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Enée

Enée Dans la mythologie romaine, Énée (Aeneas en latin) est un héros troyen, fils du mortel Anchise et de la déesse Vénus (Aphrodite). Il joue un rôle central dans l’Énéide de Virgile, épopée qui raconte son périple après la chute de Troie. Énée échappe à la destruction de sa cité, emmenant son père, son fils Ascagne (ou Iule) et les Pénates, divinités protectrices de Troie. Guidé par le destin, il entreprend un long voyage à travers la Méditerranée pour fonder une nouvelle patrie, qui mènera à la création de Rome. Contexte mythologique Énée est un pont entre la mythologie grecque et romaine. Dans l’Iliade d’Homère, il est un héros troyen de second plan, cousin d’Hector, respecté mais pas au niveau des grands comme Achille. Les dieux, notamment Poséidon, le protègent car il est destiné à survivre à Troie pour un dessein plus grand. Virgile, dans l’Énéide (écrite entre 29 et 19 av. J.-C.), en fait le protagoniste d’une épopée romaine, transformant Énée en symbole de la destinée de Rome et en ancêtre mythique de la gens Julia (la famille de Jules César et Auguste). Le voyage d’Énée : étapes clés Après la chute de Troie, causée par le stratagème du cheval, Énée fuit avec son père Anchise (qu’il porte sur ses épaules, un acte emblématique de sa piété), son fils Ascagne, et les Pénates. Son périple, dicté par des oracles et des interventions divines (surtout de Jupiter et Vénus), est semé d’épreuves : Fuite et errance : Énée traverse la Thrace, Délos, et la Crète, cherchant un lieu pour rebâtir Troie. Des oracles (comme celui d’Apollon) le guident vers l’Italie, la « terre ancestrale » (Hespérie). À chaque étape, il fait face à des tempêtes (déchaînées par Junon, qui le déteste comme tous les Troyens) ou des visions (ex. : les Harpies). Carthage et Didon : Échoué à Carthage, Énée est accueilli par la reine Didon. Vénus et Cupidon orchestrent leur amour, mais cet épisode est tragique. Jupiter rappelle Énée à son devoir, et il abandonne Didon. Désespérée, Didon se suicide, maudissant Énée et ses descendants, préfigurant l’hostilité entre Rome et Carthage (guerres puniques). Cet épisode montre le conflit entre pietas (devoir envers les dieux) et les désirs personnels. Les Enfers (Livre VI) : En Sicile, Énée perd Anchise. Guidé par la Sibylle de Cumes, il descend aux Enfers pour consulter son père. Là, il voit l’avenir glorieux de Rome : les héros à venir (Romulus, César, Auguste) et apprend que sa mission est de poser les fondations de cet empire. Cette catabase (descente aux Enfers) renforce son rôle de héros épique, comme Ulysse ou Hercule. Arrivée dans le Latium : Énée atteint enfin l’Italie, où le roi Latinus l’accueille, voyant en lui le « étranger » destiné à épouser sa fille Lavinia (selon un oracle). Junon attise la guerre avec Turnus, chef des Rutules et fiancé initial de Lavinia. Après des combats, Énée tue Turnus en duel, scellant son autorité. Rôle et symbolisme Piété et sacrifice : Énée est l’archétype du héros romain, mettant le devoir (envers les dieux, sa famille, son peuple) avant ses désirs. Contrairement aux héros grecs comme Achille (guidés par la gloire), Énée accepte les épreuves pour un but collectif. Fondateur mythique : Il ne fonde pas Rome directement, mais son fils Ascagne établit Albe la Longue, d’où descendent Romulus et Rémus. Énée relie ainsi Rome à Troie et aux dieux (via Vénus). Légitimation politique : Virgile écrit sous Auguste, et l’Énéide sert à glorifier Rome et la dynastie julio-claudienne, présentée comme issue d’Énée et donc d’origine divine. Énée portant Anchise. Œnochoé attique à figures noires, vers 520-510 av. J.-C. Denier César – Caius Julius Cæsar Relations clés Vénus : Sa mère divine le protège constamment, intervenant auprès de Jupiter ou contre Junon. Didon : Leur amour impossible montre la tension entre destin et passion. Didon est une figure tragique, victime du devoir d’Énée. Anchise : Symbole de la piété filiale, il guide Énée jusqu’à sa mort. Ascagne/Iule : Représente l’avenir, la continuité de la lignée troyenne. Lavinia : Peu décrite, elle est le lien avec le Latium et la paix finale, contrastant avec Didon. Turnus : Antagoniste honorable, il incarne la résistance locale à l’arrivée des Troyens. Comparaison avec la mythologie grecque Dans l’Iliade, Énée est un héros mineur, mais déjà marqué par un destin spécial (Poséidon prédit qu’il régnera sur les Troyens survivants). Les Grecs ne développent pas son mythe au-delà de Troie, contrairement aux Romains, qui en font un héros national. Son périple rappelle l’Odyssée d’Ulysse (errance, tempêtes, Enfers), mais Énée est moins rusé et plus soumis à la volonté divine. Importance culturelle Littérature : L’Énéide est un pilier de la littérature latine, influençant Dante (Divine Comédie), Milton, et d’autres. Art : Énée est représenté dans des sculptures, peintures (ex. : Énée fuyant Troie par Bernini) et mosaïques antiques. Identité romaine : Il incarne les valeurs de Rome (discipline, piété, sacrifice) et justifie son expansion comme un destin divin.

Méduse

Méduse Méduse, figure complexe de la mythologie grecque, est bien plus qu’un simple monstre. Voici une exploration plus détaillée de son mythe, de ses origines, de son rôle et de sa symbolique : Origines et transformation Méduse est la fille des divinités primordiales marines Phorcys et Céto, ce qui la rattache aux forces chaotiques et anciennes de la mythologie grecque. Avec ses sœurs, Sthéno et Euryale, elle forme le trio des Gorgones, mais elle se distingue par sa mortalité et son histoire tragique. Selon la version la plus célèbre, rapportée par Ovide dans les Métamorphoses, Méduse était initialement une jeune femme d’une grande beauté, célèbre pour sa chevelure magnifique. Son destin bascule lorsqu’elle est violée par Poséidon dans un temple dédié à Athéna. Athéna, indignée par la profanation de son sanctuaire, punit Méduse (et non Poséidon) en la transformant en monstre : ses cheveux deviennent des serpents, son visage devient hideux, et son regard acquiert le pouvoir de pétrifier quiconque le croise. Cette transformation soulève des questions sur l’injustice et la victimisation, thèmes souvent repris dans les interprétations modernes du mythe. Dans des versions plus anciennes, comme chez Hésiode (Théogonie), Méduse est une Gorgone monstrueuse dès sa naissance, sans mention de transformation. Ces variations reflètent l’évolution des récits mythologiques et des valeurs culturelles à travers les époques. Le mythe de Persée Méduse est surtout connue pour son rôle dans l’histoire de Persée, l’un des grands héros grecs. Chargé par le roi Polydectès de rapporter la tête de Méduse (une mission destinée à le faire échouer), Persée reçoit l’aide de plusieurs divinités : Athéna lui offre un bouclier poli comme un miroir pour éviter le regard de Méduse. Hadès lui prête un casque d’invisibilité. Hermès lui fournit des sandales ailées et une épée tranchante. Les Nymphes ou les Grées (selon les versions) lui donnent un sac magique pour contenir la tête. Grâce à ces objets, Persée localise les Gorgones, endormies dans leur caverne. En utilisant le reflet du bouclier pour guider ses mouvements, il décapite Méduse sans croiser son regard. De son corps jaillissent Pégase, le cheval ailé, et Chrysaor, un géant armé d’une épée d’or, fruits de son union avec Poséidon. Persée s’empare de la tête, qui conserve son pouvoir pétrifiant, et s’en sert comme arme pour transformer ses ennemis en pierre, notamment le roi Atlas et le monstre marin Céto envoyé contre Andromède. Méduse de Didymes, ornant le grand temple d’Apollon Symbolisme et interprétations Méduse est un symbole riche et ambivalent : Terreur et pouvoir : Son regard mortel incarne une force destructrice, associée aux forces primordiales et incontrôlables. Les Gorgones étaient souvent représentées sur des boucliers ou des temples (comme l’égide d’Athéna) pour leur pouvoir apotropaïque, c’est-à-dire leur capacité à repousser le mal. Beauté et monstruosité : Le contraste entre la beauté originelle de Méduse et sa transformation monstrueuse fascine. Elle incarne la dualité entre attraction et répulsion. Victimisation et injustice : Dans les récits postérieurs, particulièrement chez Ovide, Méduse est une victime punie pour un crime qu’elle n’a pas commis, ce qui en fait une figure tragique. Les lectures féministes modernes soulignent cette dimension, voyant en elle un symbole des femmes injustement condamnées ou marginalisées. Fertilité et création : De son sang naissent Pégase et Chrysaor, symboles de créativité et de puissance. Cette idée de vie jaillissant de la mort renforce son lien avec les cycles cosmiques. Représentations artistiques Dans l’art grec, Méduse est souvent dépeinte avec un visage grotesque, des crocs, une langue pendante et des serpents en guise de cheveux, notamment sur les vases et les frises. À partir de l’époque hellénistique et romaine, son image évolue : elle devient plus belle, même après sa décapitation, comme dans la célèbre Méduse Rondanini ou les œuvres de Caravage et Rubens, où son expression figée mêle horreur et pathos. Ces représentations reflètent un glissement vers une vision plus humaine et tragique du personnage. Denier Plautia – Lucius Plautius Plancus Méduse dans la culture Le mythe de Méduse a inspiré de nombreuses œuvres littéraires, artistiques et philosophiques. Dans la psychanalyse, Freud a interprété la tête de Méduse comme un symbole de la peur de la castration, les serpents représentant une menace sexuelle. Dans la culture populaire, Méduse apparaît dans des films, séries et jeux vidéo (comme God of War ou Clash of the Titans), souvent réduite à un monstre terrifiant, bien que certaines œuvres modernes, comme des romans ou des poèmes, explorent sa perspective de victime. Sources principales Hésiode, Théogonie : Présente Méduse comme une Gorgone monstrueuse dès sa naissance. Ovide, Métamorphoses : Raconte sa transformation et son destin tragique. Apollodore, Bibliothèque : Détaille l’exploit de Persée. Pindare et Eschyle : Évoquent Méduse dans des contextes poétiques ou dramatiques.

Egide

Dans la mythologie grecque, l’égide (en grec ancien αἰγίς / aigís) est une arme merveilleuse détenue par Zeus, offensive autant que défensive, symbole de la puissance souveraine. Selon certaine tradition, à la mort d’Amalthée, Zeus aurait pris sa peau pour en revêtir son égide : le terme grec αἰγίς / aigís signifie en effet également « peau de chèvre ». L’égide est restée, dans l’Antiquité, le symbole de l’invulnérabilité garantie par la protection des dieux. Les empereurs romains sont ainsi souvent représentés avec une amulette placée sur la poitrine, miniature du bouclier orné de la tête de Méduse. Athéna portant l’égide, détail d’une scène représentant Heraclès et Iolaos escortés par Athéna, Apollon et Hermès. Panse d’une hydrie attique à figures noires. 540 av. J.-C., Cabinet des médailles de la BNF « Athena aigis Cdm Paris 254 » par Marie-Lan Nguyen — Travail personnel. Sous licence Domaine public via Wikimedia Commons.

Carnyx

Un carnyx ou carnynx ou carnux est un instrument de musique celtique à caractère guerrier, de l’âge du fer (8ème siècle av. J.-C. au 1er siècle av. J.-C.). Il est utilisé lors des guerres celtes pour contribuer à effrayer l’ennemi et pour mener les troupes (musique d’ordonnance). « Ancient Celt Playing Carnyx War Trumpet » par Kabuto 7 — Travail personnel. Sous licence CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons. « Hallein Keltenmuseum – Lure » par Wolfgang Sauber — Travail personnel. Sous licence CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons.

Cupidon

Cupidon Origines et identitéCupidon, dont le nom latin signifie « désir » ou « amour », est une figure centrale de la mythologie romaine, directement inspiré d’Éros dans la mythologie grecque. Si Éros, dans les premières traditions grecques (comme chez Hésiode), est une force cosmique primordiale née du Chaos, Cupidon est généralement présenté dans les récits romains comme une divinité plus « humaine » et espiègle, fils de Vénus et Mars. Cette filiation symbolise l’union de l’amour et de la guerre, suggérant que l’amour peut être aussi conflictuel que passionné. Dans l’art romain, Cupidon est souvent dépeint comme un chérubin joufflu, ailé, tenant un arc et des flèches. Cependant, dans certaines versions littéraires, il peut apparaître comme un jeune homme séduisant, reflétant la dualité de l’amour : innocent mais puissant. Ses flèches sont de deux types : les flèches dorées, qui enflamment l’amour, et les flèches de plomb, qui suscitent l’aversion ou l’indifférence. Rôle dans les mythesCupidon intervient fréquemment pour influencer les relations amoureuses, souvent à la demande de sa mère, Vénus, ou par pur caprice. Voici quelques récits marquants : Cupidon et Psyché : L’histoire la plus célèbre impliquant Cupidon est son propre roman avec Psyché, une mortelle d’une beauté si extraordinaire qu’elle rivalisait avec Vénus. Jalouse, Vénus ordonne à Cupidon de la rendre amoureuse d’un monstre. Mais en la voyant, Cupidon tombe lui-même amoureux d’elle. Il l’emmène dans un palais magique où il la visite chaque nuit, en lui interdisant de voir son visage. Curieuse, Psyché découvre son identité avec une lampe, brisant la confiance. Après de nombreuses épreuves imposées par Vénus, Cupidon et Psyché sont réunis, et Psyché devient immortelle. Ce mythe, raconté par Apulée dans L’Âne d’or, symbolise l’âme (Psyché signifie « âme » en grec) cherchant l’amour divin.Apollon et Daphné : Dans une autre histoire, Cupidon se venge d’Apollon, qui s’était moqué de ses talents d’archer. Pour prouver sa puissance, Cupidon frappe Apollon d’une flèche dorée, le rendant fou d’amour pour la nymphe Daphné, et touche Daphné d’une flèche de plomb, la rendant indifférente. Daphné, poursuivie par Apollon, implore son père, le dieu-fleuve Pénée, de la sauver, et elle est transformée en laurier. Ce mythe montre le pouvoir de Cupidon à manipuler même les dieux.Interventions diverses : Cupidon joue un rôle dans de nombreuses histoires d’amour tragiques ou heureuses, comme celles de Didon et Énée dans l’Énéide de Virgile, où il incite Didon à tomber amoureuse pour servir les plans divins. Son influence est souvent imprévisible, reflétant la nature capricieuse de l’amour. Musée de la Civilisation romaine à Rome (Europe) – Salle 6 (Origines de Rome) n° 6 – Moulage du « Sarcofago matti » (datant d’environ 220 apr. J.-C.), dont le relief représente Mars sur le point de violer Rhéa Silvia. L’œuvre originale est exposée aux Musées du Vatican (sur les flancs) et au Palazzo Mattei (sur le devant). Quinaire Julia – Lucius Julius Bursio Symbolisme et évolutionCupidon représente plus qu’un simple fauteur d’amours. Il incarne l’idée que l’amour est une force incontrôlable, capable de bouleverser l’ordre divin et humain. Contrairement à Vénus, qui symbolise la beauté et l’amour idéalisé, Cupidon est plus spontané, parfois cruel, montrant que l’amour peut être irrationnel ou destructeur. Dans la littérature romaine, comme chez Ovide (Métamorphoses), Cupidon est souvent un agent du chaos narratif, déclenchant des passions qui mènent à des transformations ou des tragédies. À l’époque hellénistique et romaine, son image s’adoucit, devenant un symbole d’amour ludique, comme dans les fresques de Pompéi où il chevauche des dauphins ou joue avec des animaux. Influence culturelleL’image de Cupidon a évolué au fil des siècles. Au Moyen Âge et à la Renaissance, il devient un motif courant dans l’art chrétien et profane, souvent associé à l’amour courtois. À l’époque moderne, il est réduit à une figure de la Saint-Valentin, un chérubin romantique loin de sa complexité mythologique. Pourtant, dans la poésie et la philosophie, il reste une métaphore de l’amour comme force à la fois divine et perturbatrice. Comparaisons et variantesÉros (Grèce) : Dans les cultes orphiques, Éros est une divinité créatrice, bien plus abstraite que Cupidon. Chez Homère, il est déjà un dieu de l’amour plus concret, mais c’est dans la poésie hellénistique qu’il devient similaire à Cupidon.Kama (Inde) : Dans la mythologie hindoue, Kama, dieu de l’amour, utilise aussi un arc (en canne à sucre) et des flèches fleuries, montrant une convergence fascinante entre traditions.Autres cultures : Des figures comme Freyja (nordique) ou Hathor (égyptienne) partagent des aspects de l’amour, mais aucune n’a l’aspect spécifique de l’archer de Cupidon.Anecdotes et détailsDans certaines versions, Cupidon a un frère, Antéros, dieu de l’amour réciproque, qui équilibre ses excès.Les Romains associaient parfois Cupidon à des cultes de fertilité, où son rôle était moins romantique et plus lié à la reproduction.Son arc et ses flèches sont souvent interprétés comme des symboles de la soudaineté de l’amour : une « blessure » qui frappe sans prévenir.

Le Subsellium : Un Siège Romain Loin des Fastes de la Chaise Curule

Subsellium Le mobilier de la Rome antique est un miroir fascinant des hiérarchies sociales et des fonctions civiques. Si la Chaise Curule (sella curulis) symbolise l’autorité suprême des magistrats, le subsellium, bien plus modeste, révèle une autre facette de la vie publique et privée romaine. Ce simple banc, loin des ors et de l’ivoire, occupe une place fondamentale, notamment pour une institution clé de la République : le Tribunat de la Plèbe.   Définition et Étymologie : Le Siège de l’Inférieur Le terme latin subsellium est formé de sub (« sous ») et de sella (« siège », « chaise »). Cette étymologie est en elle-même révélatrice : le subsellium est littéralement le siège « en dessous de la sella ». Forme et Fonction : C’est un siège bas, souvent un banc en bois, caractérisé par l’absence de dossier. Contraste Social : Contrairement à la sella, qui est individuelle et un insigne d’autorité (comme la sella curulis), le subsellium est collectif et de moindre hauteur. Il est le siège des subalternes, de ceux qui n’ont pas droit aux honneurs des hauts magistrats. Il traduit la simplicité et l’absence de décorum du rang qu’il représente. Le Subsellium dans la Vie Publique Romaine Le subsellium n’était pas un simple meuble; il était intégré dans les institutions romaines et marquait la place de celui qui l’occupait.   Les Tribuns de la Plèbe et le Subsellium C’est dans le cadre du Tribunat de la Plèbe que le subsellium prend tout son sens symbolique. Les Tribuns de la Plèbe, défenseurs du peuple contre les abus du patriciat, devaient conserver une image de simplicité : Ils n’avaient droit ni aux faisceaux des licteurs, ni à la toge prétexte, ni surtout à la Chaise Curule. Leur place officielle était le simple banc de bois (subsellium), notamment lorsqu’ils siégeaient au Forum près du Sénat pour exercer leur droit d’opposition (intercessio). Ce siège bas faisait écho à leur rôle de représentants du peuple, sans les marques de l’autorité impériale ou consulaire. Cette absence de signes distinctifs, loin d’être un manque, était un symbole de leur nature spéciale et intouchable (sacrosanctitas).   Autres Usages Civiques On trouvait également le subsellium dans de nombreux lieux publics : Les Tribunaux : Les juges l’utilisaient lors des procès. Le Sénat : Des bancs étaient installés pour les séances (bien que la noblesse sénatoriale pouvait avoir des sièges plus confortables). Les Théâtres et Écoles : Il était un meuble courant pour les spectateurs, les élèves ou les simples citoyens. Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Ut elit tellus, luctus nec ullamcorper mattis, pulvinar dapibus leo. Denier Lollia – Marcus Lollius Palicanus Du Subsellium au Bisellium : Une Élévation Sociale Une variante du subsellium, le bisellium (littéralement « siège à deux places »), était au contraire un siège honorifique. Dans les municipes (villes romaines hors de Rome), le bisellium était accordé par décret aux citoyens ayant rendu des services exceptionnels à la patrie ou en insigne de certaines fonctions. Celui qui recevait cette distinction était appelé biselliarius. L’honneur du bisellium représentait une reconnaissance civique majeure, souvent mentionnée sur les monuments funéraires.   Le Subsellium au Fil du Temps La simplicité du subsellium a assuré sa pérennité et sa polyvalence dans la société romaine. Période tardive : À la fin de l’époque romaine, le terme subsellium est devenu plus ou moins interchangeable avec scamnum, désignant plus généralement un banc de bois. Époque médiévale : L’usage du terme perdure dans le vocabulaire ecclésiastique pour désigner la miséricorde (ou misericord), cette petite console de bois fixée sous les stalles des chœurs monastiques. Lorsque le siège relevait, le subsellium offrait un léger support aux chanoines et moines qui devaient se tenir debout pendant les longs offices. Le subsellium est donc bien plus qu’un simple banc. Il est un marqueur social, un symbole institutionnel, et un élément essentiel de l’ameublement romain, des salles d’audience aux arènes, illustrant la diversité des sièges, depuis la majestueuse sella curulis jusqu’au modeste siège de la Plèbe.

Honos et Virtus

Honos et Virtus La locution latine honos et virtus se traduit en français par « honneur et vertu » ou « honnêteté et courage ». Dans la mythologie et la culture romaine, ces concepts étaient fondamentaux et souvent personnifiés comme des qualités divines ou semi-divines. Honos dans la mythologie romaine Honos (Honneur) était une divinité romaine ou une personnification de l’honneur, associée à l’intégrité morale, à la réputation et à la gloire obtenue par des actions vertueuses. Représenté souvent comme une figure juvénile, Honos était vénéré à Rome, notamment dans des temples comme celui d’Honos et Virtus près de la Porta Capena. Honos était étroitement lié aux succès militaires et au service public, symbolisant le prestige acquis par des actes honorables. Virtus dans la mythologie romaine Virtus (Vertu) personnifiait la vertu, englobant le courage, l’excellence et la force morale. Cette qualité était essentielle dans la vie militaire et civique. Virtus était souvent associée à Honos, les deux notions étant complémentaires : la vertu (courage et excellence morale) menait à l’honneur (reconnaissance et gloire). Virtus était parfois représentée comme une figure guerrière, symbolisant la bravoure au combat et la fermeté de caractère. Lien avec la mythologie romaine Dans la religion romaine, Honos et Virtus n’étaient pas des divinités majeures comme Jupiter ou Mars, mais des qualités divines abstraites (numina) honorées dans des cultes et rituels d’État. Elles étaient invoquées lors des campagnes militaires et des cérémonies publiques pour inciter les citoyens romains, en particulier l’aristocratie et les soldats, à incarner ces idéaux. L’association d’Honos et Virtus reflétait la croyance romaine que l’honneur véritable ne pouvait être atteint que par des actions vertueuses, et que le courage était une condition préalable au respect social. Importance culturelle La formule honos et virtus apparaît dans la littérature romaine, les inscriptions et les devises, résumant l’éthos romain du devoir, du courage et de la droiture morale. Elle guidait l’élite romaine, qui cherchait à atteindre la dignitas (prestige) et l’auctoritas (autorité) par des actions conformes à ces valeurs. Denier Serratus Fufia – Quintus Fufius Calenus

Europe

Europe urope, fille d’Agénor dans la mythologie grecque, est une figure centrale d’un mythe riche en symbolisme et en détails narratifs. Voici une exploration plus approfondie de son histoire et de son importance : L’histoire d’Europe Origine : Europe est généralement décrite comme la fille d’Agénor, roi de Tyr (une cité phénicienne), et de Téléphassa (ou parfois d’Argiope). Dans certaines versions, son père est Phénix, frère d’Agénor. Elle est souvent présentée comme une princesse d’une grande beauté. L’enlèvement par Zeus : Selon le récit le plus connu, notamment rapporté par Hésiode et Ovide (Métamorphoses), Zeus, épris d’Europe, se transforme en un magnifique taureau blanc pour l’approcher. Alors qu’Europe et ses compagnes cueillent des fleurs près de la mer à Tyr, elle est attirée par la douceur de l’animal. Curieuse, elle s’approche, caresse le taureau, et finit par monter sur son dos. Zeus en profite pour s’enfuir avec elle, traversant la mer jusqu’à l’île de Crète. Arrivée en Crète : Sur l’île, Zeus révèle sa véritable identité. Europe devient sa maîtresse, donnant naissance à trois fils : Minos, futur roi de Crète et juge des Enfers après sa mort. Rhadamanthe, également juge des Enfers, connu pour sa justice. Sarpédon, qui, selon certaines versions, devient roi de Lycie. Mariage et héritage : Dans certaines variantes, Zeus offre à Europe des cadeaux divins, comme un chien infaillible (Laelaps), un javelot qui ne manque jamais sa cible, et Talos, l’automate de bronze qui protège la Crète. Plus tard, elle épouse Astérion, roi de Crète, qui adopte ses fils. Le mythe suggère qu’elle est honorée comme une figure quasi divine dans la région. Symbolisme et interprétations Nom du continent : Le nom « Europe » est associé au continent, probablement en raison de ce mythe. Les anciens Grecs voyaient l’enlèvement comme un lien entre l’Orient (Phénicie) et l’Occident (Crète, berceau de la civilisation minoenne). Le terme « Europe » pourrait dériver du phénicien ou signifier « visage large » ou « couchant » en grec. Nature et fertilité : Le taureau, symbole de puissance et de fertilité, relie le mythe à des cultes agraires. L’union d’Europe et Zeus peut symboliser l’alliance entre la terre (Europe) et le ciel (Zeus). Transition culturelle : Le voyage d’Europe de la Phénicie à la Crète reflète les échanges culturels entre le Proche-Orient et la Grèce antique, notamment via les Phéniciens, qui influencèrent l’écriture et les arts grecs. Variations et sources Les sources principales incluent : Hésiode (Théogonie et fragments). Ovide (Métamorphoses, livre II). Homère, qui mentionne brièvement Europe dans l’Iliade. La Bibliothèque d’Apollodore, qui détaille sa généalogie. Dans certaines versions rares, Europe est confondue avec d’autres figures, comme une nymphe ou une déesse locale. Son mythe inspire aussi des récits similaires, comme celui d’Io, autre amante de Zeus transformée en vache. En Crète, Europe est parfois associée à des cultes locaux, et certains érudits pensent qu’elle pourrait être une réinterprétation d’une déesse minoenne. Fresque d’Europe sur un taureau à Pompéi. Musée de Naples Denier Serratus Volumnia – Lucius Volumnius Strabo Héritage culturel Art et littérature : Le mythe d’Europe a inspiré d’innombrables œuvres, comme les peintures de Titien (L’Enlèvement d’Europe) ou les fresques antiques. Les poètes, de Moschos à Baudelaire, ont évoqué sa beauté et son destin. Astronomie : Une des lunes de Jupiter porte son nom, en hommage à son lien avec Zeus (Jupiter en romain). Mythologie comparative : L’enlèvement d’Europe partage des parallèles avec d’autres récits indo-européens où une femme est emportée par une divinité zoomorphe, symbolisant des unions cosmiques.

Sibylle

Sibylle Dans la mythologie grecque et romaine, une sibylle est une prophétesse inspirée par le dieu Apollon, dotée du don de divination. Contrairement à la Pythie de Delphes, attachée à un sanctuaire et répondant aux questions posées, les sibylles sont des figures indépendantes, souvent itinérantes, qui délivrent des oracles énigmatiques, dits « sibyllins », à la première personne. Leur nom dérive du grec Sibylla (prophétesse), bien que l’étymologie reste incertaine. Origines et caractéristiques Les sibylles apparaissent dès le VIIIe siècle av. J.-C., originaires d’Asie Mineure (Pessinonte), initialement liées à la déesse Cybèle avant d’être associées à Apollon.  La première sibylle connue est Hérophile, souvent appelée sibylle d’Érythrée (Ionie). Elle aurait vécu au temps des Argonautes et de la guerre de Troie, livrant ses oracles en vers.  Les sibylles sont décrites comme des femmes d’âge mûr ou âgées, parfois dotées d’une longévité surnaturelle, comme la sibylle de Cumes, qui, selon Ovide, vécut mille ans après un vœu mal formulé auprès d’Apollon (demandant une vie aussi longue qu’une poignée de grains de sable, mais oubliant la jeunesse éternelle).  Leurs prophéties, souvent ambiguës, nécessitent une interprétation, d’où l’adjectif « sibyllin » pour désigner des propos obscurs ou mystérieux. Les principales sibylles Au Ier siècle av. J.-C., Varron recense dix sibylles, auxquelles s’ajoutent plus tard la sibylle agrippine et la sibylle européenne, portant leur nombre à douze pour correspondre aux apôtres dans l’iconographie chrétienne. Parmi les plus connues : Sibylle de Cumes : La plus célèbre chez les Romains, située près de Naples. Elle guide Énée aux Enfers dans l’Énéide de Virgile et vend les Livres sibyllins à Tarquin le Superbe après en avoir brûlé six pour maintenir son prix. Ces livres, conservés au temple de Jupiter, étaient consultés en cas de crise.  Sibylle d’Érythrée (Hérophile) : Réputée pour ses oracles en vers, parfois confondue avec celle de Cumes.  Sibylle tiburtine (Albunéa) : Associée à Tibur (Tivoli), son temple est encore visible.  Sibylle hellespontine : Née près de Troie, ses oracles étaient conservés au temple d’Apollon à Gergis.  Sibylle delphique : Active avant la guerre de Troie, distincte de la Pythie.  Sibylle libyque : Prêtresse de Zeus-Amon à l’oasis de Siwa, consultée par Alexandre le Grand.  Autres : Sibylles phrygienne, persique, cimmérienne, samienne, etc., reflétant la diffusion du mythe à travers la Méditerranée. La Sibylle de Cumes, peinture florentine d’Andrea del Castagno (1419-1457) de la villa Carducci transférée aux Offices. Importance culturelle Dans l’Antiquité : Les sibylles incarnent une sagesse divine, rivalisant avec la Pythie. Leur mythe s’étend de la Grèce à Rome, où les Livres sibyllins deviennent des textes sacrés.  Dans le christianisme : Les sibylles sont intégrées à l’iconographie chrétienne dès le Moyen Âge, perçues comme des prophétesses païennes ayant annoncé la venue du Christ (notamment via la quatrième Églogue de Virgile, interprétée comme une prophétie messianique). Elles apparaissent dans des œuvres comme les fresques de Michel-Ange à la chapelle Sixtine (sibylles de Cumes, Érythrée, Delphique, etc.) ou celles de Raphaël à Santa Maria della Pace.  Littérature et art : Les sibylles inspirent des œuvres littéraires (Virgile, Ovide, Dante) et artistiques (peintures, sculptures), symbolisant la connexion entre le divin et l’humain. Leur vieillesse, notamment celle de la sibylle de Cumes, devient un motif narratif exploré dans des textes médiévaux et modernes, comme The Waste Land de T.S. Eliot. Anecdote célèbre La sibylle de Cumes propose neuf livres prophétiques à Tarquin le Superbe. Devant son refus face au prix exorbitant, elle en brûle trois, puis trois autres, maintenant le même prix. Tarquin achète finalement les trois derniers, qui deviennent les Livres sibyllins de Rome, consultés jusqu’à leur destruction partielle au Ier siècle av. J.-C. Denier Manlia – Lucius Manlius Torquatus Conclusion Les sibylles, figures mythiques à la croisée de la religion, de la littérature et de l’art, incarnent la voix prophétique de l’Antiquité. Leur héritage perdure dans la culture occidentale, notamment grâce à leur intégration dans le christianisme et leur représentation dans des chefs-d’œuvre artistiques. Leur parole « sibylline » reste synonyme de mystère et d’ambiguïté.

Anguipède

Anguipède Un anguipède est une créature mythologique ou une figure artistique dont les membres inférieurs, généralement les jambes ou les pieds, se terminent en forme de serpents. Le terme vient du latin anguis (« serpent ») et pes (« pied »), signifiant littéralement « aux pieds de serpent ». Dans la mythologie et l’art, les anguipèdes apparaissent sous différentes formes selon les cultures : Dans la mythologie gauloise et gallo-romaine, on les retrouve souvent dans des sculptures comme le « cavalier à l’anguipède », où un dieu (souvent assimilé à Jupiter ou Taranis) est représenté à cheval, terrassant un géant ou une créature anguipède. Ces figures symbolisent parfois le triomphe du bien sur le mal ou des forces célestes sur les forces terrestres chaotiques. Dans la tradition gréco-romaine, les anguipèdes sont associés à des divinités ou des êtres comme les Géants de la gigantomachie (par exemple, Typhon ou Échidna), dont les jambes se terminent en serpents, ou encore au démon Abrasax, une entité mystique avec une tête de coq et des jambes serpentiformes, fréquente dans les amulettes magiques. Plus largement, l’anguipède peut représenter des concepts de dualité, de transformation ou de lien entre la terre (les serpents) et le divin. Géant anguipède. Statuette romaine Denier Valeria – Lucius Valerius Acisculus Ces représentations se retrouvent dans l’art antique, notamment sur des colonnes, des bas-reliefs ou des objets rituels, et sont souvent interprétées comme des symboles de puissance, de conflit cosmique ou de forces primordiales. Un exemple célèbre est la statue de « Jupiter à l’anguipède », récemment acquise par le musée Bargoin à Clermont-Ferrand, datant du IIe siècle.