
Cérès
Cérès, dans la mythologie romaine, est une divinité majeure, incarnant l’agriculture, les céréales, la fertilité et les liens maternels. Considérée comme l’équivalent de la Déméter grecque, elle joue un rôle essentiel dans les mythes expliquant les cycles naturels et la subsistance humaine. Son culte était particulièrement important dans une société agraire comme Rome, où la prospérité dépendait des récoltes.
Le mythe de Proserpine
Le récit le plus connu lié à Cérès est celui de l’enlèvement de sa fille Proserpine par Pluton, le dieu des enfers. Selon la légende, Proserpine cueillait des fleurs en Sicile lorsque Pluton, épris d’elle, l’emporta dans son royaume souterrain. Cérès, dévastée par la disparition de sa fille, parcourut le monde pour la retrouver, négligeant la terre dans son chagrin. Les champs devinrent stériles, les plantes fanèrent, et une famine menaça l’humanité. Jupiter (Zeus), alerté par la situation, intervint. Cependant, Proserpine avait mangé des graines de grenade dans les enfers, ce qui la liait partiellement à ce royaume. Un compromis fut trouvé : Proserpine passerait la moitié de l’année (ou un tiers, selon les versions) avec Pluton aux enfers, et le reste avec Cérès sur terre. Ce cycle explique les saisons : la terre fleurit au printemps et en été lorsque Proserpine est avec sa mère, et se fane en automne et en hiver lorsqu’elle retourne aux enfers.
Culte et symbolisme
Cérès était une déesse vénérée par les agriculteurs et les citoyens romains. Son culte, influencé par les traditions grecques, incluait des rituels pour assurer de bonnes récoltes. Le festival des Céréales (Cerealia), célébré autour du 19 avril, était l’un des moments forts de son culte. Il comprenait des jeux, des processions et des offrandes de céréales. Les Ambarvalia, un autre rituel agraire, impliquaient des processions autour des champs pour purifier et bénir les cultures. Les femmes jouaient un rôle particulier dans son culte, invoquant Cérès en tant que protectrice de la maternité et des mariages.
Cérès est souvent représentée comme une femme majestueuse, tenant une gerbe de blé, une faucille ou une corne d’abondance, symboles de prospérité. Elle est parfois accompagnée d’un serpent, associé à la terre et à la régénération. Son temple sur l’Aventin à Rome, partagé avec Liber et Libera (associés à Bacchus et Proserpine), était un centre important pour les plébéiens.
Influence et héritage
Le nom de Cérès est à l’origine du mot « céréale », reflétant son lien avec les grains essentiels à la survie. Elle était aussi une figure juridique dans la Rome antique, où les lois liées à la distribution de blé portaient parfois son nom (par exemple, les leges frumentariae). Dans un contexte plus large, Cérès symbolise la résilience maternelle et le pouvoir de la nature à se renouveler.
Dans les arts et la littérature, Cérès apparaît souvent comme une figure nourricière mais aussi tragique, marquée par la perte temporaire de sa fille. Son mythe a inspiré des œuvres comme les Métamorphoses d’Ovide ou des peintures de la Renaissance et du Baroque, où elle incarne l’abondance et la douleur d’une mère.