Liber

Liber Liber Pater (le « Père Libre ») est un dieu romain associé à la vigne, au vin, à la fertilité, à la liberté et à la créativité. Il est souvent considéré comme l’équivalent romain du dieu grec Dionysos (ou Bacchus). Dans la religion romaine, Liber Pater était célébré pour son rôle dans l’agriculture, la fécondité et la libération des contraintes sociales. Attributs principaux : Protecteur des vignobles et de la production de vin. Symbole de liberté, tant personnelle que sociale (parfois associé à l’émancipation des citoyens romains). Lié aux plaisirs, à la fête et à l’inspiration artistique. Iconographie : Représenté comme un jeune homme couronné de lierre ou de vigne, tenant souvent un thyrse (bâton orné) ou une coupe de vin. Compagnons : Associé à Ceres (déesse des moissons) et Libera (sa parèdre, équivalent d’Ariane ou Proserpine dans certains contextes). Culte et célébrations : Liberalia : Une fête romaine célébrée le 17 mars, dédiée à Liber Pater. Lors de cette fête : Les jeunes hommes recevaient leur toga virilis, marquant leur passage à l’âge adulte. Des offrandes de gâteaux, de vin et d’encens étaient faites. Des processions festives et des rites liés à la fertilité avaient lieu. Triade plébéienne : Liber Pater formait une triade avec Ceres et Libera, vénérée particulièrement par les plébéiens, en contraste avec la triade capitoline (Jupiter, Junon, Minerve). Contexte mythologique : Origines : Liber Pater est une divinité italique ancienne, intégrée dans la mythologie romaine. Son assimilation à Dionysos/Bacchus a enrichi son culte avec des éléments grecs, comme les mystères dionysiaques. Textes anciens : Il est mentionné dans des sources comme : Ovide, Fastes : Décrit les Liberalia et le rôle de Liber. Tite-Live, Histoire romaine : Évoque le culte de Liber et son influence. Lien avec Bacchus : À partir du IIe siècle av. J.-C., Liber Pater est souvent confondu avec Bacchus, notamment après l’introduction des Bacchanales à Rome (rites parfois controversés, régulés par le Sénat en 186 av. J.-C.). Denier Vibia – Caius Vibius Pansa
Bacchus

Bacchus Bacchus est un dieu romain correspondant à Dionysos dans la mythologie grecque, beaucoup plus ancien. Les Romains l’ont adopté, comme beaucoup d’autres divinités étrangères dans la mythologie romaine, en l’assimilant avec le vieux dieu italique Liber Pater. C’est le dieu du vin, de l’ivresse et des débordements, notamment sexuels. Priape est un de ses compagnons favoris. Les fêtes de Bacchus s’appellent les bacchanales. La représentation de Bacchus est entièrement liée à son correspondant grec Dionysos. En effet, le terme « Bacchus » n’est à l’origine qu’un épithète qui qualifiait le dieu grec. L’introduction en Italie de Dionysos s’est faite par la translittération de cette épithète, depuis le grec Βάκχος, Bákkhos, en alphabet latin. Il reprend ainsi l’essentiel des attributs de son homologue grec dont il est issu. Bacchus par Le CARAVAGE (1596) © galerie des Offices de Florence. Denier Cassia – Lucius Cassius Longinus C’est le dieu de la vigne, de la fête et du vin. Il tient souvent à la main un thyrse, entouré de vigne et de lierre et est surmonté d’une pomme de pin. Le thyrse peut faire jaillir la vigne ou le lierre. Il peut s’incarner en taureau, en bouc et en serpent. La panthère, l’âne, le bouc, la patère, le canthare, le lierre, la vigne et la grappe de raisin sont les animaux et les objets qui lui sont associés. D’autres attributs ont été empruntés à Dionysos, comme le thyrse qu’il porte parfois. C’est le père du théâtre et de la tragédie.
Minerve

Minerve Contexte et origines Minerve, déesse romaine, est une adaptation d’Athéna, mais elle intègre aussi des éléments de divinités étrusques, notamment Menrva, une déesse de la sagesse et de l’artisanat dans la mythologie étrusque. Son nom pourrait dériver du latin mens (« esprit » ou « intelligence »), soulignant son association avec la pensée et la raison. Comme Athéna, Minerve est une déesse complexe, mêlant des aspects intellectuels, guerriers et artistiques, mais son culte romain met davantage l’accent sur son rôle civique et protecteur de l’État. Sa naissance mythique, jaillissant de la tête de Jupiter, symbolise son lien direct avec la divinité suprême et sa nature purement intellectuelle, exempte de l’influence maternelle traditionnelle. Ce mythe, partagé avec Athéna, reflète l’idée que la sagesse et la stratégie sont des qualités divines et autonomes. Rôles et domaines Minerve est une déesse aux multiples facettes : Sagesse et stratégie militaire : Elle représente la guerre réfléchie, par opposition à la brutalité de Mars. Les généraux romains lui rendaient hommage avant les batailles, cherchant son inspiration pour élaborer des tactiques. Arts et artisanat : Minerve patronne les métiers manuels (tissage, poterie, menuiserie) et intellectuels (poésie, musique, enseignement). Elle est associée à la perfection technique et à l’innovation. Commerce et prospérité : En tant que protectrice des artisans et des marchands, elle joue un rôle dans l’économie romaine, favorisant la stabilité et la richesse. Protectrice des héros et des cités : Comme Athéna pour Athènes, Minerve veille sur Rome et guide les héros épiques, incarnant l’idéal romain de discipline et de piété. Mythes supplémentaires En plus des récits mentionnés (Arachné et la rivalité avec Neptune), voici d’autres épisodes marquants : Le vol du Palladium : Minerve est associée au Palladium, une statue sacrée d’Athéna/Minerve censée protéger Troie. Dans l’Énéide de Virgile, Ulysse et Diomède volent cette statue, affaiblissant Troie. Plus tard, Énée l’aurait apportée à Rome, renforçant le lien entre Minerve et la fondation mythique de la ville. Le jugement de Pâris (indirectement) : Bien que Minerve ne soit pas au centre de ce mythe, elle est impliquée dans la rivalité avec Vénus et Junon, où Pâris choisit Vénus comme la plus belle, déclenchant la guerre de Troie. Minerve, offensée, soutient les Grecs contre les Troyens. L’invention de la flûte : Dans une légende grecque reprise à Rome, Minerve invente la flûte mais la rejette, car jouer de cet instrument déforme son visage, ce qui heurte sa dignité. Le satyre Marsyas récupère l’instrument, défiant Apollon dans un concours musical, ce qui mène à sa perte. Statue de Minerve. Œuvre romaine de l’époque impériale Culte et rituels Le culte de Minerve était profondément enraciné dans la société romaine : Temple sur le Capitole : Minerve faisait partie de la triade capitoline avec Jupiter et Junon. Son temple sur la colline du Capitole était un lieu central de culte, symbolisant son importance pour l’État romain. Quinquatries : Cette fête, du 19 au 23 mars, était initialement un jour unique dédié à Minerve, mais elle s’étendit à cinq jours sous l’Empire. Les artisans (tisserands, forgerons, etc.) et les artistes lui rendaient hommage, et des compétitions poétiques ou musicales étaient organisées. Les écoles prenaient congé, et les élèves offraient des cadeaux à leurs enseignants en son honneur. Minerve Aventine : Un autre temple sur l’Aventin était dédié à Minerve en tant que protectrice des artisans et des guildes professionnelles. Ce sanctuaire attirait les classes laborieuses. Rituels militaires : Les stratèges et les soldats invoquaient Minerve avant les campagnes, lui offrant des sacrifices pour obtenir sa clairvoyance tactique. Représentations artistiques Minerve est souvent dépeinte avec des attributs spécifiques : Armure et casque : Elle porte une armure grecque ou romaine, un casque corinthien et parfois l’égide, un bouclier ou une cape ornée de la tête de Méduse. Chouette et olivier : La chouette, symbole de vigilance, est son animal emblématique, tandis que l’olivier représente la paix et la prospérité. Lance et bouclier : Ces attributs soulignent son rôle guerrier. Dans l’art romain, elle apparaît dans des statues majestueuses, des mosaïques ou des fresques, souvent dans une posture digne et sereine, incarnant la raison et la force maîtrisée. Influence culturelle Minerve a laissé une empreinte durable : Dans la littérature : Dans l’Énéide de Virgile, elle guide Énée, symbolisant la providence divine pour Rome. Ovide, dans les Métamorphoses, raconte ses mythes, comme celui d’Arachné. Dans la langue : L’adjectif « minerval » (relatif à Minerve) est parfois utilisé pour désigner des offrandes ou des dons liés à l’éducation, en référence aux Quinquatries. Héritage moderne : Minerve inspire encore aujourd’hui, apparaissant dans des logos, des institutions éducatives (comme l’Université de Minerve en ligne) et des références à la sagesse ou à la stratégie. Sa chouette reste un symbole universel de connaissance. Différences avec Athéna Bien que Minerve soit largement calquée sur Athéna, quelques distinctions émergent : Minerve est plus intégrée au culte officiel romain, notamment via la triade capitoline, ce qui reflète l’importance de l’État dans la religion romaine. Son lien avec les artisans et le commerce est plus prononcé à Rome, où les guildes professionnelles jouaient un rôle économique clé. Les Romains mettent moins l’accent sur certains mythes grecs d’Athéna (comme son rôle dans la création de l’humanité avec Prométhée) pour se concentrer sur son rôle civique et militaire. Denier Considia – Caius Considius Pætus Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Ut elit tellus, luctus nec ullamcorper mattis, pulvinar dapibus leo.
Vénus Cloacina

Vénus Cloacina Vénus Cloacina, divinité romaine complexe, incarnait à la fois la purification et la protection de la sphère intime dans la Rome antique. Associée à la Cloaca Maxima, le vaste réseau d’égouts qui drainait les eaux usées de la ville, elle symbolisait la pureté au-delà de l’aspect physique, touchant à la moralité et à la spiritualité. Son nom, dérivé du latin cloare (« purifier ») ou cloaca (« égout »), souligne cette mission de nettoyage, tant littéral que métaphorique. Origine et syncrétisme À l’origine, Cloacina était une déesse étrusque, probablement liée à un ruisseau purificateur qui coulait dans la région avant d’être canalisé pour devenir la Cloaca Maxima. Avec le temps, les Romains l’ont assimilée à Vénus, la déesse de l’amour, de la beauté et de la fertilité, créant ainsi Vénus Cloacina. Cette fusion, bien que peu expliquée dans les sources, pourrait refléter une volonté romaine d’unir des concepts de pureté physique et morale sous une divinité majeure. Certains érudits suggèrent que l’association avec Vénus provient de l’idée que l’amour et la procréation nécessitent une forme de pureté, tant dans le mariage que dans les relations. « Cloacina » par Hülsen, Christian (1906) Le Sacellum Cloacinae Le sanctuaire de Vénus Cloacina, appelé Sacellum Cloacinae, était un modeste édifice circulaire situé au cœur du Forum romain, près de l’entrée de la Cloaca Maxima et de la Basilica Aemilia. Ce lieu sacré, mentionné par des auteurs comme Tite-Live et Pline l’Ancien, abritait deux statues de la déesse, peut-être représentant ses deux facettes : Cloacina, la purificatrice, et Vénus, la protectrice de l’amour. Ces statues étaient ornées de symboles vénusiens tels que le myrte (plante sacrée de Vénus), des fleurs, des roses et parfois des oiseaux. Le sanctuaire, simple mais significatif, servait de point de repère dans le Forum, un espace central de la vie politique et religieuse romaine. Légende et rôle dans la fondation de Rome Selon la tradition romaine, le sanctuaire fut érigé sous Titus Tatius, roi des Sabins et co-régent de Rome aux côtés de Romulus. Cette fondation est liée à l’épisode mythique de l’enlèvement des Sabines, où les Romains, manquant de femmes, capturèrent celles des Sabins voisins. Après une guerre, la paix fut scellée par un rituel de purification impliquant des branches de myrte, symbole de Vénus, pour laver les offenses et rétablir l’harmonie. Le sanctuaire de Vénus Cloacina commémorait cet acte de réconciliation, incarnant l’idée que la purification pouvait restaurer l’ordre social et moral. Rôle dans la société romaine Au-delà de son lien avec les égouts, Vénus Cloacina jouait un rôle important dans la sphère privée. Elle était invoquée pour protéger la chasteté au sein du mariage et pour sanctifier les relations sexuelles conjugales, considérées comme un acte pur et sacré dans la morale romaine. Cette fonction élargissait son domaine de la purification physique (les eaux usées) à la purification morale (la pureté des relations). Les femmes romaines, en particulier, pouvaient lui adresser des prières pour garantir l’harmonie conjugale et la légitimité des unions. Denier Mussidia – Lucius Mussidius Longus Symbolisme et héritage Vénus Cloacina illustre la capacité romaine à diviniser des aspects pratiques de la vie quotidienne, comme la gestion des égouts, tout en les reliant à des idéaux plus élevés. La Cloaca Maxima, prouesse d’ingénierie, était essentielle pour la salubrité de Rome, et associer une déesse à ce système reflétait l’importance accordée à la propreté dans la civilisation romaine. En même temps, son lien avec Vénus montrait une vision holistique de la pureté, englobant le corps, l’esprit et la société. Bien que moins célébrée que d’autres divinités comme Jupiter ou Vénus elle-même, Vénus Cloacina reste un exemple fascinant de la richesse de la religion romaine, où le profane et le sacré se mêlaient. Son sanctuaire, bien que probablement détruit ou enfoui sous les ruines du Forum, demeure un symbole de cette dualité, reliant l’infrastructure urbaine à la spiritualité.
Lépide

Lépide Origines et Jeunesse Marcus Aemilius Lepidus naquit vers 89 av. J.-C. dans la prestigieuse famille patricienne des Aemilii, l’une des plus anciennes et influentes de Rome. Son père, également nommé Marcus Aemilius Lepidus, fut consul en 78 av. J.-C. mais tenta une rébellion contre le Sénat après son consulat, cherchant à renverser l’ordre établi par Sylla. Cette révolte échoua, et son père mourut en exil en Sardaigne. Cette tache sur la réputation familiale influença peut-être la prudence politique de Lepidus dans sa jeunesse. Le nom « Lepidus », dérivé du latin, signifie « gracieux » ou « charmant », reflétant peut-être une volonté de se distinguer par la diplomatie. Carrière sous Jules César Lepidus se rallia tôt à Jules César, figure dominante de la République romaine dans les années 50-40 av. J.-C. Sa loyauté envers César lui permit de gravir rapidement les échelons du cursus honorum (carrière politique romaine) : Préteur (49 av. J.-C.) : En pleine guerre civile entre César et Pompée, Lepidus fut nommé préteur et chargé de l’administration de Rome pendant l’absence de César, qui combattait en Espagne et en Grèce. Sa gestion efficace de la ville, dans un contexte tendu, renforça la confiance de César. Dictature de César : Lepidus joua un rôle clé en soutenant la nomination de César comme dictateur, un acte qui consolida son statut au sein du camp césarien. Gouverneur d’Hispanie Citérieure (48-47 av. J.-C.) : Après la victoire de César à Pharsale, Lepidus fut envoyé gouverner cette province stratégique. Il y réprima une rébellion pro-pompéienne, démontrant ses compétences administratives et militaires. César le récompensa en le nommant proconsul. Consul (46 av. J.-C.) : À seulement 43 ans, Lepidus devint consul aux côtés de César, une position prestigieuse marquant l’apogée de sa carrière pré-triumvirale. Magister Equitum (46-44 av. J.-C.) : En tant que « maître de la cavalerie », Lepidus était le principal lieutenant de César, alors dictateur. Ce rôle lui conféra une autorité militaire et politique significative. Rôle après l’assassinat de César (44 av. J.-C.) L’assassinat de Jules César aux Ides de Mars (15 mars 44 av. J.-C.) plongea Rome dans le chaos. Lepidus, alors magister equitum, se retrouva dans une position stratégique : Contrôle des troupes : Stationné près de Rome avec des légions fidèles à César, Lepidus devint un acteur clé dans les jours suivant l’assassinat. Il envisagea brièvement d’utiliser ses troupes contre les conspirateurs (comme Brutus et Cassius), mais opta pour la prudence. Alliance avec Marc Antoine : Lepidus s’allia rapidement à Marc Antoine, autre leader césarien, pour contrer les assassins et stabiliser Rome. Cette alliance fut scellée par un mariage : la fille de Lepidus, Aemilia, fut fiancée à un fils d’Antoine. Pontifex Maximus : Après la mort de César, Lepidus fut nommé grand prêtre de Rome, un poste religieux prestigieux qu’il conserva jusqu’à sa mort. Ce rôle renforça son influence symbolique. Gouverneur provincial : Il reçut le commandement de la Gaule Narbonnaise et de l’Hispanie Citérieure, où il négocia un accord avec Sextus Pompée (fils de Pompée le Grand), évitant un conflit ouvert. Le Second Triumvirat (43-36 av. J.-C.) En novembre 43 av. J.-C., Lepidus, Marc Antoine et Octavien formèrent le Second Triumvirat, une alliance légale officialisée par la Lex Titia. Ce triumvirat, contrairement au premier (César, Pompée, Crassus), disposait de pouvoirs quasi-dictatoriaux pour cinq ans, avec pour mission de venger César et de rétablir l’ordre. Répartition des territoires : Les triumvirs se partagèrent les provinces romaines. Lepidus reçut initialement la Gaule Narbonnaise et l’Hispanie, puis l’Afrique (actuelle Tunisie) après la bataille de Philippes (42 av. J.-C.), où Antoine et Octavien vainquirent Brutus et Cassius. Proscriptions : Les triumvirs lancèrent des proscriptions brutales, éliminant ennemis politiques et finançant leurs armées. Lepidus participa, bien que son rôle fut moins marqué que celui d’Antoine ou d’Octavien. Parmi les victimes figurait Cicéron, tué pour son opposition à Antoine. Rôle à Rome : Pendant que ses collègues combattaient à l’est, Lepidus resta souvent à Rome, supervisant l’administration et les cérémonies religieuses en tant que pontifex maximus. Cependant, son influence diminua face à la rivalité croissante entre Antoine et Octavien. Chute et Exil (36-13/12 av. J.-C.) Lepidus fut progressivement marginalisé dans le Triumvirat : Conflit avec Sextus Pompée (36 av. J.-C.) : Lors de la campagne contre Sextus Pompée, qui contrôlait la Sicile et menaçait les approvisionnements de Rome, Lepidus tenta de s’emparer de l’île pour renforcer sa position. Ses troupes, cependant, firent défection au profit d’Octavien, qui l’accusa de trahison. Destitution : Octavien, maître de la situation, dépouilla Lepidus de ses pouvoirs triumviraux et de ses provinces. Épargné grâce à son statut de pontifex maximus, il fut exilé à Circeii, une ville côtière au sud de Rome, où il vécut dans l’obscurité. Fin de vie : Lepidus passa ses dernières années loin de la politique, sous surveillance. À sa mort en 13 ou 12 av. J.-C., Auguste s’empara du titre de pontifex maximus, consolidant son contrôle religieux. Famille Lepidus épousa Junia Secunda, sœur de Marcus Junius Brutus (l’un des assassins de César), ce qui illustre les alliances complexes de l’époque. Ils eurent un fils, Marcus Aemilius Lepidus Minor, qui fut impliqué dans un complot contre Octavien en 30 av. J.-C. et exécuté. Cette tragédie marqua la fin de l’influence politique de la famille. Aureus Lépide – Publius Clodius Héritage et Réputation Lepidus est souvent décrit comme le « maillon faible » du Second Triumvirat, une image largement façonnée par la propagande d’Auguste, qui cherchait à minimiser ses rivaux. Les historiens antiques, comme Velleius Paterculus et Appien, le dépeignent comme indécis et peu ambitieux. Cependant, des analyses modernes nuancent ce portrait : Compétences diplomatiques : Lepidus excella dans la négociation, comme en témoignent ses accords avec Sextus Pompée et sa gestion de Rome sous César. Loyauté : Sa fidélité à César et son rôle stabilisateur dans les crises post-assassinat montrent une certaine habileté politique. Victime de la politique : Face à des figures comme Antoine (charismatique et militaire) et Octavien (stratège politique), Lepidus manquait de l’ambition ou de la
La Sella Curulis : Plus qu’un Siège, le Symbole Incarné du Pouvoir Romain

La Sella Curulis : Plus qu’un Siège, le Symbole Incarné du Pouvoir Romain Parmi les insignes de pouvoir de la Rome antique, peu d’objets possèdent une charge symbolique aussi forte et durable que la Chaise Curule (Sella Curulis). Loin d’être un simple meuble, cette assise sans dossier, caractérisée par son piètement croisé en X, était la représentation matérielle de l’autorité, de l’imperium et de la légitimité magistrale. 🏛️ Des Origines Étrusques à l’Imperium Romain Le concept de la chaise curule n’est pas né à Rome, mais y a été adopté dès les premiers temps de la République, hérité de la tradition étrusque. Dans la hiérarchie sociale et politique romaine, seuls les plus hauts magistrats, ceux investis de l’imperium – le droit de commander, de punir et de rendre la justice – avaient le droit de s’y asseoir. Cela incluait : Les Consuls (les chefs de l’État et de l’armée). Les Préteurs (chargés de l’administration de la justice). Les Censeurs (responsables du recensement et de la moralité publique). Plus tard, les Édiles curules et les Dictateurs. Le droit de s’asseoir sur la sella curulis était si important qu’il désignait la catégorie même de ces offices : les magistratures curules. Note sur le design : La chaise curule traditionnelle était volontairement simple et sans dossier. Ses pieds en X (souvent inspirés de griffes de lion pour les modèles les plus ornés) la rendaient aisément pliable et transportable. Cette caractéristique n’était pas un hasard : elle symbolisait l’idée que la justice et l’autorité de Rome n’étaient pas confinées à un seul lieu, mais pouvaient être exercées n’importe où par le magistrat en déplacement. Image générée par Gemini, et ne respecte pas forcément le descriptif à gauche. 🙂 Denier Furia – Publius Furius Crassipes ✨ Le Matériau : Symbole de Pureté et de Richesse À l’origine, la sella curulis était souvent faite de bois simple. Cependant, pour marquer son prestige, elle devint traditionnellement ornée, voire entièrement faite d’ivoire. L’ivoire, un matériau noble et blanc, était un rappel de l’origine divine de l’autorité et faisait symboliquement appel à Jupiter, le plus grand des dieux romains. Sous l’Empire, et notamment avec Jules César (qui reçut une dérogation du Sénat), certains sièges curules furent réalisés en or massif, tandis que d’autres, destinés aux sénateurs, pouvaient être en argent. L’empereur Auguste intégra l’usage de la sella curulis à ses propres insignes, renforçant son association avec l’autorité suprême. 🪙 La Chaise Curule et la Numismatique Pour l’amateur de monnaies, la chaise curule est un motif récurrent qui témoigne de sa signification politique majeure. République Romaine : On la retrouve fréquemment sur les deniers républicains. Les magistrats monétaires choisissaient d’y faire figurer la sella curulis pour honorer leurs ancêtres qui avaient exercé une magistrature curule. C’était une manière visuelle de proclamer le prestige de leur gens (famille). Haut Empire : Le motif continue d’apparaître pour symboliser le pouvoir impérial et les triomphes. Par exemple, certaines monnaies représentent un temple ou un arc de triomphe contenant la chaise curule, soulignant l’autorité durable de l’Empereur. Une monnaie de Caligula montre même l’Empereur debout devant sa sella, illustrant le moment de l’allocution aux troupes (adlocutio cohortium). Chaque apparition numismatique de la sella curulis est un message clair : l’individu ou l’événement commémoré est intrinsèquement lié à l’autorité légitime de l’État romain. 👑 Héritage : De Rome à l’Europe Bien que l’Antiquité ait pris fin, l’aura de la sella curulis ne s’est jamais éteinte. Sa forme emblématique a été reprise à travers les siècles par les royautés européennes pour conférer une légitimité historique à leur pouvoir. Elle a connu une résurgence marquante, notamment sous le Directoire et l’Empire en France, où elle a été réinterprétée dans le mobilier de style « Retour d’Égypte » pour ses connotations de gloire et de puissance antique. Aujourd’hui, des designers contemporains continuent de s’inspirer de sa silhouette en X, reconnaissant son attrait intemporel. La chaise curule est donc un véritable pont entre les époques. Ce simple siège, dépourvu d’artifice, reste l’un des témoignages les plus puissants de la façon dont les Romains concevaient et représentaient l’autorité : non pas un droit de naissance, mais un office conféré par l’État.
Mars

Mars Mars, dans la mythologie romaine, est le dieu de la guerre, mais son rôle est plus nuancé que celui de son équivalent grec, Arès. Fils de Jupiter et Junon, il incarne non seulement la guerre et la destruction, mais aussi la protection de Rome, de ses armées et, par extension, de l’agriculture et de la fertilité. Il est une figure centrale, révérée comme l’ancêtre mythique du peuple romain, notamment via la légende de Romulus et Rémus, ses fils conçus avec la vestale Rhéa Silvia. Attributs et symboles Mars est souvent dépeint en armure militaire, portant un casque à crête, une lance, un bouclier et parfois une épée. Ses animaux sacrés incluent le loup (lié à la louve de Romulus et Rémus), le pic-vert (picus) et le taureau, symboles de force et de virilité. Ses principaux sanctuaires étaient le Campus Martius (Champ de Mars) à Rome et le temple de Mars Ultor, dédié par Auguste pour venger l’assassinat de César. Culte et festivals Le culte de Mars était particulièrement important dans la Rome antique, reflet de l’importance de la guerre dans la société. Le mois de mars, qui ouvrait l’année romaine antique, lui était consacré, marquant le début de la saison des campagnes militaires et agricoles. Parmi les principaux rituels : Feriae Marti (1er mars) : début des festivités avec des processions et sacrifices. Equirria (27 février et 14 mars) : courses de chevaux en son honneur. Quinquatrus (19 mars) : purification des armes avant les campagnes militaires. Armilustrium (19 octobre) : fin de la saison militaire, purification des armes. Les prêtres de Mars, comme les Salii, une confrérie sacrée, exécutaient des danses rituelles en armure, chantant les Carmen Saliare pour invoquer sa protection. Statue colossale de Mars (Pyrrhus). Marbre, œuvre romaine Importance culturelle Contrairement à Arès, souvent vu comme chaotique et brutal dans la mythologie grecque, Mars est une figure plus complexe et honorable à Rome. Il est le protecteur de la cité et le garant de sa puissance militaire. Son lien avec Romulus et Rémus en fait un père symbolique de Rome, renforçant son prestige. Il était aussi associé à l’agriculture, car la paix militaire permettait la prospérité des champs, d’où son épithète Mars Gradivus (celui qui marche vers la bataille) ou Mars Pater (père). Relations mythologiques Mars est souvent lié à Vénus, déesse de l’amour, dans une relation amoureuse célèbre (illustrée par la naissance de Cupidon). Cette union symbolise l’équilibre entre guerre et paix, force et beauté. Il est aussi parfois associé à Bellona, une déesse guerrière romaine, comme compagne ou sœur. Aureus de 20 As Anonyme Représentations et héritage Mars apparaît dans l’art romain (statues, fresques, mosaïques) comme un guerrier imposant, souvent barbu dans les représentations anciennes, puis plus jeune et idéalisé sous l’Empire. Son nom a donné celui de la planète Mars, à cause de sa couleur rouge évoquant le sang. Son influence perdure dans des termes comme « martial » (guerrier) et dans des références culturelles modernes.
Modius
La plus grande mesure sèche des Romains, contenant seize sextarii, c’est-à-dire la sixième partie du médimne grec, environ un décalitre. Il servait surtout à mesurer le blé après qu’il avait été battu ; en quoi il différait de la corbis, que l’on employait à mesurer du blé dans l’épi, quand on ne l’avait pas coupé avec la paille au moyen de la faucille, mais qu’on avait détaché les épis de leur tige avec un instrument à dents de scie (falx denticulata) ou avec deux mergae. (Cato, R.R. 136 ; Hor. Ep. 1, 16, 51 ; Cic. Div. Verr. 10). Source: https://www.mediterranees.net/civilisation/Rich/Articles/Navires/Modius.html « Modio de Ponte Puñide (M.A.N. 1930-16-1) 01 » by Luis García. Licensed under CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons.
Apex ou Chapeau de Flamine

Apex ou Chapeau de Flamine Le Bonnet de Flamine (Apex) : Symbole Sacré de la Rome Antique Au cœur des rituels et de la piété romaine, des figures se distinguaient par leurs fonctions sacrées et leur accoutrement singulier. Parmi elles, les flamines, prêtres dédiés à des divinités spécifiques, étaient immédiatement reconnaissables à leur coiffe distinctive : le bonnet de flamine, dont l’élément le plus sacré était l’apex. Bien plus qu’un simple vêtement, ce couvre-chef était un symbole puissant de leur lien ininterrompu avec le divin et des contraintes inhérentes à leur office. Denier Fabia – Numerius Fabius Pictor Qu’est-ce qu’un Flamine ? Des Serviteurs des Dieux Pour comprendre l’importance du bonnet, il faut d’abord saisir le rôle des flamines. Dans la complexe hiérarchie religieuse romaine, les flamines occupaient une place particulière. Chacun était attaché au culte exclusif d’une seule divinité majeure – comme le Flamen Dialis pour Jupiter, le Flamen Martialis pour Mars, ou le Flamen Quirinalis pour Quirinus. Leur mission principale était d’accomplir les sacrifices et les rituels précis nécessaires pour maintenir la pax deorum, la paix des dieux, garantissant ainsi la prospérité et la sécurité de Rome. Leur fonction était d’une telle importance qu’elle s’accompagnait de nombreuses restrictions et tabous, les isolant en partie de la vie civile ordinaire. Le Bonnet et l’Apex : Une Description Détailée Le bonnet de flamine était un élément visuel frappant. Généralement de forme conique ou cylindrique, il était souvent confectionné en cuir ou, pour certains flamines, à partir de la peau d’un animal sacrifié, renforçant ainsi son lien avec le rituel. L’élément central et le plus sacré de ce couvre-chef était l’apex lui-même. Il s’agissait d’une petite tige ou pointe, souvent en bois d’olivier (un arbre hautement symbolique), fixée solidement au sommet du bonnet. Cette petite pointe n’était pas un simple ornement. Sa rigidité et sa permanence étaient cruciales, symbolisant l’intégrité et l’indissolubilité du lien entre le prêtre et la divinité. Certains textes mentionnent également des apiculae, de petites mèches de laine pendant du bonnet, ajoutant à son aspect rituel et archaïque. Un Symbole de Sacralité et de Contrainte L’apex était le point focal de la sacralité du bonnet. Pour le flamine, le fait de porter cet accessoire en public n’était pas une option, mais une obligation. Il lui était absolument interdit de le retirer, même momentanément, sous peine de profaner son office et de perdre son statut sacerdotal. Cette règle souligne l’idée que le flamine, par le port de l’apex, était constamment en état de pureté rituelle et de communion avec le divin. Au-delà de cette dimension purement religieuse, le bonnet de flamine remplissait également une fonction de distinction sociale et religieuse. Il marquait immédiatement la personne qui le portait comme un individu à part, investi d’une mission sacrée et soumis à des règles de vie uniques. C’était une marque visible de la piété romaine et de l’ordre divin qui régissait la cité. Le lien avec l’olivier, arbre de paix et de sagesse, ajoutait une couche de symbolisme, reliant le flamine non seulement au divin mais aussi à la nature sacrée et à la prospérité de la terre. Des Restrictions Quotidiennes : Le Poids de l’Apex Le port de l’apex n’était pas sans conséquences sur la vie quotidienne du flamine. De nombreuses interdictions découlaient directement ou indirectement de cette obligation sacrée, en particulier pour le Flamen Dialis, le flamine de Jupiter, qui était le plus soumis aux contraintes : Le flamine ne pouvait pas participer à la guerre, car l’apex n’était pas compatible avec le port de l’armure. Il lui était interdit de voyager à cheval, probablement pour éviter toute souillure ou le risque de faire tomber son précieux couvre-chef. Il ne pouvait pas s’éloigner de Rome pendant plus d’une nuit, soulignant sa fonction sédentaire, centrée sur le culte de la cité. Ces restrictions rigoureuses illustrent à quel point la vie d’un flamine était entièrement dédiée à son sacerdoce, chaque aspect de son existence étant soumis aux exigences de son rôle rituel, symbolisé par son inamovible bonnet. Le bonnet de flamine, et son élément essentiel l’apex, est un témoignage éloquent de la complexité et de la profondeur de la religion romaine antique. Plus qu’un simple ornement, il était un puissant symbole de sacralité, de distinction et des lourdes responsabilités qui pesaient sur les épaules des serviteurs des dieux. Il nous offre un aperçu fascinant de la manière dont les Romains concevaient leur relation avec le divin et l’importance de l’observance rituelle pour le bien-être de la cité.
Apollon

Apollon Apollon (ou Apollon en grec, Apollo en latin) est une divinité majeure de la mythologie grecque et romaine. Il est le fils de Zeus, roi des dieux, et de Léto, une Titanide. Frère jumeau d’Artémis, déesse de la chasse, Apollon est un dieu aux multiples facettes, associé à de nombreux domaines. Attributs et rôles principaux : Dieu du soleil : Bien qu’Hélios soit initialement le dieu solaire, Apollon lui est progressivement associé, symbolisant la lumière, la chaleur et la clarté. Dieu de la musique et des arts : Il est souvent représenté avec une lyre, symbole de son talent musical, et il inspire les poètes et les artistes. Dieu de la médecine : Apollon est lié à la guérison, et son fils Asclépios devient le dieu de la médecine par excellence. Dieu de la prophétie : Il est le maître de l’oracle de Delphes, où la Pythie transmettait ses prédictions aux mortels. Dieu de l’ordre et de la purification : Il incarne la raison, l’harmonie et la purification des fautes. Apollon du Belvédère By Livioandronico2013 – Own work, CC BY-SA 4.0 Denier Brutus – Quintus Junius Brutus Symboles : La lyre ou la cithare (musique). L’arc et les flèches (il est aussi un archer redoutable, comme sa sœur Artémis). Le laurier (en référence à son amour pour la nymphe Daphné, transformée en laurier). Le serpent (lié à l’oracle de Delphes et à la victoire sur le Python). Mythes célèbres : Le combat contre Python : Apollon tua ce serpent monstrueux qui gardait l’oracle de Delphes, s’appropriant ainsi le sanctuaire. L’amour tragique pour Daphné : Poursuivie par Apollon, elle se transforma en laurier pour lui échapper. La malédiction de Cassandre : Il donna à Cassandre le don de prophétie, mais la maudit pour qu’elle ne soit jamais crue, après qu’elle l’eut rejeté. Apollon incarne l’idéal de beauté, de jeunesse et d’équilibre dans la culture grecque.