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Lucius Antonius

Lucius Antonius Lucius Antonius (vers 81–40 av. J.-C.), connu aussi sous le nom de Lucius Antoine, était un homme politique romain, frère cadet du triumvir Marc Antoine. Issu de la gens Antonia plébéienne, il était le troisième fils de Marcus Antonius Creticus et de Julia, né probablement en 81 av. J.-C. Son cognomen, Pietas ou Pius, soulignait sa loyauté, particulièrement envers son frère. Après la mort de leur père, Lucius et ses frères furent élevés à Rome dans un milieu aristocratique, mais leur jeunesse fut marquée par des excès : fêtes, scandales, dettes de jeu et liaisons controversées. Malgré cela, Lucius reçut vraisemblablement une éducation soignée, typique des élites romaines. Aureus Marc Antoine et Lucius Antoine Carrière et loyauté envers Marc Antoine Lucius fut un fervent soutien de Marc Antoine tout au long de sa carrière. En 44 av. J.-C., en tant que tribun de la plèbe, il proposa une loi permettant à Jules César de nommer des magistrats en chef en son absence, renforçant le pouvoir de César. En 43 av. J.-C., lors des troubles suivant l’assassinat de César, Lucius réprima violemment une révolte à Parme, autorisant le saccage de la ville pour mater l’opposition. Cette action illustre son style de commandement, souvent impitoyable. En 41 av. J.-C., nommé consul par les triumvirs (Marc Antoine, Octavien et Lépide), il célébra un triomphe le 1er janvier pour ses victoires sur des tribus alpines, un honneur prestigieux. Cependant, cette année-là, des tensions émergèrent autour de la distribution des terres aux vétérans de la guerre civile, une tâche confiée à Octavien. Ces confiscations de terres en Italie provoquèrent un mécontentement généralisé parmi les propriétaires terriens et les sénateurs. Lucius, soutenu par Fulvia, l’épouse de Marc Antoine, saisit cette opportunité pour rallier les mécontents, cherchant à affaiblir Octavien et à renforcer la position de Marc Antoine, alors absent en Orient. La guerre de Pérouse (41–40 av. J.-C.) Ce conflit dégénéra en guerre ouverte, connue sous le nom de guerre de Pérouse. Lucius, prétendant agir au nom de son frère, s’opposa à Octavien, mais ses motivations semblent avoir divergé de celles de Fulvia. Alors que Fulvia cherchait principalement à sécuriser le pouvoir de Marc Antoine, Lucius adopta un discours aux accents républicains, critiquant l’autoritarisme des triumvirs et plaidant pour la restauration des institutions traditionnelles de la République. Cette rhétorique attira certains sénateurs et Italiens, mais sa coalition restait fragile, minée par des objectifs divergents. Lucius rassembla une armée et s’installa à Pérouse, mais Marc Antoine, retenu en Orient et concentré sur ses campagnes contre les Parthes, ne lui apporta ni soutien militaire ni directives claires. Octavien, bien organisé, assiégea Pérouse en 40 av. J.-C. Après plusieurs mois de siège, Lucius, affamé et abandonné par ses alliés, fut contraint de se rendre. Octavien, dans un geste de clémence stratégique (probablement pour éviter d’aliéner davantage Marc Antoine), épargna Lucius, mais exécuta plusieurs de ses partisans et rasa partiellement Pérouse pour l’exemple. Fin de vie et héritage Après sa défaite, Lucius fut envoyé en Hispanie comme gouverneur ou avec une mission administrative, mais il mourut peu après, vers 40 av. J.-C., dans des circonstances obscures, probablement de causes naturelles ou liées à son exil. Sa mort marqua la fin de son rôle politique, et il resta dans l’ombre de son frère Marc Antoine, dont la carrière domina la scène romaine. Lucius Antonius incarne une figure complexe : un loyaliste de Marc Antoine, mais aussi un acteur politique avec des ambitions et des idéaux propres, flirtant avec une rhétorique républicaine dans une époque dominée par les luttes de pouvoir des triumvirs. Son rôle dans la guerre de Pérouse, bien que marginal dans l’histoire romaine, illustre les tensions et les divisions de cette période charnière, entre République agonisante et montée de l’autocratie.

Quintus Fabius Pictor

Quintus Fabius Pictor Quintus Fabius Pictor (vers 270–200 av. J.-C.) était un sénateur romain et le premier historien connu de Rome, considéré comme le « père de l’histoire romaine ». Membre de la gens patricienne des Fabii, son surnom « Pictor » (peintre en latin) vient de son grand-père, Gaius Fabius Pictor, qui peignit le temple de Salus en 304 av. J.-C. Fabius participa à des campagnes militaires contre les Gaulois (225 av. J.-C.) et probablement à la deuxième guerre punique (218–201 av. J.-C.), notamment à la bataille du lac Trasimène (217 av. J.-C.). En 216 av. J.-C., après la défaite romaine à Cannae, il fut envoyé comme préteur consulter l’oracle de Delphes pour obtenir des conseils divins. Son œuvre principale, une histoire de Rome écrite en grec, couvrait les événements depuis les origines mythiques de la ville (l’arrivée d’Énée en Italie) jusqu’à la deuxième guerre punique. Seuls des fragments subsistent, cités par des auteurs ultérieurs comme Polybe, Tite-Live et Denys d’Halicarnasse. Fabius s’appuya sur des sources romaines comme les Annales Maximi, les chroniques familiales et les traditions orales, ainsi que sur l’historien grec Dioclès de Peparéthos. Son choix du grec visait à toucher un public méditerranéen plus large et à défendre la politique romaine auprès des Grecs. Son œuvre, très pro-romaine, attribuait la responsabilité des guerres puniques à Carthage et idéalisait la République romaine, ce qui lui valut des critiques de Polybe pour partialité. L’histoire de Fabius introduisit les méthodes historiographiques grecques à Rome, les mêlant au traditionalisme romain pour créer une nouvelle forme d’histoire nationale, narrée ab urbe condita (depuis la fondation de la ville). Une version latine de son œuvre a peut-être existé, probablement une traduction ultérieure. Son influence marqua l’historiographie romaine, inspirant des historiens comme Caton l’Ancien. Denier Fabia – Numerius Fabius Pictor

Bituitos

Bituitos Bituitos (ou Bituitus) était un roi des Arvernes, une puissante tribu gauloise dans l’actuelle Auvergne, en France, au IIe siècle avant J.-C. Succédant à son père, Luern, il dirigea les Arvernes et leurs alliés, dont les Allobroges, contre les Romains en 121 avant J.-C. Malgré une armée impressionnante, estimée à 200 000 hommes, il fut vaincu par les généraux romains Domitius Ahenobarbus et Fabius Maximus lors de la bataille du Confluent, près de la confluence du Rhône et de l’Isère. Le nom celtique bitu pourrait signifier « monde ». Après sa défaite, il fut capturé, peut-être par ruse, et exhibé à Rome lors d’un triomphe. Il fut ensuite détenu à Alba. Denier Serratus Pomponia – Lucius Pomponius

Philippe V de Macédoine

Philippe V de Macédoine Philippe V de Macédoine (238–179 av. J.-C.) est un souverain complexe dont le règne, long de 42 ans, reflète à la fois l’éclat et les limites de la Macédoine hellénistique face à l’ascension de Rome. Voici une analyse plus détaillée de son parcours, de ses actions, et de son impact, en s’appuyant sur les sources historiques (principalement Polybe et Tite-Live) et le contexte géopolitique. Contexte et Accession au Trône Né en 238 av. J.-C., Philippe est le fils de Démétrios II Étolikos et de Phthia, une princesse épirote. Orphelin jeune, il grandit sous la tutelle d’Antigone III Doson, qui agit comme régent puis roi. À la mort de ce dernier en 221, Philippe, âgé de 17 ans, hérite d’un royaume stabilisé mais menacé par des voisins ambitieux (Étoliens, Illyriens, Dardaniens) et l’émergence de Rome comme puissance méditerranéenne. Son jeune âge ne l’empêche pas de montrer rapidement des qualités de chef militaire et politique, bien que son tempérament impulsif et parfois cruel marque son règne. Premières Années : Consolidation et Guerre des Alliés (220–217 av. J.-C.) Philippe V débute son règne en affermissant l’autorité macédonienne. La guerre des Alliés, déclenchée par les tensions avec la Ligue étolienne, est son premier test majeur. Alliée à Sparte et à l’Élide, l’Étolie menace les intérêts macédoniens en Grèce. Philippe mène des campagnes rapides et efficaces, notamment en Élide et en Thessalie, démontrant sa maîtrise de la phalange et des tactiques héritées d’Alexandre le Grand. La paix de Naupacte (217) consacre sa victoire, renforçant son influence en Grèce centrale et dans le Péloponnèse, où il soutient la Ligue achéenne contre Sparte. Bust of Philip V of Macedon in Palazzo Massimo (Rome) Première Guerre Macédonienne (216–205 av. J.-C.) La deuxième guerre punique (218–201) offre à Philippe une opportunité stratégique. Fasciné par les succès d’Hannibal contre Rome, il conclut une alliance avec Carthage en 215, espérant profiter de l’affaiblissement romain pour étendre son influence en Illyrie et dans l’Adriatique. Cette décision audacieuse marque le début de son conflit avec Rome. Cependant, la première guerre macédonienne reste indécise : Philippe capture des territoires illyriens, mais sa flotte, inférieure, limite ses ambitions maritimes. Rome, bien que concentrée sur Hannibal, forme une coalition avec la Ligue étolienne, Pergame et Rhodes pour contrer Philippe. Les campagnes, marquées par des escarmouches, ne donnent lieu à aucune bataille décisive. En 205, la paix de Phoinikè met fin au conflit. Philippe conserve ses gains illyriens, un succès relatif, mais Rome prend note de son ambition. Ambitions Méditerranéennes et Deuxième Guerre Macédonienne (200–197 av. J.-C.) Après 205, Philippe cherche à dominer l’Égée et l’Asie Mineure. Il s’engage dans la première guerre crétoise (205–201), attaquant Rhodes et Pergame, deux puissances commerciales. Ses campagnes, notamment le sac de villes grecques, lui aliènent de nombreux alliés et ternissent son image. Polybe critique son « avidité » et sa brutalité, bien que ces actions reflètent les pratiques courantes de l’époque. Ces provocations, combinées à ses intrigues en Grèce (notamment contre Athènes), incitent Rome à intervenir. La deuxième guerre macédonienne (200–197) est un tournant. Philippe affronte une coalition menée par le consul Titus Quinctius Flamininus. En 197, à Cynoscéphales, la phalange macédonienne, rigide sur un terrain accidenté, est écrasée par la légion romaine, plus mobile. La défaite est cuisante : Philippe perd ses possessions grecques (Thessalie, Corinthie, etc.). Il doit payer 1 000 talents à Rome et livrer des otages, dont son fils Démétrios. La Macédoine devient un État vassal de facto. Réformes et Dernières Années (197–179 av. J.-C.) Humilié, Philippe adopte une politique pragmatique pour restaurer la puissance macédonienne : Réformes internes : Il intensifie l’exploitation des mines d’or et d’argent, renforce l’administration et déplace des populations thraces pour repeupler les régions dévastées. Alliance avec Rome : Lors de la guerre contre Antiochos III (192–188), Philippe soutient Rome, regagnant des territoires en Thessalie et en Thrace. Cependant, ses manœuvres pour récupérer des cités grecques irritent le Sénat. Drame familial : Soupçonneux et influencé par son entourage, Philippe fait exécuter son fils Démétrios en 180, accusé de comploter avec Rome. Cette décision, motivée par la rivalité avec son autre fils Persée, le hante jusqu’à sa mort. Philippe meurt en 179 à Amphipolis, épuisé par les campagnes et les tensions internes. Persée, son successeur, héritera d’un royaume plus fort mais incapable de résister à Rome. Personnalité et Héritage Les sources antiques, notamment Polybe (pro-achéen) et Tite-Live (pro-romain), dépeignent Philippe comme un roi talentueux mais impulsif, parfois cruel. Ses contemporains admirent son charisme et son énergie, mais critiquent ses décisions hâtives, comme l’alliance avec Carthage ou l’exécution de Démétrios. Polybe note qu’il aurait pu rivaliser avec Alexandre s’il avait mieux contrôlé ses ambitions. Philippe V incarne la dernière grande tentative macédonienne de préserver l’hégémonie hellénistique face à Rome. Sa défaite à Cynoscéphales symbolise la supériorité militaire romaine et le déclin des royaumes hellénistiques. Son règne, mêlant succès tactiques et erreurs stratégiques, reste une étude fascinante des dynamiques de pouvoir dans l’Antiquité. Denier Marcia – Lucius Marcius Philippus Sources et Approfondissements Sources primaires : Polybe (Histoires, livres 4–18), Tite-Live (Histoire romaine, livres 27–40), Plutarque (Vie de Flamininus). Études modernes : F.W. Walbank, Philip V of Macedon (1940) ; N.G.L. Hammond, A History of Macedonia (1972–1988). Contexte : La Macédoine de Philippe s’inscrit dans la transition entre l’héritage d’Alexandre et la domination romaine, marquée par la montée des fédérations grecques (Ligue achéenne, Ligue étolienne) et des royaumes hellénistiques (Séleucides, Lagides).

Caius Marius

Caius Marius Gaius Marius (c. 157–86 av. J.-C.) était un général et homme d’État romain qui a transformé la République romaine par des réformes militaires et des luttes politiques. Né à Cereatae (aujourd’hui Casamari, Italie) dans une famille modeste, il s’est élevé par son ambition et son talent martial. Ses principales contributions incluent : Réformes militaires : Vers 107 av. J.-C., en tant que consul, Marius a restructuré les légions romaines, ouvrant le recrutement aux citoyens sans terres, créant une armée professionnelle et loyale. Il a standardisé l’équipement, l’entraînement et introduit le système de cohortes, remplaçant la structure manipulaire pour plus de flexibilité. Guerre de Jugurtha : En tant que proconsul (112–105 av. J.-C.), il a vaincu Jugurtha de Numidie, démontrant son génie stratégique et obtenant un triomphe. Guerre cimbrienne : Face aux tribus germaniques (Cimbres et Teutons), il remporta des victoires décisives à Aquae Sextiae (102 av. J.-C.) et Vercellae (101 av. J.-C.), sauvant l’Italie d’une invasion. Carrière politique : Élu consul sept fois (107, 104–100, 86 av. J.-C.), un record, il exerça une influence considérable mais entra en conflit avec le Sénat, notamment avec Sylla. Ses politiques populistes, alignées sur les populares, suscitèrent des tensions. Chute : Sa rivalité avec Sylla… Pseudo-« Marius », copie libre (sans doute époque augustéenne) d’un portrait de Romain important du IIe siècle av. J.-C.

Titus Tatius

Titus Tatius Titus Tatius est une figure centrale des récits mythologiques de la fondation de Rome, connu comme le roi des Sabins de la ville de Cures et, selon la légende, co-roi de Rome avec Romulus. Son rôle est particulièrement mis en avant dans l’épisode de l’Enlèvement des Sabines, un événement clé relaté par des historiens antiques tels que Tite-Live, Denys d’Halicarnasse et Plutarque. D’après la légende, peu après la fondation de Rome, Romulus, confronté à une pénurie de femmes pour assurer la pérennité de la ville, organisa une grande fête à laquelle furent invités les peuples voisins, dont les Sabins. Lors de cet événement, les Romains enlevèrent de force les femmes sabines pour en faire leurs épouses. Furieux de cette trahison, Titus Tatius, en tant que roi des Sabins, déclara la guerre à Rome pour venger cet affront. Il réussit à s’emparer de la colline du Capitole grâce à la trahison de Tarpeia, une jeune Romaine qui, selon certaines versions, ouvrit les portes de la forteresse en échange d’or ou par amour pour Tatius. Cependant, Tarpeia fut ensuite écrasée sous les boucliers des Sabins, soit par mépris pour sa trahison, soit parce qu’ils refusaient de la récompenser. Tatius sur le tableau les Sabines de Jacques-Louis David (Louvre). La guerre entre Romains et Sabins culmina dans une bataille acharnée dans le Forum romain. Alors que le combat faisait rage, les femmes sabines, désormais intégrées aux familles romaines et mères d’enfants romains, s’interposèrent courageusement entre les deux armées. Leur plaidoyer émouvant, implorant la paix pour éviter la destruction mutuelle de leurs pères sabins et de leurs maris romains, mit fin aux hostilités. Cet acte de réconciliation est l’un des moments les plus emblématiques de la mythologie romaine. À la suite de cette paix, Titus Tatius et Romulus conclurent un accord pour gouverner Rome conjointement, fusionnant les populations romaine et sabine en une seule entité politique. Les deux peuples furent appelés Quirites (un terme dérivé de Cures, la ville de Tatius) et partagèrent le pouvoir. Selon la tradition, cette co-régence dura cinq ans, période pendant laquelle plusieurs institutions et pratiques religieuses sabines auraient été intégrées à Rome, comme le culte de certains dieux ou des rituels spécifiques. Cependant, le règne de Tatius prit fin tragiquement : il fut assassiné à Lavinium lors d’un différend avec des alliés romains, apparemment en raison d’une offense liée à un arbitrage qu’il avait rendu. Romulus, pour éviter un nouveau conflit avec les Sabins, choisit de ne pas venger sa mort, et Tatius fut ensuite divinisé, recevant des honneurs religieux. Denier Serratus Vettia – Titus Vettius Sabinus Bien que son histoire soit légendaire et probablement embellie, Titus Tatius symbolise l’union des peuples romain et sabin, un thème central dans la construction de l’identité romaine, qui se présentait comme une synthèse de diverses influences. Certains historiens modernes suggèrent que ces récits reflètent des réalités historiques, comme des alliances ou des conflits entre communautés du Latium archaic, mais les détails restent largement mythologiques.

Paul Émile

Paul Émile Paul Émile (Lucius Aemilius Paulus) Identité : Lucius Aemilius Paulus, membre de la gens Aemilia, une influente famille patricienne romaine. Le nom « Paul Émile » est une traduction française courante de son nom latin, souvent utilisé dans les textes francophones pour désigner ce personnage historique. Vie et carrière : Naissance : Date exacte inconnue, probablement vers 260-270 av. J.-C., dans une famille romaine de haut rang. Première consulat (219 av. J.-C.) : Élu consul pour la première fois, il mena des campagnes militaires dans la région d’Illyrie (actuelle côte adriatique des Balkans) contre les pirates illyriens, consolidant le contrôle romain dans la région. Deuxième consulat (216 av. J.-C.) : Élu à nouveau consul pendant la deuxième guerre punique (218-201 av. J.-C.), une période critique où Rome affrontait Carthage sous le commandement du général Hannibal Barca. Réputation : Connu pour son expérience militaire et son approche prudente, contrairement à son co-consul Gaius Terentius Varro, considéré comme plus impulsif. Bataille de Cannes (216 av. J.-C.) : Contexte : Après les victoires d’Hannibal à la Trébie (218 av. J.-C.) et au lac Trasimène (217 av. J.-C.), Rome mobilisa une armée massive (environ 80 000 hommes) pour écraser l’armée carthaginoise, plus petite (environ 50 000 hommes), dans le sud de l’Italie. Rôle de Paulus : En tant que co-consul, il partageait le commandement avec Varro. Les sources antiques, notamment Tite-Live et Polybe, rapportent des tensions entre les deux consuls. Paulus préconisait la prudence, préférant éviter une confrontation directe sur un terrain choisi par Hannibal, tandis que Varro poussait pour une attaque immédiate. Déroulement : Le 2 août 216 av. J.-C., à Cannes (Pouilles, Italie), Hannibal utilisa une tactique de double enveloppement. Il attira les Romains dans une formation compacte, puis ses ailes (cavalerie numide et gauloise) encerclèrent l’armée romaine. Entre 50 000 et 70 000 soldats romains périrent, dont Paulus lui-même. Mort de Paulus : Selon Tite-Live, Paulus, conscient de la défaite imminente, refusa de fuir et choisit de mourir au combat, incarnant l’idéal romain de courage et de devoir. Cette décision contraste avec Varro, qui survécut et rentra à Rome. Conséquences : Pour Rome : La bataille de Cannes fut l’une des pires défaites de l’histoire romaine, affaiblissant temporairement la République. Cependant, Rome refusa de négocier avec Hannibal, mobilisant de nouvelles armées et adoptant la stratégie de Fabius Maximus (guerre d’usure). Pour Hannibal : Malgré cette victoire éclatante, Hannibal ne parvint pas à briser la résilience romaine ni à prendre Rome elle-même, marquant une limite à son succès stratégique. Héritage de Paulus : Sa mort héroïque renforça son image comme symbole de sacrifice patriotique. Son fils, Lucius Aemilius Paulus Macedonicus, restaura l’honneur familial en remportant la bataille de Pydna (168 av. J.-C.) contre la Macédoine, mettant fin à la troisième guerre macédonienne. Contexte historique : La gens Aemilia était l’une des familles les plus prestigieuses de Rome, produisant plusieurs consuls et généraux. Lucius Aemilius Paulus s’inscrivait dans cette tradition d’excellence militaire et politique. La deuxième guerre punique fut un tournant pour Rome, consolidant son statut de puissance méditerranéenne malgré des revers initiaux comme Cannes. Sources antiques : Polybe (Histoires) : Fournit un récit détaillé de la bataille, louant la discipline d’Hannibal et critiquant l’impétuosité romaine. Tite-Live (Histoire romaine) : Met l’accent sur le contraste entre Paulus et Varro, présentant Paulus comme un commandant sage mais victime des circonstances. Denier Aemilia – Lucius Æmilius Lepidus Paullus

Ancus Marcius

Ancus Marcius Ancus Marcius, quatrième roi légendaire de Rome (règne traditionnel : 642–617 av. J.-C.), occupe une place unique dans la tradition romaine, incarnant un pont entre la piété religieuse de son grand-père, Numa Pompilius, et l’ambition militaire de son prédécesseur, Tullus Hostilius. Fils de Numa Marcius, un proche de Numa Pompilius, il hérita d’une réputation de droiture et de modération, ce qui influença son image dans les récits historiques, notamment ceux de Tite-Live et Denys d’Halicarnasse. Conquêtes et expansion Marcius mena plusieurs campagnes militaires contre les tribus latines et sabines voisines, qui menaçaient la stabilité de Rome. Selon la tradition, il adopta une approche stratégique : avant de déclarer la guerre, il respectait les rituels religieux, comme l’envoi des fetiales (prêtres chargés de négocier ou de déclarer officiellement les hostilités). Ces victoires permirent d’agrandir le territoire romain. L’une de ses réalisations majeures fut la conquête de la côte tyrrhénienne, où il fonda Ostie, à l’embouchure du Tibre. Ce port devint crucial pour le commerce et la défense maritime de Rome, renforçant son influence économique. Il déplaça également les populations vaincues vers Rome, notamment sur la colline de l’Aventin, intégrant ces nouveaux citoyens tout en consolidant la démographie de la ville. Cette politique d’assimilation contribua à la croissance de Rome, mais posa aussi des défis d’intégration sociale. Infrastructures et legs civique Ancus Marcius est célèbre pour ses contributions à l’urbanisation de Rome. Il fit construire le Pons Sublicius, un pont en bois sur le Tibre, qui facilita les échanges commerciaux et militaires entre les deux rives. Ce pont, maintenu selon des rituels religieux stricts, symbolisait le mélange de pragmatisme et de spiritualité de son règne. Il est aussi crédité de la construction de la prison Mamertine (Carcer Tullianum), un cachot destiné aux prisonniers de haut rang, comme les chefs ennemis. Cet édifice reflétait une volonté d’établir un système de justice, même rudimentaire. En outre, il fortifia le Janicule, une colline stratégique à l’ouest du Tibre, pour protéger Rome des invasions. « Ancus-Martius » by Published by Guillaume Rouille (1518?-1589) Denier Marcia – Lucius Marcius Philippus Héritage religieux Fidèle à l’héritage de Numa, Marcius mit un point d’honneur à respecter et codifier les pratiques religieuses. Il renforça le rôle des fetiales et veilla à ce que les déclarations de guerre et les traités soient sanctifiés par des rituels, ce qui donnait une légitimité divine aux actions de Rome. Il aurait également restauré ou entretenu les institutions religieuses établies par son grand-père, consolidant le lien entre la religion et l’État. Une figure semi-légendaire Comme pour les autres rois de Rome, les récits sur Ancus Marcius mêlent histoire et mythologie. Les sources, écrites des siècles plus tard, ont tendance à idéaliser son règne pour en faire un modèle d’équilibre entre guerre et paix, force et piété. Certains historiens modernes suggèrent que des détails, comme la fondation d’Ostie, pourraient être anachroniques, car les preuves archéologiques d’une ville portuaire aussi précoce sont minces. Cependant, son rôle dans l’expansion de Rome et le développement de ses infrastructures reste plausible. Fin de règne Marcius mourut après environ 25 ans de règne, laissant le trône à Lucius Tarquinius Priscus, un étranger qui marqua un tournant dans l’histoire romaine. Sa mort est décrite comme naturelle, sans les drames qui entourent d’autres rois.

Numa Pompilius

Numa Pompilius Numa Pompilius est une figure semi-légendaire de l’histoire romaine, dont l’existence réelle est difficile à confirmer en raison du manque de sources archéologiques ou écrites fiables pour cette période archaïque de Rome (VIIIe siècle av. J.-C.). Les récits sur Numa proviennent principalement d’historiens romains postérieurs, comme Tite-Live (Livy) et Plutarque, qui écrivaient des siècles plus tard, mélangeant faits historiques et mythologie pour glorifier les origines de Rome. Ces récits visaient à donner à la ville une aura de légitimité divine et culturelle. Numa serait né à Cures, une ville sabine, et aurait été choisi comme roi après la mort (ou l’apothéose) de Romulus, le fondateur de Rome. Son élection reflétait un désir d’équilibre entre les Romains et les Sabins, deux peuples fondateurs de la ville après l’épisode de l’enlèvement des Sabines. Contrairement à Romulus, associé à la guerre et à la fondation militaire, Numa est présenté comme un roi pacifique, un législateur et un réformateur spirituel. Réformes Attribuées à Numa Numa est crédité de nombreuses innovations qui ont façonné les institutions religieuses, sociales et politiques de Rome. Voici un aperçu détaillé : Réformes Religieuses : Pontifex Maximus : Numa aurait créé ce poste de grand prêtre, chargé de superviser les rites religieux et d’interpréter les volontés divines. Ce rôle devint central dans la politique romaine ultérieure. Collèges sacerdotaux : Les Fétiaux : Prêtres responsables des relations internationales, notamment pour déclarer les guerres et conclure les traités selon des rituels sacrés. Les Saliens : Prêtres dédiés au culte de Mars, effectuant des danses rituelles armées pour protéger la cité. Les Vestales : Bien que leur origine soit débattue, Numa est parfois crédité d’avoir organisé le culte de Vesta, avec les vierges vestales chargées de maintenir le feu sacré de Rome. Culte de divinités : Numa introduisit ou formalisa le culte de divinités comme Janus (dieu des commencements et des transitions) et Jupiter, renforçant la piété romaine. Guidance divine : Selon la légende, Numa recevait des conseils de la nymphe Égérie, qui lui transmettait des savoirs divins dans un bois sacré près de Rome. Cette relation mystique renforçait son image de roi inspiré par les dieux. Réforme du Calendrier : Avant Numa, le calendrier romain était basé sur un cycle de 10 mois, commençant en mars. Numa ajouta janvier et février, créant un calendrier de 12 mois plus proche du cycle lunaire, avec environ 355 jours. Pour corriger les décalages, des mois intercalaires étaient parfois insérés. Il attribua des significations religieuses aux jours, distinguant les dies fasti (jours propices aux affaires publiques) des dies nefasti (jours réservés aux rites religieux). Organisation Sociale et Civique : Numa divisa la population en guildes (corporations de métiers, comme les artisans ou les musiciens), favorisant la spécialisation et la cohésion sociale. Il organisa les citoyens en tribus, jetant les bases des structures administratives et électorales de Rome. Il encouragea la construction de temples et de lieux publics, renforçant le sentiment d’unité civique. Politique de Paix : Numa évita les conflits militaires, contrastant avec le règne belliqueux de Romulus. Selon Plutarque, il ferma les portes du temple de Janus (symbole de guerre) pendant tout son règne, une rare période de paix dans l’histoire romaine. Il utilisa la religion pour apaiser les tensions internes et consolider l’unité entre Romains et Sabins. Mythe et Symbolisme Numa est souvent dépeint comme l’archétype du roi-philosophe, un modèle de vertu opposé à l’image martiale de Romulus. Sa relation avec Égérie, une figure divine, le place dans une tradition de dirigeants inspirés par les dieux, comparable à Moïse recevant les tables de la Loi ou à d’autres figures mythiques. Cette connexion divine servait à légitimer ses réformes et à ancrer la religion dans la vie romaine. Les Romains ultérieurs voyaient en Numa un idéal de piété et de modération. Son règne est souvent idéalisé comme un âge d’or de simplicité et de moralité, contrastant avec les luttes de pouvoir des périodes républicaines et impériales. Perspectives Historiques Modernes Les historiens modernes, comme Mary Beard ou Gary Forsythe, adoptent une approche critique envers les récits sur Numa. Voici quelques points clés : Manque de preuves : Les récits sur Numa datent de plusieurs siècles après son supposé règne, et les premières annales romaines ont été perdues ou embellies. Les détails de sa vie sont probablement des reconstructions mythologiques. Propagande romaine : Les histoires de Numa servaient à glorifier les origines de Rome et à justifier ses institutions religieuses et politiques. Par exemple, lier le calendrier à Numa renforçait l’idée d’une Rome éternelle. Influences externes : Certaines réformes attribuées à Numa, comme le calendrier ou les collèges sacerdotaux, montrent des parallèles avec les cultures étrusques ou grecques, suggérant des influences culturelles plus larges. Cependant, même si Numa est plus mythique qu’historique, son rôle dans la tradition reflète l’importance accordée par les Romains à la religion et à l’ordre social dans leur identité collective. Héritage Numa Pompilius reste une figure emblématique de l’histoire romaine, symbolisant la transition de Rome d’une communauté guerrière à une société structurée par des lois et des rites. Son image a influencé la littérature et la pensée politique, notamment à la Renaissance, où des auteurs comme Machiavel citaient Numa comme un exemple de dirigeant sage utilisant la religion pour gouverner. Denier Pompée – Cnæus Calpurnius Piso

Vercingétorix

Vercingétorix Vercingétorix (vers 82–46 av. J.-C.) était un chef gaulois de la tribu des Arvernes qui mena une révolte majeure contre les forces romaines lors des guerres des Gaules de Jules César (58–50 av. J.-C.). Son nom, signifiant « grand roi guerrier » ou « roi des super-guerriers » en gaulois, reflète son rôle de leader unificateur. Né dans l’actuelle Auvergne, en France, il était le fils de Celtillus, un chef arverne exécuté pour avoir cherché à dominer la Gaule. En 52 av. J.-C., Vercingétorix parvint à unir les tribus gauloises, souvent divisées, pour résister à la conquête romaine. Expulsé de Gergovie par son oncle et d’autres nobles réticents à défier Rome, il rallia les classes populaires, s’empara de Gergovie et fut proclamé roi. Il imposa une discipline stricte, utilisa des otages pour garantir la loyauté et forgea des alliances avec des tribus comme les Carnutes et les Bituriges. Ses tactiques incluaient la guérilla, la politique de la terre brûlée (détruire les ressources pour priver les Romains) et le repli dans des oppida fortifiés. Il épargna la capitale des Bituriges, Avaricum, à leur demande, mais César l’assiégea et la captura, massacrant près de 40 000 habitants. Statère d’or de -52, issu du trésor de Pionsat, Puy-de-Dôme, au nom de Vercingétorix, mais figurant probablement le dieu Apollon – musée d’archéologie nationale. Vercingétorix remporta une victoire notable à la bataille de Gergovie, repoussant les forces de César et gagnant le soutien des Éduens. Cependant, sa décision d’attaquer l’armée de César en retraite près de Dijon aboutit à une défaite de sa cavalerie, le forçant à se replier sur Alésia. Lors de la bataille d’Alésia (septembre 52 av. J.-C.), César assiégea les efforts d’une coalition gauloise venue en renfort, estimée à 100 000 hommes selon César (chiffre probablement exagéré), Vercingétorix ne put briser le siège. Affamés et épuisés, ses hommes furent vaincus. En octobre 52 av. J.-C., Vercingétorix se rendit à César, dans un geste souvent décrit comme théâtral : selon Plutarque et Dion Cassius, il déposa ses armes aux pieds de César, bien que César lui-même, dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules, reste vague sur les détails. Cette reddition marqua la fin de la résistance gauloise organisée. Vercingétorix fut emmené à Rome, où il fut emprisonné dans le cachot du Tullianum pendant près de six ans. En 46 av. J.-C., lors du triomphe de César, il fut exhibé dans le cortège, puis exécuté, probablement par strangulation, selon la coutume romaine. Son sacrifice devint un symbole de la lutte pour la liberté. Denier Hostilia – Lucius Hostilius Saserna Héritage Vercingétorix est devenu une figure emblématique de l’identité française, particulièrement au XIXe siècle sous Napoléon III, qui en fit un héros national pour renforcer le sentiment patriotique. Une statue monumentale de Vercingétorix, sculptée par Bartholdi, fut érigée à Alésia en 1865. Aujourd’hui, il est célébré comme un symbole de résistance face à l’oppression, bien que les sources romaines, notamment César, soient les principales à relater ses exploits, ce qui pose des questions sur l’objectivité des récits. Aucun texte gaulois n’a survécu pour offrir une perspective alternative.