
Diane
Diane (Diana en latin) est une déesse majeure de la mythologie romaine, originellement une divinité latine associée à la procréation, la naissance, la chasse, la nature sauvage, la chasteté et la souveraineté. Voici un résumé des informations clés sur cette divinité :
Origine et Étymologie
- Nom : Diane vient du latin Diana, dérivé de divius ou dius, lié au ciel lumineux (dium) et à la racine indo-européenne d(e)y(e)w signifiant « ciel diurne » ou « lumière ». Ce terme se retrouve dans deus (dieu), dies (jour) et Jupiter (Dius Pater).
- Origine : Diane est une déesse latine ancienne, bien que certains historiens, comme Theodor Mommsen, suggèrent qu’elle n’était pas originelle à Rome, en raison de son absence dans le plus ancien calendrier romain. D’autres soulignent son ancienneté, son dies natalis (fête) tombant aux Ides d’août, un jour clé du calendrier.
Rôles et Attributs
Diane est une déesse complexe avec plusieurs facettes :
- Chasse et Nature Sauvage : Assimilée à la déesse grecque Artémis dès le VIe siècle av. J.-C., Diane est la déesse de la chasse, représentée avec un arc, un carquois et souvent accompagnée de chiens, de biches ou de nymphes (Océanides et Asies). Elle protège la faune tout en étant une chasseresse.
- Lune et Lumière : Associée à la lune, elle est parfois appelée Luna (lune) ou Lucina (porteuse de lumière). Les cycles lunaires étaient liés aux cycles menstruels et à la grossesse, renforçant son rôle dans la fertilité.
- Fertilité et Accouchement : Diane protège les femmes en couches et favorise la procréation. À Aricie, des ex-voto d’organes génitaux et de mères avec enfants témoignent de ce rôle. La nymphe Égérie, associée à son culte, aide les accouchements.
- Souveraineté : Selon Georges Dumézil, Diane est une divinité céleste indo-européenne, garante de la succession des rois et de la souveraineté, expliquant l’importance de son sanctuaire à Aricie pour la confédération latine.
- Triple Déesse (Diana Triformis) : Diane est souvent vue comme une déesse à trois visages : Diana (chasseresse, terre), Luna (lune, ciel) et Hécate (monde souterrain). Cette triade, appelée Trivia (« triple voie »), reflète son rôle aux carrefours, lieux symbolisant les enfers. Son aspect infernal préexistait à l’influence grecque, bien que le nom Hécate soit d’origine grecque.
Mythes et Légendes
- Naissance : Fille de Jupiter et de Latone, sœur jumelle d’Apollon, Diane naît sur l’île de Délos après que Latone, persécutée par Junon, y trouve refuge. Diane, née en premier, aide sa mère à accoucher d’Apollon, ce qui explique son lien avec l’enfantement.
- Chasteté : Ayant assisté aux souffrances de sa mère, Diane demande à Jupiter de rester vierge, comme Minerve et Vesta. Elle exige la chasteté de ses nymphes et punit sévèrement ceux qui la défient.
- Mythe d’Actéon : Actéon, un chasseur, surprend Diane nue en se baignant. Furieuse, elle le transforme en cerf, et il est dévoré par ses propres chiens. Ce mythe illustre sa sévérité et son attachement à la pureté.
- Mythe de Niobé : Niobé se moque de Latone pour n’avoir que deux enfants, contrairement à ses quatorze. En représailles, Diane et Apollon tuent tous les enfants de Niobé, Diane s’occupant des filles.
- Endymion : Diane, éprise du berger Endymion, le plonge dans un sommeil éternel pour préserver sa beauté et le visite chaque nuit.
Cultes et Sanctuaires
- Aricie (Diana Nemorensis) : Le sanctuaire le plus important de Diane se trouve dans le bois sacré d’Aricie, près du lac Nemi, appelé « miroir de la déesse ». Centre de la confédération latine, il jouit d’un statut d’exterritorialité. Le prêtre, appelé rex nemorensis (« roi des bois »), est un esclave ou un pauvre qui doit tuer son prédécesseur après avoir cueilli un rameau sacré, un rituel cruel lié à l’Artémis de Tauride.
- Aventin à Rome : Servius Tullius, roi légendaire (VIe siècle av. J.-C.), érige un temple à Diane sur l’Aventin, symbolisant la domination de Rome sur le Latium. Ce temple, hors du pomoerium, reflète son statut de divinité commune aux Latins. La fête de Diane, la Nemoralia (13 août), coïncide avec le dies servorum (« jour des esclaves »), car Diane protège les esclaves, qui peuvent trouver asile dans ses temples.
- Autres sanctuaires : Diane est honorée à Capoue (Diana Tifatina), à Sens, à Olbia (Hyères), et dans un temple romain du Vicus Patricius, réservé aux femmes.
Assimilation à Artémis
Diane est assimilée à Artémis dès le VIe siècle av. J.-C., probablement via les colonies grecques du sud de l’Italie (comme Cumes). Cette identification, officialisée lors du lectisterne de 399 av. J.-C., enrichit son iconographie et ses mythes, mais Diane conserve des traits distincts, comme son lien avec la souveraineté et la protection des esclaves. Les auteurs latins (Virgile, Ovide, Catulle) popularisent cette fusion, rendant difficile la distinction entre substrat latin et influences grecques.
Iconographie
- Attributs : Diane est représentée avec un arc, un carquois, une torche, un croissant de lune sur la tête, et souvent accompagnée de chiens, biches ou cerfs. Sa robe est courte, adaptée à la chasse.
- Statues célèbres : La Diane de Versailles et la Diane de Gabies (Louvre), l’Artémis de Pompéi (Naples), ou la Diane d’Éphèse (aux nombreuses mamelles, symbolisant la fécondité).
- Art post-antique : À la Renaissance, Diane est un symbole de vertu et de chasteté. Des femmes nobles, comme Diane de Poitiers, se font portraiturer en Diane chasseresse, avec arc et croissant de lune, notamment à l’école de Fontainebleau.
Rôle Culturel et Symbolique
- Protectrice des esclaves : Diane est associée aux classes inférieures, notamment les esclaves, qui bénéficient d’asile dans ses temples. La Nemoralia leur permet de se libérer temporairement de leurs devoirs.
- Triple nature : Sa triade (Diana, Luna, Hécate) symbolise sa maîtrise des trois royaumes (terre, ciel, enfers) et des carrefours, lieux mystiques.
- Néopaganisme : Diane est vénérée dans des religions modernes comme le néopaganisme romain, la Stregheria et la Wicca, parfois avec une épouse (Lucifer) et une fille (Aradia).