Scylla

Scylla Scylla (ou Scylle) est un personnage fascinant de la mythologie grecque, incarnant à la fois la terreur maritime et une tragédie personnelle. Voici une exploration plus approfondie de son mythe, de son contexte et de son symbolisme : Description et rôle dans la mythologie Dans l’Odyssée d’Homère (chant XII), Scylla est dépeinte comme un monstre marin résidant dans une grotte élevée sur une falaise abrupte d’un détroit étroit, souvent identifié comme le détroit de Messine entre l’Italie et la Sicile. Elle possède six têtes aux cous longs et sinueux, chacune munie de trois rangées de dents, et douze pattes (parfois décrites comme des tentacules ou des queues de serpent). À ses hanches, des têtes de chiens aboyants ajoutent à son aspect effrayant. Lorsqu’un navire passe trop près, chaque tête saisit un marin, le dévorant instantanément. En face, de l’autre côté du détroit, se trouve Charybdis, un tourbillon mortel qui aspire et recrache la mer trois fois par jour, menaçant d’engloutir les navires entiers. Ulysse, conseillé par la sorcière Circé, choisit de naviguer plus près de Scylla, jugeant que perdre six hommes est préférable au risque de perdre tout l’équipage dans Charybdis. Malgré ses efforts pour protéger ses compagnons, Scylla arrache six d’entre eux, un moment poignant où Ulysse décrit leurs cris tandis qu’ils sont dévorés. Scylla, cratère en cloche attique à figures rouges, 450-425 avant notre ère, musée du Louvre Origine et transformation Les récits divergent sur les origines de Scylla : Version tragique (Ovide, Métamorphoses) : Scylla était une belle nymphe, convoitée par le dieu marin Glaucos. Celui-ci, éperdument amoureux, demanda à la sorcière Circé un philtre pour gagner son cœur. Mais Circé, amoureuse de Glaucos, empoisonna par jalousie l’eau où Scylla se baignait, la transformant en monstre. Scylla, horrifiée par sa nouvelle apparence, se réfugia dans le détroit, où sa rage se tourna contre les marins. Version alternative : Dans d’autres traditions, c’est Amphitrite, épouse de Poséidon, qui transforma Scylla, jalouse de l’attention que Poséidon lui portait. Origine divine : Certains textes, comme ceux d’Hésiode, suggèrent que Scylla était une créature monstrueuse dès sa naissance, fille de divinités marines comme Phorcys et Céto, ou parfois de Typhon et Échidna, la liant à d’autres monstres comme les Gorgones. Symbolisme et interprétation Scylla incarne plusieurs thèmes : Danger maritime : Avec Charybdis, elle symbolise les périls imprévisibles de la mer, un thème central dans la culture grecque, où la navigation était essentielle mais risquée. Choix impossible : L’expression « entre Scylla et Charybdis » (équivalent de « entre le marteau et l’enclume ») illustre un dilemme où toute décision entraîne une perte. Ce motif résonne dans la littérature et la philosophie. Métamorphose et tragédie : La transformation de Scylla, surtout dans la version d’Ovide, reflète le thème de la perte d’humanité par la jalousie ou la vengeance divine, un motif récurrent dans les mythes grecs (comme Arachné ou Méduse). Représentations culturelles Dans l’art antique : Scylla apparaît sur des céramiques, mosaïques et sculptures grecques et romaines, souvent avec un torse de femme, des têtes de chiens à la taille et des tentacules ou queues en bas. Une célèbre mosaïque romaine la montre attaquant un navire. Dans la littérature : Outre Homère et Ovide, Virgile (Énéide) et d’autres poètes romains mentionnent Scylla. Elle inspire aussi des œuvres modernes, comme des poèmes ou des romans fantastiques. Culture populaire : Scylla apparaît dans des films, jeux vidéo (comme God of War) et séries, souvent comme un monstre marin générique, bien que parfois son passé de nymphe soit évoqué. Denier Sextus Pompée – Sextus Pompeius Magnus Scylla et Charybdis : une dualité Le duo Scylla-Charybdis est unique par sa complémentarité. Scylla représente un danger actif et ciblé (elle choisit ses victimes), tandis que Charybdis est une force passive mais globale (elle engloutit tout). Ensemble, elles incarnent l’idée que la mer est un espace où l’homme est à la merci de forces incontrôlables, qu’elles soient précises ou chaotiques.
Kylix
Dans la Grèce antique, un kylix (en grec ancien κύλιξ / kúlix) est un vase peu profond et évasé utilisé pour déguster du vin lors des symposia. Manufacture typique des ustensiles de banquet, coupe de libations et objet de jeux de cottabe, il connaît une diffusion maximale à partir du vie et jusqu’à la fin du ive siècle avant notre ère, quand le canthare, l’élégant calice à volutes des rituels de Dionysos, reprit sa place comme coupe à vin la plus répandue. « Dancing woman krotala BM 1920,0613.1 » par Peintre d’Evergidès — ChrisO, Travail personnel, 2007. Sous licence CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons.
Vestale

Vestale 1. Origine et rôle des vestales dans la Rome antique Les vestales étaient des prêtresses consacrées à Vesta, la déesse romaine du foyer, de la famille et de l’État. Leur institution, selon la tradition, fut établie par le roi Numa Pompilius (717–673 av. J.-C.), le deuxième roi légendaire de Rome, pour garantir la protection divine de la cité. Elles incarnaient la pureté et la stabilité de Rome, leur rôle étant considéré comme vital pour la survie de l’État. Sélection : Les vestales étaient choisies entre 6 et 10 ans parmi les filles de familles patriciennes (l’élite romaine). Elles devaient être physiquement parfaites, sans défauts, et leurs parents devaient être vivants. Initialement au nombre de deux, elles passèrent à quatre, puis six sous les rois ou au début de la République. Durée du service : Leur engagement durait 30 ans, divisés en trois phases : 10 ans d’apprentissage, 10 ans de service actif, et 10 ans d’enseignement aux novices. Après leur service, elles pouvaient se marier, mais beaucoup choisissaient de rester célibataires, conservant leur statut prestigieux. 2. Devoirs et responsabilités Les vestales avaient des tâches sacrées essentielles : Entretien du feu sacré : Dans le temple de Vesta, situé au cœur du Forum romain, elles veillaient sur le feu éternel, symbole de la pérennité de Rome. Si le feu s’éteignait, cela était vu comme un mauvais présage, et la responsable pouvait être fouettée par le Pontifex Maximus (grand prêtre). Rituels et sacrifices : Elles préparaient la mola salsa, un mélange de farine salée utilisé dans les sacrifices publics. Elles participaient aussi à des cérémonies comme les Vestalia (fêtes de Vesta, du 7 au 15 juin), où elles ouvraient le temple aux matrones romaines. Garde d’objets sacrés : Les vestales protégeaient des objets mystérieux, comme le Palladium (une statue de Pallas Athéna, censée garantir la sécurité de Rome), dont le contenu exact restait secret. From the statue in Rome. Costume of a chief vestal (virgo vestalis maxima). 3. Vœu de chasteté et sanctions Le vœu de chasteté était au cœur de leur fonction, car leur pureté était censée refléter la sainteté de Rome. Briser ce vœu était considéré comme une trahison contre l’État : Punition pour inconduite : Une vestale reconnue coupable d’avoir rompu son vœu était condamnée à être enterrée vivante dans une petite chambre souterraine avec un peu de nourriture et d’eau, une mort symbolique pour éviter de verser son sang directement. Son amant, s’il était identifié, était battu à mort. Exemples historiques : Des cas célèbres incluent Opimia et Floronia (en 216 av. J.-C.), exécutées après la défaite de Cannes, où leur « crime » fut parfois vu comme un bouc émissaire pour apaiser les dieux. Ces exécutions étaient rares mais spectaculaires. 4. Privilèges et statut social Malgré leurs contraintes, les vestales jouissaient d’un statut exceptionnel pour des femmes dans une société patriarcale : Indépendance légale : Elles pouvaient gérer leurs biens sans tuteur, rédiger leur testament et témoigner en justice, des droits rares pour les femmes romaines. Honneurs publics : Elles avaient des places réservées dans les théâtres et les jeux, étaient escortées par des licteurs (gardes officiels) et pouvaient gracier un condamné à mort si elles le croisaient par hasard. Richesse : Leur service était rémunéré, et elles recevaient des dons, ce qui leur permettait d’accumuler une fortune personnelle. 5. Fin de l’institution L’institution des vestales perdura pendant plus d’un millénaire, mais elle déclina avec l’essor du christianisme : En 382 apr. J.-C., l’empereur Gratien confisqua les revenus des vestales, et en 394 apr. J.-C., Théodose Ier interdit les cultes païens, mettant fin à leurs fonctions. La dernière grande vestale, Coelia Concordia, démissionna, marquant la fin officielle de l’ordre. Le temple de Vesta fut fermé, et le feu sacré éteint, symbolisant la transition de Rome vers le christianisme. 6. La vestale dans la culture et le langage moderne Usage figuré : En français, « vestale » est souvent utilisé de manière métaphorique pour désigner une femme d’une grande pureté, d’une chasteté irréprochable ou d’un dévouement absolu à une cause (par exemple, « une vestale de la science »). Cet usage peut être poétique ou ironique, selon le contexte. Dans les arts : Les vestales ont inspiré de nombreuses œuvres, comme l’opéra La Vestale de Gaspare Spontini (1807), des peintures romantiques, ou encore des références dans la littérature classique et moderne. Vestiges archéologiques : À Rome, la Maison des Vestales (Atrium Vestae) dans le Forum romain est un site bien préservé, avec des statues et des inscriptions honorant ces prêtresses. Denier Claudia – Caius Claudius Vestalis 7. Anecdotes et faits marquants Leur influence politique : Bien que théoriquement apolitiques, certaines vestales, comme Licinia (1er siècle av. J.-C.), furent impliquées dans des intrigues politiques, montrant leur poids dans la société. Cas de survie : Quelques vestales accusées de crimes furent acquittées grâce à des interventions divines supposées, comme Tuccia, qui prouva son innocence en portant de l’eau dans un tamis sans en renverser. Symbolisme : Leur feu sacré était si important qu’il était rallumé chaque 1er mars (nouvel an romain) avec des méthodes rituelles, comme le frottement de bois.
Flora

Flora Flore (ou Flora en latin) est une divinité romaine associée aux fleurs, au printemps et à la fertilité. Considérée comme une déesse agraire, son rôle principal était de protéger la floraison des céréales, des arbres fruitiers et des plantes sauvages. Son équivalent grec est la nymphe Chloris. Selon le poète Ovide, Chloris, séduite et enlevée par Zéphyr (le vent d’ouest), devint Flore et reçut le pouvoir de régner sur les fleurs et le printemps. Attributs et rôle Fertilité et nature : Flore symbolise le renouveau printanier et la fécondité. Elle favorise la floraison, essentielle pour les récoltes et la production de miel par les abeilles. Elle est souvent comparée à Vénus pour son rôle dans la vitalité végétale, et associée à des divinités comme Cérès (agriculture) ou Pomone (fruits). Mythes : Ovide raconte que Flore aida Junon à concevoir Mars sans Jupiter, en utilisant une fleur magique, ce qui lui valut une place importante dans le panthéon romain. Une autre légende attribue à Flore la création de la rose, transformant une nymphe morte en fleur avec l’aide d’autres dieux (Apollon, Bacchus, etc.). Culte et fêtes Floralia : Les Floralies, célébrées du 27 avril au 3 mai, étaient des fêtes populaires en l’honneur de Flore. Ces festivités, marquées par des jeux, danses, spectacles et une certaine licence (caractère joyeux et parfois érotique), symbolisaient le renouveau et la fertilité. Les participants portaient des guirlandes de fleurs, et des animaux comme des chèvres ou des lièvres étaient sacrifiés. Le Sénat rendit ces fêtes annuelles en 114 av. J.-C. après des années de disette, attribuées à la colère de Flore. Temples et flamine : Flore avait deux temples à Rome, l’un sur le Quirinal et l’autre près du Circus Maximus. Un prêtre spécifique, le Flamen Floralis, était dédié à son culte, soulignant son importance. Sandro Botticelli, Le Printemps (entre 1478 et 1482), Florence, galerie des Offices. Détail de la figure de Flore. Denier Servilia – Caius Servilius Origines et représentations Origines : Flore est une divinité italique ancienne, introduite à Rome selon la tradition par le roi sabin Titus Tatius. Son culte était répandu chez les Sabins et les Samnites. Iconographie : Représentée comme une jeune femme couronnée de fleurs ou tenant un bouquet, Flore apparaît dans l’art, notamment à la Renaissance (ex. : Le Printemps de Botticelli, où elle est montrée avec Chloris et Zéphyr). Controverse : Le chrétien Lactance décrivit Flore comme une courtisane ayant légué sa fortune pour instituer les Floralies, une version visant à discréditer son culte païen. Héritage Flore reste un symbole de la beauté et de la vitalité de la nature. Son nom est associé à la « flore » (ensemble des plantes d’une région) et inspire des œuvres artistiques, des prénoms, et même des lieux comme la place de Flore à Paris ou l’astéroïde (8) Flore.
Les Dioscures

Les Dioscures Dans la mythologie grecque, les Dioscures (en grec ancien Διόσκουροι / Dióskouroi, « jeunes garçons de Zeus ») sont Castor et Pollux (ou Polydeucès), fils jumeaux de Léda, épouse de Tyndare, roi de Sparte. Selon le mythe, Zeus, métamorphosé en cygne, séduisit Léda, qui pondit deux œufs : l’un donna Castor et Clytemnestre (enfants mortels de Tyndare), l’autre Pollux et Hélène (enfants divins de Zeus). Caractéristiques et rôles Castor : Mortel, dompteur de chevaux, associé à la chasse et à l’équitation. Pollux : Immortel, pugiliste redoutable, symbole de force et d’agilité. Ils sont les protecteurs des marins (manifestés par le feu de Saint-Elme) et des guerriers, souvent invoqués dans des situations désespérées. Ils sont aussi patrons des athlètes et associés à la constellation des Gémeaux. Exploits mythologiques Chasse du sanglier de Calydon et expédition des Argonautes : Ils participèrent à ces aventures héroïques. Sauvetage d’Hélène : Ils libérèrent leur sœur, enlevée par Thésée ou Pâris, en envahissant l’Attique. Enlèvement des filles de Leucippe : Ils ravirent Hilaire (ou Hilaera) et Phébé, provoquant une bataille avec Idas et Lyncée. Castor fut tué par Idas, et Pollux, refusant l’immortalité sans son frère, demanda à Zeus de partager son sort. Zeus les plaça dans le ciel comme la constellation des Gémeaux, alternant entre l’Olympe et les Enfers. Culte et symbolisme Sparte : Leur principal lieu de culte, où ils étaient appelés ánakes (« rois »). Leur temple était l’anakéion, et leurs fêtes, les anákeia. Ils incarnaient la dyarchie spartiate et protégeaient l’armée, représentés par les δόκανα (deux bâtons liés). Théoxénies : Lors de ces rituels, on leur offrait un banquet sacré, symbolisant leur présence. Iconographie : Représentés comme des jeunes cavaliers nus, portant des capes, des bonnets en forme d’œuf (pílos) surmontés d’étoiles, souvent avec des chevaux. Symbolisme : Pour les Pythagoriciens, leur alternance entre ciel et Enfers symbolisait l’harmonie universelle. Ils incarnaient la fraternité, l’immortalité et la dualité mortel/divin, souvent figurés sur des sarcophages romains comme symboles d’éternité. Roman sculptural group showing Castor and Pollux (or, according to other authors, Orestes and Pylades). Denier Fonteia – Manius Fonteius Dans la culture romaine Les Dioscures furent adoptés à Rome, où leur culte fut instauré en 484 av. J.-C. après leur apparition légendaire lors de la bataille du lac Regillus. Leur temple au Forum Romain était un lieu clé, et ils étaient vénérés par les chevaliers romains (equites). Une parade annuelle le 15 juillet commémorait leur victoire. Parallèles et influence Les Dioscures s’apparentent aux Ashvins de la mythologie védique, cavaliers jumeaux divins, reflétant un héritage indo-européen. Leur mythe a inspiré l’art (sculptures, peintures comme celle de Rubens) et la littérature, symbolisant l’unité fraternelle et la quête d’équilibre entre humain et divin.
Parazonium

Parazonium Le parazonium est un terme qui résonne avec l’histoire militaire romaine, bien qu’il ne fût pas l’arme de poing la plus courante des légions. Souvent classé comme un glaive court ou une dague de grande taille, le parazonium tire son nom du grec parazōnion, dérivé de parazōnē (ceinture), indiquant clairement qu’il s’agissait d’une arme portée à la ceinture (cinctorium). Denier Cornelia – Cn. Cornelius Lentulus Clodianus Origine et Description Le parazonium trouve ses racines dans la Grèce antique, et les Romains l’adoptèrent, principalement pendant la période républicaine et au début de l’Empire. Taille et Forme : Il s’agit d’une arme relativement courte. Les reproductions suggèrent une longueur totale d’environ 55 à 60 cm, avec une lame d’environ 40 cm. Sa lame était souvent caractérisée par une forme effilée, voire en feuille, avec une nervure médiane prononcée. La Poignée Distinctive : L’une de ses caractéristiques les plus reconnaissables est souvent son pommeau (l’extrémité de la poignée), fréquemment sculpté en forme de tête d’aigle. Ce motif d’aigle, un puissant symbole de Rome et de ses légions, renforçait son statut d’objet de prestige. Précurseur du Pugio : Le parazonium est considéré par beaucoup d’historiens comme un précurseur du célèbre pugio, le poignard standard des légionnaires romains. Un Insigne de Rang et d’Honneur Contrairement au gladius, l’épée courte portée par les simples soldats, le parazonium était principalement l’apanage des officiers supérieurs et des tribuns des armées romaines. Marque de Distinction : Le parazonium était bien plus une marque de distinction, d’honneur et de commandement qu’une simple arme de combat. Il était porté du côté gauche, attaché au ceinturon (cinctorium), tandis que le gladius du simple soldat était suspendu du côté droit à un baudrier (balteus). Arme Auxiliaire : Il servait d’arme secondaire ou d’appoint pour les officiers, mais sa fonction symbolique primait sur son usage réel au combat. Le poète Martial le décrit d’ailleurs comme l’« ornement de la milice et vêtement du désir d’honneur ». Attribut Statuaire : On retrouve souvent le parazonium comme attribut dans les statues représentant des généraux, des tribuns, ou même des divinités martiales comme Mars, soulignant son association avec l’autorité et la bravoure militaire. En somme, le parazonium est un excellent exemple de la façon dont les armes romaines pouvaient transcender leur simple fonction utilitaire pour devenir des symboles puissants du statut social et de la hiérarchie au sein de la machine de guerre la plus sophistiquée de l’Antiquité.
Brutus

Brutus Contexte et jeunesse Marcus Junius Brutus est né vers 85 av. J.-C. dans une famille patricienne, les Junii, qui revendiquaient une ascendance remontant aux origines mythiques de Rome. Sa mère, Servilia, était une femme influente, et son père, Marcus Junius Brutus l’Ancien, fut tué par Pompée lors d’une rébellion en 77 av. J.-C. Élevé dans un milieu cultivé, Brutus reçut une éducation soignée, influencée par la philosophie stoïcienne et les idéaux républicains. Son oncle, Caton le Jeune, fervent défenseur de la République, joua un rôle clé dans sa formation idéologique. Relation avec César La relation entre Brutus et Jules César est fascinante et ambiguë. Servilia, la mère de Brutus, fut l’une des maîtresses les plus importantes de César, et certains historiens antiques (comme Suétone) ont spéculé que César pouvait être le père de Brutus, bien que cela soit improbable vu les dates. César traitait Brutus avec une affection particulière, le nommant à des postes prestigieux malgré son jeune âge. Pendant la guerre civile entre César et Pompée, Brutus choisit initialement le camp de Pompée, mais après la défaite de ce dernier à Pharsale (48 av. J.-C.), César lui pardonna et l’intégra dans son cercle, lui offrant notamment le gouvernement de la Gaule cisalpine. L’assassinat de César Malgré ces faveurs, Brutus fut convaincu par d’autres sénateurs, comme Cassius Longinus, que César aspirait à la monarchie, un anathème pour les républicains. Le 15 mars 44 av. J.-C. (les Ides de mars), Brutus participa à l’assassinat de César au Sénat. Selon Plutarque, lorsque César vit Brutus parmi les conjurés, il aurait murmuré « Et tu, Brute ? » (ou en grec, « Kai su, teknon ? » – « Toi aussi, mon fils ? »), bien que cette phrase soit probablement apocryphe. Ce moment, immortalisé par Shakespeare, symbolise la trahison personnelle autant que politique. « Rome – Capituline Museum – Marcus Junius Brutus, marble bust » Denier Brutus – Lucius Servius Rufus Conséquences et chute Après l’assassinat, Brutus et les conjurés espéraient restaurer la République, mais leur acte provoqua le chaos. Marc Antoine, allié de César, exploita l’indignation populaire pour retourner l’opinion contre les assassins. Brutus et Cassius s’enfuirent à l’est, levant des armées pour affronter le Second Triumvirat (Antoine, Octavien et Lépide). En 42 av. J.-C., lors de la bataille de Philippes en Macédoine, leurs forces furent écrasées. Brutus, voyant la défaite inévitable, se suicida en se jetant sur son épée, mettant fin à la résistance républicaine. Héritage Brutus reste une figure controversée : un traître pour certains, un héros de la liberté pour d’autres. Dans la Divine Comédie de Dante, il est placé dans le neuvième cercle de l’Enfer, aux côtés de Judas, pour sa trahison. À l’inverse, les républicains modernes l’ont parfois idéalisé comme un symbole de résistance à la tyrannie. Shakespeare, dans Jules César, le dépeint comme un homme honorable mais tragiquement manipulé, « le plus noble des Romains » selon Marc Antoine.
Pietas

Pietas Dans la mythologie romaine, Pietas est une divinité et une vertu cardinale incarnant le sens du devoir, de la loyauté, de la piété et de la dévotion envers les dieux, la famille, les ancêtres et la patrie. Elle symbolise l’engagement moral à respecter ses obligations, qu’elles soient religieuses, familiales ou civiques, et occupe une place centrale dans la culture romaine, où elle est perçue comme une valeur fondamentale de la mos maiorum (les coutumes des ancêtres). Représentation et symbolisme Pietas est souvent représentée sous les traits d’une femme voilée, signe de modestie et de respect, tenant une patère (coupe utilisée pour les libations) ou un encensoir, en train d’accomplir un sacrifice. Dans certains cas, elle est accompagnée d’une cigogne, symbole de piété filiale, car cet oiseau était réputé prendre soin de ses parents âgés. Sur les monnaies romaines, Pietas apparaît fréquemment, notamment sous les empereurs, pour souligner la légitimité et la moralité du pouvoir impérial. Par exemple, des pièces frappées sous Auguste ou Antonin le Pieux associaient l’empereur à cette vertu pour renforcer leur image de dirigeants justes et dévoués. Rôle dans la mythologie et la littérature Pietas est particulièrement associée à Énée, le héros troyen de l’Énéide de Virgile. Énée est surnommé pius Aeneas (Énée le pieux) en raison de son dévouement exemplaire : il porte son père Anchise sur ses épaules pour le sauver de Troie en flammes, protège son fils Ascagne, et suit scrupuleusement les volontés des dieux pour fonder une nouvelle patrie en Italie. Ce portrait fait d’Énée l’archétype du Romain idéal, guidé par la Pietas. Dans d’autres récits, Pietas est parfois invoquée comme une force divine qui guide les actions des héros ou des citoyens. Elle est également liée à des figures féminines, comme les Vestales, dont la chasteté et le dévouement au culte de Vesta étaient des manifestations de cette vertu. Culte et temples Le culte de Pietas était bien établi à Rome. Un Temple de Pietas fut construit sur le Forum Holitorium (marché aux légumes) vers 181 av. J.-C., après un vœu du consul Manius Acilius Glabrio suite à une victoire militaire. Ce temple, dédié à la déesse, servait de lieu de culte public et renforçait l’idée que la piété garantissait la faveur divine pour Rome. Une autre manifestation du culte était le Ara Pietatis (Autel de la Piété), érigé sous l’empereur Claude, qui mettait en avant la piété impériale. Pietas était également célébrée lors de cérémonies familiales, comme les funérailles ou les rituels en l’honneur des di parentes (esprits des ancêtres), où les Romains exprimaient leur respect pour les générations passées. Différence avec la mythologie grecque Contrairement à la mythologie grecque, où la piété (eusebeia) est plus centrée sur la dévotion religieuse envers les dieux, la Pietas romaine englobe une dimension plus large, incluant les devoirs sociaux et politiques. Par exemple, un général romain faisant un sacrifice avant une bataille ou un citoyen honorant ses parents âgés incarnait la Pietas. Cette vertu reflète l’idéal romain d’une société ordonnée, où chaque individu contribue à l’harmonie collective par ses actions responsables. Pietas dans la politique romaine Sous l’Empire, Pietas devint un outil de propagande. Les empereurs se présentaient comme des incarnations vivantes de cette vertu pour légitimer leur autorité. Par exemple, la piété d’Auguste envers les dieux et sa restauration des temples renforçaient son image de restaurateur des valeurs traditionnelles. De même, des impératrices comme Livia ou Faustine étaient parfois associées à Pietas pour souligner leur rôle dans la stabilité de la dynastie. Anecdotes et récits Une légende célèbre liée à Pietas concerne une femme romaine emprisonnée, nourrie en secret par sa fille qui l’allaitait pour la maintenir en vie. Cette histoire, rapportée par des auteurs comme Valère Maxime, illustre la piété filiale et fut utilisée comme un exemple moral pour les Romains. Ce récit inspira même des œuvres d’art, notamment dans la peinture européenne des siècles plus tard. Pietas est bien plus qu’une simple divinité : elle est l’incarnation d’un idéal romain qui lie l’individu à sa communauté, à ses ancêtres et aux dieux. À travers son culte, ses représentations et son rôle dans la littérature, elle reflète les valeurs de discipline, de respect et de responsabilité qui définissaient la société romaine. Denier Caecilia – Quintus Cæcilius Metellus Pius
Corne d’Abondance

Corne d’Abondance La corne d’abondance (cornu copiae en latin) est un objet mythologique en forme de corne de ruminant ou de coquille de triton utilisé par Ploutos, le dieu grec de la richesse et de l’abondance. La Corne d’Abondance est un symbole bien connu de l’abondance, de la fécondité, de la fertilité et de la joie. Les Cornes d’Abondance sont très fréquemment représentées sur les monnaies antiques en général et sur les monnaies romaines en particulier. Certains auteurs de l’antiquité ont identifié la corne d’abondance comme étant la corne d’Amalthée, la chèvre nourricière de Jupiter enfant. D’autres auteurs antiques prétendent que la corne d’abondance est celle que Hercule prit sur la tête d’Acheloüs lors de sa rencontre avec ce monstre protéen, et que les nymphes prirent pour la convertir en corne d’abondance. Denier Cornelia – Lucius Cornelius Sylla Des Cornes d’abondance sont représentées sur de nombreux monuments antiques, qu’il s’agisse de sculptures ou de numismatique. La Corne d’Abondance est l’attribut caractéristique d’Euthemia, la déesse des Grecs et d’Abundantia, la déesse des Romains, pour marquer la fertilité dont elles étaient responsables. Des Cornes d’Abondance remplies de fruits ou placées à l’intérieur de couronnes composées d’épis de blé et de fleurs apparaissent comme le symbole des triumvirs monétaires, et dénote l’abondance de toutes choses engendrée notamment par l’argent. On trouve aussi des corne d’abondance comme symbole des édiles curules, sur des monnaies de la République Romaine (familles Aemilia, Annia, Carisia, Claudia, Fabia, Livineia, Mussidia, Julia et Statilia). On trouve également des cornes d’abondance sur les monnaies de Lepide, Domitien, Hadrien et d’autres empereurs. On voit parfois des cornes d’abondance sur les monnaies d’Auguste, placée à l’arrière du Capricorne qui tient un globe et un gouvernail. On en voit encore représentées sur un petit pilier sur des monnaies de Marc Aurèle. La corne peut être remplie avec de l’argent, qu’une femme est en train de renverser, comme dans le cas des personnifications de l’Abondance, de la Liberalitas, etc. La corne d’abondance et la balance apparaissent sur une monnaie d’Hadrien. On voit des cornes d’abondance sur la chaise curule, comme dans le cas des monnaies de Jules César, d’Auguste et de Titus; ainsi encore qu’avec un caducée, un gouvernail, un globe, ou un apex (sur les monnaies de Jules César par exemple). Source: https://www.sacra-moneta.com/Numismatique-romaine/LES-CORNES-D-ABONDANCE-SUR-LES-MONNAIES-ROMAINES.html
Quintus Labienus

Quintus Labienus Quintus Labienus Parthicus (mort en 39 av. J.-C.) fut un personnage clé de la fin de la République romaine, dont la carrière illustre les bouleversements politiques et militaires de cette période troublée. Fils de Titus Labienus, lieutenant renommé de Jules César durant la guerre des Gaules, Quintus hérita d’une tradition militaire prestigieuse, mais choisit une voie radicalement différente, marquée par une alliance inattendue avec les Parthes, ennemis traditionnels de Rome. Contexte et débuts Quintus grandit dans l’ombre de son père, Titus Labienus, qui fut l’un des principaux généraux de César avant de rejoindre Pompée lors de la guerre civile (49-45 av. J.-C.). Après l’assassinat de César en 44 av. J.-C., Quintus, fidèle à l’idéal républicain défendu par son père, rallia les « Libérateurs », Brutus et Cassius, qui s’opposaient au pouvoir croissant du Second Triumvirat (Marc Antoine, Octavien et Lépide). En 42 av. J.-C., Cassius envoya Quintus en mission diplomatique auprès du roi parthe Orodes II pour obtenir une alliance militaire contre le Triumvirat. Cependant, la cuisante défaite des républicains à la bataille de Philippes (42 av. J.-C.), où Brutus et Cassius périrent, laissa Quintus isolé en Parthie, sans possibilité de retour immédiat à Rome. L’alliance avec les Parthes Pendant son séjour en Parthie, Quintus forgea une relation stratégique avec Orodes II et son fils, le prince Pacorus Ier. En 40 av. J.-C., il saisit une opportunité unique : Marc Antoine, occupé par sa liaison avec Cléopâtre en Égypte, avait négligé la défense des provinces orientales. Quintus convainquit les Parthes de lancer une invasion des territoires romains, prenant la tête d’une armée composée de forces parthes et de déserteurs romains. Cette alliance était audacieuse, voire scandaleuse, pour un Romain, car les Parthes étaient considérés comme des barbares et des ennemis héréditaires depuis la défaite de Crassus à Carrhes en 53 av. J.-C. La campagne de 40-39 av. J.-C. Quintus mena une campagne fulgurante. Son armée envahit la Syrie, prenant des villes clés comme Antioche. Il poursuivit Lucius Decidius Saxa, le gouverneur nommé par Antoine, jusqu’en Cilicie, où il le défit et le fit exécuter. Poursuivant son offensive, Quintus s’empara de vastes régions de l’Asie Mineure (actuelle Turquie), y compris des cités prospères, bien que certaines, comme Stratonicea, résistèrent avec acharnement. Son succès reposait sur la rapidité de ses mouvements et la puissance de la cavalerie parthe, redoutable face aux légions romaines. Pour asseoir son autorité, Quintus adopta le titre provocateur de « Parthicus », un cognomen traditionnellement réservé aux généraux romains triomphant d’un ennemi, ici ironique puisqu’il combattait aux côtés des Parthes. Il frappa également des monnaies à son effigie, mêlant symboles romains et parthes, pour payer ses troupes et affirmer son pouvoir. Ces actes témoignent de son ambition de se poser en chef indépendant, peut-être même en rival des triumvirs. Buste de Quintus Labienus. Musée de Crémone La contre-offensive romaine La fortune de Quintus tourna en 39 av. J.-C. Marc Antoine, alerté par l’ampleur de l’invasion, dépêcha son meilleur général, Publius Ventidius Bassus, pour reprendre le contrôle. Ventidius, un tacticien expérimenté, exploita les faiblesses de l’armée parthe, notamment sa dépendance à la cavalerie, en attirant Quintus dans des terrains défavorables. Lors d’une bataille décisive, probablement en Cilicie ou en Syrie, Quintus fut vaincu et tué. Ventidius poursuivit sa campagne, écrasant les Parthes et restaurant l’autorité romaine en Syrie et en Judée. Denier Labienus – Quintus Labienus Parthicus Héritage et significance La campagne de Quintus Labienus fut un épisode spectaculaire, mais éphémère, des guerres civiles romaines. Elle révéla la fragilité des provinces orientales face à une menace extérieure et la capacité des Parthes à exploiter les divisions internes de Rome. Cependant, elle échoua à renverser le Triumvirat ou à restaurer la République, objectif initial des Libérateurs. Quintus reste une figure controversée : pour certains, un traître ayant trahi Rome en s’alliant avec un ennemi étranger ; pour d’autres, un républicain pragmatique cherchant à poursuivre la lutte par tous les moyens. Son alliance avec les Parthes préfigure d’autres collaborations romano-étrangères dans l’histoire, mais elle marqua aussi les esprits par son audace et son caractère exceptionnel. Après sa mort, les Romains, sous Antoine puis Auguste, renforcèrent leur contrôle sur l’Orient, tandis que les Parthes, bien que repoussés, restèrent une menace jusqu’à l’ère impériale.