
Tarpeia
Tarpeia est un personnage légendaire de la mythologie romaine, associé à la fondation de Rome et à la guerre contre les Sabins, consécutive à l’enlèvement des Sabines. Fille de Sempronius Tarpeius (ou Spurius Tarpeius selon certaines sources), gouverneur de la citadelle du Capitole, elle est connue pour avoir trahi Rome, bien que les versions de son histoire varient, la dépeignant tantôt comme une traîtresse, tantôt comme une héroïne. Voici un résumé des principales variantes de sa légende, basé sur les sources anciennes :
- Trahison par amour ou cupidité (version la plus courante) :
- Selon Properce, Tarpeia, parfois présentée comme une vestale, tombe amoureuse du roi sabin Titus Tatius et promet de lui ouvrir les portes du Capitole en échange de son amour ou d’un mariage. Dans d’autres récits (Tite-Live, Denys d’Halicarnasse, Plutarque), elle convoite les bracelets d’or portés au bras gauche des Sabins et demande « ce qu’ils portent à leur bras gauche » comme prix de sa trahison.
- Une fois les Sabins entrés dans la citadelle, ils l’écrasent sous leurs boucliers (également portés au bras gauche), soit pour punir sa traîtrise, soit pour masquer leur dépendance à une trahison pour leur victoire. Cette version est illustrée sur une monnaie d’Auguste montrant Tarpeia ensevelie sous les boucliers.
- Ruse héroïque :
- Certains historiens romains, cités par Denys d’Halicarnasse et Tite-Live, proposent une version où Tarpeia agit par ruse pour aider Rome. Elle aurait demandé les boucliers des Sabins, espérant les désarmer pour faciliter une contre-attaque romaine. Cependant, trahie par son émissaire ou mal comprise, elle est écrasée sous les boucliers. Cette version vise à réhabiliter Tarpeia, à qui un culte local était rendu sur le Capitole.
3. Autres variantes :
- Plutarque mentionne des récits où Tarpeia est une Sabine enlevée par Romulus, cherchant à aider son peuple par ruse, mais tuée pour avoir vécu avec un Romain. Il cite aussi le poète Simylos, qui associe Tarpeia à une trahison au profit des Celtes, et non des Sabins. Ovide attribue l’ouverture des portes à Junon, protectrice des Sabins, minimisant le rôle de Tarpeia.
- Lucius Calpurnius Piso Frugi dépeint Tarpeia comme une héroïne cherchant à s’emparer des armes ennemies sans intention de trahir.
- Plutarque mentionne des récits où Tarpeia est une Sabine enlevée par Romulus, cherchant à aider son peuple par ruse, mais tuée pour avoir vécu avec un Romain. Il cite aussi le poète Simylos, qui associe Tarpeia à une trahison au profit des Celtes, et non des Sabins. Ovide attribue l’ouverture des portes à Junon, protectrice des Sabins, minimisant le rôle de Tarpeia.
Conséquences et symbolisme :
- Tarpeia est enterrée sur la colline du Capitole, qui porte temporairement son nom (mons Tarpeius) avant d’être consacrée à Jupiter par Tarquin l’Ancien. La « roche Tarpéienne » (saxum Tarpeium), d’où elle aurait été précipitée ou où elle fut tuée, devient un lieu d’exécution pour les traîtres et criminels sous la République romaine, comme Spurius Cassius Vecellinus (485 av. J.-C.) ou Marcus Manlius Capitolinus (384 av. J.-C.).
- Son histoire inspire l’expression latine Arx Tarpeia Capitoli proxima (« la roche Tarpéienne est proche du Capitole »), signifiant que la gloire peut précéder une chute rapide, une mise en garde contre l’orgueil ou la traîtrise.
Interprétations modernes :
- Georges Dumézil voit dans la légende de Tarpeia un parallèle avec des mythes indo-européens, comme la guerre des Ases et des Vanes en Scandinavie, soulignant des motifs de trahison et de réconciliation.
- Salomon Reinach associe la roche Tarpéienne à un lieu sacré où étaient exposés les boucliers ennemis, suggérant que Tarpeia pourrait être une divinité locale transformée en personnage légendaire.
- Des analyses récentes, comme celles de Tara S., explorent la dimension de genre, Tarpeia incarnant la transgression féminine dans une société patriarcale, punie pour son désir (amour ou or).