues et les insignes des dieux majeurs (Jupiter, Junon, Minerve) depuis le Capitole jusqu’au Circus Maximus à l’occasion des Ludi Romani (Jeux Romains) ou d’autres fêtes solennelles. Ce char n’était pas un véhicule militaire ou de course, mais une voiture d’apparat, richement ornée et souvent tirée par quatre chevaux (quadriga), réservée exclusivement aux divinités. Sa présence lors de la Pompa Circensis (le cortège inaugural des Jeux) symbolisait le rôle actif et la bénédiction des dieux sur la ville. Denier Rubria – Lucius Rubrius Dossenus Le Tensa sur le Monnayage Républicain L’apparition du tensa sur les deniers et autres monnaies n’est pas fortuite. Elle est généralement liée au magistrat monétaire qui frappe la pièce et à l’une de ses fonctions officielles, ou à une allusion familiale. L. Rubrius Dossenus et les Jeux Circulaires L’exemple le plus notable est celui des monnaies frappées par le monétaire Lucius Rubrius Dossenus, datées autour de 87 av. J.-C. (selon Crawford, RRC 348). Avers : Têtes conjointes (ou des trois divinités du Capitole : Jupiter, Junon et Minerve/Pallas). Revers : On y voit très clairement un char triomphal, le Tensa, souvent surmonté d’une Victoire. Selon certains érudits, comme Cavedoni, ce type monétaire aurait été choisi parce qu’une loi importante pour l’organisation des Jeux Circulaires, la Lex Rubria-Acilia, aurait été proposée ou promulguée par un ancêtre de ce monétaire. En représentant le char triomphal, le monétaire ne fait pas seulement référence à la splendeur des Jeux, mais il honore l’action de sa propre gens (famille) dans l’administration des cultes et des fêtes publiques. Note Numismatique : Il est intéressant de noter que le char du revers de ces pièces de L. Rubrius Dossenus ressemble au char qu’on retrouve bien plus tard sur certains deniers d’Auguste (par exemple, la référence Julia, 119), démontrant une continuité iconographique. Conclusion Le Tensa sur les monnaies de la République Romaine est plus qu’un simple motif : il est l’incarnation d’un rite sacré, rappelant le lien essentiel entre l’État romain, ses dieux et la splendeur de ses fêtes civiques. Pour le collectionneur, ce type offre un aperçu précieux de la manière dont les magistrats monétaires utilisaient l’iconographie religieuse pour magnifier leur héritage familial.

La Columna Minucia : Un Témoignage Énigmatique de l’Histoire Romaine

La Columna Minucia : Un Témoignage Énigmatique de l’Histoire Romaine Bien que moins célèbre que d’autres monuments de la Ville Éternelle, la Columna Minucia occupe une place intrigante dans l’histoire de la République et de l’Empire romain. Plus qu’une simple structure, elle symbolise l’ascension et le rôle durable de la gens Minucia dans la vie civique de Rome. L’Origine et la Gloire de la Gens Minucia Pour comprendre l’importance de ce monument, il faut d’abord se pencher sur la famille qui lui a donné son nom. La gens Minucia est une famille plebéienne qui a marqué l’histoire romaine par ses contributions au service public, notamment dans le rôle crucial d’approvisionnement en grain (cura annonae). L’une des figures les plus emblématiques est Lucius Minucius Augurinus, qui aurait été un précurseur dans l’organisation de l’approvisionnement public. Selon Tite-Live, durant une période de famine au Vème siècle av. J.-C., il fut chargé de la distribution de blé à bas prix, s’attirant la reconnaissance du peuple. Denier Minucia – Caius Minucius Augurinus Représentation ou plan archéologique du Porticus Minucia, le portique de distribution du grain, souvent associé à l’emplacement de la Columna Minucia. La Columna Minucia : Un Monument Commémoratif La Columna Minucia, érigée probablement pour honorer cette contribution essentielle, était vraisemblablement située dans ou près du Forum Boarium ou du Campus Martius, des zones historiquement liées au commerce et à la distribution. Fonction Honorifique : Le rôle principal de cette colonne était de commémorer un exploit ou une figure majeure de la gens Minucia, très probablement en lien avec la cura annonae. Ces colonnes étaient des marqueurs publics de vertu civique. Emplacement : Son emplacement précis reste un sujet de débat parmi les topographes romains. Certains indices la lient au Porticus Minucia, un portique lui aussi associé à la distribution de grain (le Porticus Minucia Vetus ou Frumentaria). Symbolisme Numismatique : La colonne a servi de motif sur les monnaies frappées par les membres de la famille, une pratique courante pour les familles nobles soucieuses d’immortaliser leur héritage. Ces monnaies portaient souvent des symboles qui rappelaient les hauts faits de leurs ancêtres. L’Héritage Durable Si la colonne elle-même a disparu de la topographie de Rome, elle survit à travers les textes antiques et la numismatique. Chaque fois qu’une pièce portant le nom de Minucius ou un symbole qui y est associé est découverte, elle nous rappelle indirectement l’existence et la signification de ce monument perdu. La Columna Minucia n’est pas seulement un souvenir d’architecture ; elle est un symbole puissant du système civique romain où le service public, l’approvisionnement du peuple, et la mémoire familiale étaient éternellement entrelacés.

Meta

Meta La Meta : l’enjeu crucial des courses de chars romaines Le rugissement de la foule, le tonnerre des sabots, la poussière qui s’élève en nuages… Au cœur de la Rome antique, les courses de chars étaient un spectacle à couper le souffle. Mais au-delà de la vitesse et de l’habileté, chaque course se jouait autour d’un point bien précis, un objet qui était à la fois un repère, un défi et un danger : la meta. Qu’est-ce que la meta ? La meta (au pluriel, les metae) était l’une des deux bornes monumentales placées aux extrémités de la spina, le mur central qui divisait la piste du cirque romain. Ces bornes, souvent de forme conique ou ornementées de statues, marquaient les points de virage obligatoires que les auriges (les conducteurs de chars) devaient négocier à toute vitesse, un après l’autre, pour accomplir les sept tours de la course. Ce n’était pas un simple poteau : chaque méta était un ensemble de trois colonnes, souvent décorées et surmontées d’un cône, symbolisant la nature sacrée de l’événement et son importance dans la structure de la course. Victoriat anonyme La Dernière Prière des martyrs chrétiens Jean-Léon Gérome 1883 Le cœur de la stratégie et du danger Pour un cocher, tourner autour de la meta était l’épreuve la plus difficile et la plus décisive de la course. Le but était de prendre le virage le plus serré possible, au risque de percuter la borne ou les chars adverses. Se coller à la méta permettait de gagner une fraction de seconde cruciale qui pouvait faire la différence entre la victoire et la défaite. Cependant, c’était aussi là que se produisaient les accidents les plus spectaculaires et les plus violents. Les collisions et les bris de chars étaient si fréquents à ces points que la meta est restée le symbole du péril et de la tension extrême qui animaient chaque tour de piste. Une signification durable Le mot latin meta ne désignait pas seulement la borne physique. Il avait aussi un sens figuré, signifiant « objectif », « but », « fin » ou « limite ». Cette double signification a traversé les siècles et se retrouve dans de nombreuses langues. En français, la « méta » désigne aujourd’hui un but à atteindre, une fin de course, un objectif. Ainsi, la meta était bien plus qu’une simple borne de virage. Elle était le point névralgique du spectacle, l’endroit où le destin des coureurs et des équipes se jouait, un symbole de la fin d’un tour et du but à atteindre, qui a laissé une empreinte durable dans notre vocabulaire.