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Apollon Vejovis : Le Dieu aux Deux Visages de la Rome Antique

Apollon Vejovis : Le Dieu aux Deux Visages de la Rome Antique Le nom d’Apollon évoque instantanément l’éclat de Delphes, la lyre harmonieuse et le Soleil. Pourtant, la mythologie romaine nous offre un portrait bien plus nuancé à travers la figure d’Apollon Vejovis (ou Vediovis). Moins connu que son homologue grec ou l’Apollon Medicus (Médecin) de Rome, Vejovis est une divinité complexe, aux racines antiques et aux attributs énigmatiques. Qui était ce dieu insaisissable ? Pourquoi est-il souvent dépeint comme l’inverse de Jupiter ? Plongeons dans l’histoire de ce dieu qui mêle la lumière d’Apollon à l’ombre d’une force primitive.   Les Racines Obscures de Vejovis   Avant d’être associé à Apollon, Vejovis (littéralement l’« anti-Jove » ou « petit Jove ») était une divinité romaine d’origine sabine ou étrusque (sous le nom de Veive). Une Nature Ambiguë : Les sources antiques, comme Aulu-Gelle, peignent Vejovis comme une force négative ou l’inverse de Jupiter, un dieu que l’on vénérait pour apaiser sa colère plutôt que pour solliciter son aide. Les Attributs de la Colère : Il est souvent représenté sous les traits d’un jeune homme tenant un faisceau de flèches destinées à nuire, ce qui rappelle le rôle d’Apollon, qui, malgré son titre de guérisseur, pouvait aussi propager la peste avec ses traits. Le Sacrifice Rituel : Pour l’apaiser, on lui sacrifiait rituellement une chèvre, animal souvent représenté à ses côtés. Ce sacrifice était parfois décrit comme fait « à la place d’un être humain » (ritu humano), soulignant la dimension chthonienne et potentiellement dangereuse du dieu. Denier Caesia – Lucius Cæsius L’Assimilation à Apollon   C’est sous l’influence grecque que l’assimilation s’opère. En raison de leur jeunesse, de l’arc et des flèches comme attribut commun, et de leur statut de dieu guérisseur (Apollon Medicus), Vejovis est progressivement identifié à Apollon. Le Jeune Jupiter : Le poète Ovide le décrit comme un « jeune Jupiter sans foudre ». Cette jeunesse, combinée à l’arc, justifiait l’assimilation à Apollon. Maître des Forces Cachées : En tant qu’Apollon Vejovis, il représente la face sombre ou primitive du dieu solaire. Certains auteurs le considèrent comme le maître des volcans, des marais et des tremblements de terre, des forces profondes et cachées, le comparant même à Pluton, le dieu des Enfers. Protecteur de l’Asile : Son temple le plus célèbre à Rome se trouvait sur le Capitole, dans l’enceinte de l’Asylum, le bois sacré qui servait de refuge entre les deux sommets de la colline.   Témoignages Numismatiques   Les monnaies romaines sont l’une de nos meilleures sources pour visualiser Apollon Vejovis, notamment à travers les deniers républicains : Représentation sur les Monnaies Interprétation Buste lauré d’Apollon Vejovis Jeune dieu, souvent avec une aura de lumière. Foudre (ou fulmen) Attribut de Jupiter, soulignant son lien, mais aussi son opposition, à la puissance céleste suprême. Génie Ailé sur la Chèvre Amalthée Une autre monnaie montre le Génie du dieu enfant monté sur la chèvre Amalthée. Ce symbole lie le culte de Vejovis à la naissance de Jupiter (nourri par la chèvre)..   Conclusion : Un Dieu d’Équilibre Subtil   Apollon Vejovis incarne parfaitement la manière dont les Romains adaptaient et complexifiaient les divinités. Il n’est pas seulement le dieu de la lumière ; il est la lumière face à ses propres forces obscures, le guérisseur capable de propager la maladie, le jeune archer qui contrôle à la fois la vie et les forces souterraines. Étudier Apollon Vejovis, c’est reconnaître la profondeur du panthéon romain et son effort pour donner une place aux divinités primitives qui rappellent que la puissance divine n’est jamais uniquement bienveillante, mais nécessite respect et apaisement.

Nerio

Nerio Nerio, dans la mythologie romaine, est une divinité sabine peu documentée mais fascinante, incarnant la force vitale, la bravoure et l’énergie guerrière. Son nom, dérivé de la racine indo-européenne *ner- (« force, vigueur »), reflète son essence. Associée étroitement à Mars, dieu de la guerre, Nerio est parfois décrite comme sa parèdre (compagne divine) ou épouse, bien que certaines sources mentionnent aussi Moles dans ce rôle. Cette relation souligne son importance dans le panthéon guerrier romain, où elle symbolise la vaillance qui complète l’aspect martial de Mars. Rôle et culte Nerio apparaît dans des textes anciens, notamment chez Aulu-Gelle (Nuits attiques, XIII, 23), qui rapporte une anecdote où un prêtre romain invoque « Mars et Nerio » ensemble, confirmant leur lien cultuel. Son culte, probablement d’origine sabine, était lié aux rituels guerriers et aux cérémonies printanières dédiées à Mars, comme le tubilustrium (23 mars) ou le quincatrus (19 mars). Ces fêtes impliquaient des purifications d’armes, des danses martiales par les Saliens (prêtres de Mars), et parfois l’offrande de dépouilles ennemies (spolia opima) à Nerio, en tant que réceptacle de la gloire guerrière. Assimilation et déclin Avec l’évolution du panthéon romain et l’influence grecque, Nerio fut progressivement assimilée à d’autres déesses. Elle partage des traits avec Bellone, déesse de la guerre frénétique, et Minerve, déesse de la stratégie militaire. Cette fusion a contribué à l’effacement de son identité distincte, surtout à partir de l’époque républicaine tardive. À mesure que Rome adoptait des divinités étrangères comme Vénus (associée à Mars dans un rôle plus amoureux), Nerio perdit de sa prominence. Son culte, ancré dans les traditions sabines et archaïques, s’estompa face à ces évolutions. Sources et interprétations Les sources primaires sur Nerio sont rares et fragmentaires : Aulu-Gelle (Nuits attiques) mentionne son lien avec Mars et son rôle dans les invocations. Plaute (Truculentus) fait référence à Nerio dans un contexte guerrier, suggérant sa reconnaissance dans la culture populaire. Tite-Live et Ovide n’évoquent pas directement Nerio mais décrivent des rituels martiaux où elle aurait pu être honorée. Les historiens modernes, comme Georges Dumézil, analysent Nerio dans le cadre de la triade indo-européenne (souveraineté, guerre, fertilité), plaçant Nerio dans la fonction guerrière aux côtés de Mars. Son rôle pourrait aussi refléter une vision romaine de la guerre comme équilibre entre force brute (Nerio) et stratégie (Minerve). Distinction avec Nérée Il est crucial de ne pas confondre Nerio avec Nérée (Nereus), le « vieillard de la mer » grec, père des Néréides. Bien que leurs noms semblent proches, Nérée est lié à l’élément aquatique (*ner- signifiant « humide » dans ce contexte), tandis que Nerio est strictement martiale. Anecdote culturelle Dans la littérature romaine, Nerio incarne une vision idéalisée de la virilité et du courage, des valeurs centrales pour les Sabins et les premiers Romains. Une légende raconte que les Sabins, après leur intégration à Rome, auraient introduit Nerio pour renforcer l’identité guerrière de la jeune cité. Son lien avec Mars pourrait aussi symboliser l’union entre les peuples sabin et latin, Mars étant une divinité partagée. Denier Gellia – Cnæus Gellius

Janus

Janus Janus, dans la mythologie romaine, est une divinité complexe et fondamentale, associée aux commencements, aux fins, aux transitions, au temps et à la dualité. Représenté avec deux visages, parfois quatre dans certaines versions, il regarde simultanément le passé et l’avenir, incarnant le seuil entre ce qui fut et ce qui sera. Son nom dérive probablement du latin ianua (porte) ou ire (aller), soulignant son rôle de gardien des passages, qu’ils soient physiques (portes, arches) ou abstraits (nouveaux cycles, changements de vie). Rôle et symbolisme Janus est le dieu des seuils et des transitions, qu’il s’agisse de l’entrée dans une nouvelle année, du début d’une guerre, d’un mariage, d’une naissance ou de la saison des semailles. Il symbolise le moment liminal, l’instant où l’on passe d’un état à un autre. Contrairement à de nombreux dieux romains, Janus n’a pas d’équivalent direct dans la mythologie grecque, ce qui en fait une figure typiquement romaine. Il est également associé à l’ordre cosmique, car il est dit avoir régné sur le Latium à l’âge d’or, avant l’arrivée des autres dieux. Dans les rituels, Janus était invoqué en premier, avant même Jupiter, car il ouvrait la voie aux autres divinités. Les Romains lui offraient des sacrifices, notamment du vin, des gâteaux de farine (strues) et de l’encens, pour marquer le début de toute entreprise importante. Le mois de janvier (Ianuarius), qui marque le renouveau de l’année, lui est dédié. Mythes et origines Les origines de Janus sont floues, car il apparaît comme une divinité ancienne, antérieure à l’influence grecque. Selon certains mythes, il était un roi mortel du Latium qui, après sa mort, fut divinisé pour sa sagesse et sa bienveillance. Une légende raconte qu’il accueillit Saturne, chassé par Jupiter, et régna avec lui dans une ère de prospérité. Une autre histoire le lie à la fondation de Rome : Janus aurait protégé le Tibre et aidé à établir la ville. Son caractère double est parfois interprété comme une représentation de la dualité inhérente à la vie : guerre et paix, chaos et ordre, commencement et fin. Certains textes le décrivent comme le créateur du monde, le divom deus (dieu des dieux), car il préside au début de toute chose. Buste romain de Janus, Musée du Vatican Le temple de Janus Le temple de Janus à Rome, situé dans le Forum, est l’un des symboles les plus connus associés au dieu. Ce sanctuaire, appelé Ianus Geminus (Janus Double), était une structure rectangulaire avec deux portes opposées. Selon la tradition, ces portes restaient ouvertes en temps de guerre, symbolisant le passage des armées, et fermées en temps de paix. La fermeture des portes était un événement rare et célébré, car les guerres étaient fréquentes dans l’histoire romaine. Sous l’empereur Auguste, par exemple, les portes furent fermées à plusieurs reprises pour marquer des périodes de paix. Denier Furia – Marcus Furius Philus Représentations et culte Janus est souvent représenté avec deux visages barbus, parfois jeunes, parfois âgés, tenant une clé (symbole de l’ouverture) ou un bâton (symbole de l’autorité). Dans l’art romain, il apparaît sur des pièces de monnaie, des bas-reliefs et des statues. Son culte était particulièrement important dans la Rome antique, où il était vu comme un protecteur de la cité et de ses transitions. Son épouse, parfois mentionnée, est la nymphe Juturna, associée aux sources et aux fontaines, bien que d’autres textes citent des partenaires comme Camese ou Carna. Janus est aussi lié à des divinités mineures des seuils et des passages, comme Portunus (dieu des ports) ou Tibérinus (dieu du Tibre). Importance culturelle Janus incarne une vision romaine du temps et du changement, où le passé et l’avenir sont indissociables. Sa dualité reflète la mentalité romaine, pragmatique mais profondément attachée aux rituels et aux cycles. Aujourd’hui, son image perdure dans l’expression « à double face » ou dans des concepts comme le « janusisme », qui désigne une attitude ambivalente ou contradictoire.

Lares

Lares Dans la mythologie romaine, les Lares (en latin Lares) sont des divinités protectrices associées au foyer, à la famille et aux lieux spécifiques comme la maison, les champs ou les carrefours. Ils sont souvent considérés comme des esprits bienveillants des ancêtres ou des gardiens divins. Points clés sur les Lares : Rôle et fonction : Les Lares protègent le foyer domestique (Lares familiares), les espaces publics (Lares compitales), les routes (Lares viales), ou encore l’État (Lares praestites). Ils veillent sur la prospérité, la sécurité et la continuité de la famille ou de la communauté. Types de Lares : Lares familiares : Associés à la maison, honorés dans un petit sanctuaire domestique appelé lararium. Chaque famille leur offrait des prières et des offrandes (fleurs, vin, encens, nourriture). Lares compitales : Protecteurs des quartiers et des carrefours, vénérés lors des fêtes comme les Compitalia. Lares praestites : Gardiens de la cité de Rome. Lares viales : Protecteurs des voyageurs et des chemins. Représentation : Les Lares sont souvent représentés comme de jeunes hommes dansant ou portant des vêtements courts, parfois tenant une coupe ou une corne d’abondance (cornucopia). Ils sont fréquemment associés aux Pénates, autres divinités du foyer, mais les Lares sont plus spécifiquement liés à la protection spirituelle. Culte et rituels : Les Romains rendaient un culte quotidien aux Lares dans le lararium, souvent placé dans l’atrium ou la cuisine. Les offrandes étaient modestes mais régulières, renforçant le lien entre la famille et ses protecteurs. Les esclaves et les affranchis pouvaient également participer au culte, les Lares symbolisant l’unité de la maisonnée. Lare de bronze du ie siècle (M.A.N., Madrid) Denier Caesia – Lucius Cæsius Origine et mythologie : Leur origine est floue, mais ils pourraient être liés aux esprits des ancêtres défunts ou à des divinités agraires primitives. Une légende raconte que les Lares sont nés de la nymphe Lara (ou Larunda) et du dieu Mercure. Importance culturelle : Les Lares incarnaient l’idée romaine de piété (pietas) et de respect envers les traditions familiales et communautaires. Leur culte a perduré jusqu’à la christianisation de l’Empire romain, où ils ont été progressivement remplacés par des figures chrétiennes.

Amphinomos

Amphinomos Dans L’Odyssée, Amphinomos (en grec Ἀμφίνομος, signifiant « qui paît tout autour ») est l’un des prétendants de Pénélope, l’épouse d’Ulysse. Il est prince de Dulichium, fils du roi Nisos, et se distingue parmi les prétendants par son comportement relativement correct et son bon sens. Par exemple, il tente à deux reprises de dissuader les autres prétendants de comploter pour tuer Télémaque, le fils d’Ulysse, ce qui montre une certaine conscience morale. Ulysse lui-même, déguisé en mendiant, l’avertit de quitter le palais et d’abandonner la cause des prétendants, pressentant le désastre à venir. Cependant, Athéna, la déesse qui guide la vengeance d’Ulysse, s’assure qu’Amphinomos reste, scellant ainsi son destin. Lors de l’affrontement final, quand Ulysse révèle son identité et commence le massacre des prétendants, Amphinomos est tué par Télémaque d’un coup de lance. Dans la mythologie et les récits locaux siciliens, Amphinomos et Anapias sont deux frères associés à la ville de Catane, en Sicile. Selon la légende, lors d’une éruption du mont Etna, ils sauvèrent leurs parents en les portant sur leurs épaules pour les mettre à l’abri des coulées de lave. Amphinomos aurait porté son père, tandis qu’Anapias portait leur mère. Leur piété filiale et leur courage furent célébrés, et cette histoire est devenue un symbole de dévouement familial. Les versions varient, mais certaines disent que les flammes s’écartèrent miraculeusement pour les laisser passer, ou qu’ils périrent finalement après avoir sauvé leurs parents. Denier Herennia – Marcus Herennius

Pénates

Pénates Les Pénates tirent leur nom du mot latin penus, qui désigne le garde-manger ou les provisions stockées dans une maison, symbolisant l’abondance et la survie de la famille. Leur rôle est d’assurer la prospérité matérielle et spirituelle du foyer. Bien que leur origine exacte soit floue, ils sont profondément enracinés dans la religion romaine archaïque, qui accordait une grande importance aux divinités domestiques. Selon la légende, les Pénates auraient des racines troyennes. Dans l’Énéide de Virgile, Énée, fuyant Troie en flammes, emporte avec lui les Pénates de la ville, symboles de la continuité de son peuple. Ces Pénates, sous forme de statuettes sacrées, sont considérés comme des protecteurs divins qui guident Énée vers l’Italie pour fonder une nouvelle patrie, qui deviendra Rome. Une fois à Lavinium (une des premières étapes d’Énée en Italie), les Pénates auraient été vénérés, puis transférés à Rome, où ils deviennent les Pénates publics, abrités dans le temple de Vesta sur le Forum romain. Évocation de l’arrivée d’Énée en Italie. Les Pénates de Troie sont abrités dans un temple situé à gauche au-dessus des rochers – bas-relief de l’autel de la Paix Auguste à Rome Rôle et symbolisme Pénates domestiques : Chaque foyer romain avait ses propres Pénates, souvent représentés par deux petites figurines (parfois anthropomorphes, parfois abstraites) placées dans un petit sanctuaire domestique (lararium). Ils étaient invoqués lors des repas et des rituels familiaux pour garantir la prospérité, la santé et la cohésion familiale. Les Pénates étaient si intimement liés à la maison qu’on disait qu’ils « suivaient » une famille en cas de déménagement. Pénates publics : À l’échelle de l’État, les Pénates représentaient la pérennité et la légitimité de Rome. Ils étaient associés à la survie de la communauté et à la protection divine de l’État. Leur lien avec Troie renforçait l’idée d’une continuité entre l’ancienne cité et la grandeur romaine. Les Pénates étaient souvent associés à d’autres divinités domestiques : Les Lares, qui protégeaient le foyer et les limites de la propriété. Vesta, déesse du feu sacré et du foyer, dont le culte public était étroitement lié aux Pénates publics. Culte et pratiques Le culte des Pénates était à la fois privé et public : Dans le foyer : Les Romains rendaient un culte quotidien aux Pénates, souvent par des offrandes simples comme du pain, du vin, des fruits ou de l’encens. Lors des repas, une petite portion de nourriture était parfois mise de côté pour eux. Les Pénates étaient invoqués lors d’événements familiaux importants (mariages, naissances, décès) pour bénir la famille. Dans l’État : Les Pénates publics étaient vénérés par les prêtres et les magistrats dans le temple de Vesta. Leur culte était particulièrement important lors de crises ou de transitions politiques, car ils symbolisaient la stabilité de Rome. Les Vestales, gardiennes du feu sacré, jouaient un rôle clé dans leur protection. Les Pénates n’étaient pas des divinités individualisées avec des récits mythologiques complexes, comme Jupiter ou Mars. Leur pouvoir résidait dans leur présence discrète mais essentielle, incarnant la sécurité et la continuité. Représentations et iconographie Les Pénates étaient souvent représentés comme : De petites statuettes en bois, en bronze ou en terre cuite, parfois abstraites ou prenant la forme de jeunes hommes (peut-être en écho à des divinités comme les Dioscures, Castor et Pollux). Dans l’art, ils apparaissent rarement seuls, mais on les trouve parfois dans des scènes domestiques ou mythologiques, comme Énée portant les Pénates hors de Troie. Leur apparence variait selon les foyers et les époques, car chaque famille pouvait personnaliser ses Pénates. Les Pénates publics, en revanche, étaient des objets sacrés dont la forme exacte reste mystérieuse, car leur accès était réservé aux prêtres. Importance culturelle Les Pénates reflètent des valeurs fondamentales de la société romaine : La famille : En protégeant le foyer, ils incarnaient l’importance de la domus (maison) comme noyau de la société. La continuité : Leur lien avec Troie et leur rôle dans la fondation de Rome soulignaient l’idée d’une destinée divine pour la cité. La piété : Le culte des Pénates était un acte de pietas (devoir religieux et familial), une vertu centrale pour les Romains. Ils étaient si intégrés à la vie quotidienne que l’expression « revenir à ses Pénates » signifiait rentrer chez soi, un usage qui perdure dans certaines langues modernes (comme en français). Denier Antia – Caius Antius Restio Textes anciens et sources Pour explorer les Pénates, les sources littéraires clés incluent : Virgile, Énéide : Livre II décrit Énée sauvant les Pénates de Troie ; Livre III montre leur rôle dans la quête d’une nouvelle patrie. Tite-Live, Histoire romaine : Mentionne les Pénates publics en lien avec les origines de Rome. Ovide, Fastes : Décrit certains aspects du culte domestique et public.

Vulcain

Vulcain Vulcain (Vulcanus en latin) est le dieu romain du feu, des volcans, de la forge et le patron des forgerons. Équivalent du dieu grec Héphaïstos, il incarne le feu bienfaisant, source des industries humaines, et le feu destructeur qu’il peut maîtriser ou déchaîner, surnommé mitis (le doux) ou quietus (le tranquille) pour sa capacité à éteindre les incendies. Fils de Jupiter et Junon, il est souvent décrit comme difforme et boiteux, rejeté à la naissance par sa mère ou précipité de l’Olympe par Jupiter, tombant sur l’île de Lemnos ou dans la mer, où il est recueilli par les nymphes Thétis et Eurynomé. Attributs et rôle Symboles : Marteau, tenailles, enclume, vêtu d’une exomide (tunique d’ouvrier) et coiffé d’un pileus (bonnet conique).  Forge : Située sous l’Etna ou dans les îles Éoliennes (notamment Vulcano, d’où le terme « volcan »), il y fabrique armes, bijoux et foudres pour Jupiter, aidé des Cyclopes.  Rôle : Protecteur des forgerons et artisans, il est aussi associé à la foudre, aux gaz volcaniques et aux incendies estivaux. Sa fonction de forgeron découle de son assimilation à Héphaïstos. Mythes principaux Naissance et rejet : Né laid et difforme, Junon, honteuse, le jette de l’Olympe. Recueilli par Thétis et Eurynomé, il apprend la forge dans une grotte sous-marine, créant des bijoux splendides. Une autre version attribue sa chute à Jupiter, furieux de son soutien à Junon, le rendant boiteux.  Vengeance contre Junon : Pour punir sa mère, Vulcain lui offre un trône d’or piégé qui l’immobilise. Il ne la libère qu’en échange de la main de Vénus, la déesse de la beauté.  Mariage avec Vénus : Marié à Vénus, il est trompé par elle avec Mars. Jaloux, il les piège dans un filet métallique invisible, exposant leur adultère aux rires des dieux.  Progéniture : Père de nombreux enfants, souvent illégitimes, comme les Cabires (avec la nymphe Cabeirô), les dieux Paliques (avec la nymphe Etna), Cacus, Caeculus (fondateur de Préneste) et Servius Tullius. Vulcain portant la tunique et le bonnet conique des artisans, bronze romain du ier siècle ap. J.-C., musée des Beaux-Arts de Lyon Culte et fêtes Volcanalia (23 août) : Fête annuelle pour apaiser Vulcain et protéger les récoltes des incendies. Les Romains jetaient des poissons vivants dans le feu en sacrifice (Ludi Piscatorii).  Vulcanal : Sanctuaire près du Capitole, contenant un arbre sacré et des statues, et un temple sur le Champ de Mars, hors de la ville pour des raisons de sécurité.  Flamine : Vulcain avait un prêtre dédié, signe de son importance. Origines et étymologie Origines : Dieu ancien, peut-être étrusque (lié à Velchans) ou méditerranéen, introduit à Rome par Titus Tatius ou Romulus. Certains le rattachent au Tibre ou à Ostie.  Nom : Deux hypothèses : dérivé de l’étrusque Velchans via le crétois Welkhanos (qualificatif de Zeus) ou de wļkā- (« éclat lumineux »), signifiant « maître de l’éclat ». Denier Serratus Aurelia – Lucius Aurelius Cotta Parèdres et associations Compagnes : Junon, Maia (déesse de la croissance, assimilée à la Terre), Ops, Vesta ou Vénus. Stata Mater, double de Vesta, incarne la stabilité du feu.  Liens culturels : Assimilé à Héphaïstos, il hérite de ses mythes, mais conserve une dimension romaine liée au feu destructeur et protecteur.  Vulcain est une figure complexe, à la fois créateur et destructeur, vénéré pour sa maîtrise du feu et craint pour sa puissance. Son culte, ancré dans la vie romaine, reflète l’importance du feu dans la civilisation antique.

Priape

Priape Dans la mythologie grecque et romaine, Priape est une divinité mineure associée à la fertilité, à la virilité, aux jardins et à la protection des cultures. Voici un résumé de son mythe et de son rôle : Origine et généalogie Priape est généralement considéré comme le fils de Dionysos (dieu du vin) et d’Aphrodite (déesse de l’amour), bien que certaines versions mentionnent d’autres parents, comme Hermès ou Zeus. Sa naissance est souvent liée à une malédiction : selon une légende, Héra, jalouse d’Aphrodite, maudit Priape dans le ventre de sa mère, le dotant d’un phallus démesurément grand et d’une apparence grotesque, ce qui le rend à la fois comique et repoussant. Caractéristiques et rôle Symbole de fertilité : Priape est avant tout une divinité agraire, protectrice des jardins, des vergers, des vignes et des troupeaux. Son image, souvent représentée sous forme de statues ithyphalliques (avec un phallus en érection), était placée dans les champs pour encourager la fertilité et éloigner les voleurs ou les mauvais esprits. Protecteur et gardien : On lui attribuait un rôle de gardien des espaces cultivés, et ses statues servaient à marquer les limites des propriétés tout en effrayant les intrus. Aspect comique : Dans la littérature, notamment romaine, Priape est souvent dépeint comme un personnage burlesque, vaniteux et frustré, incapable de satisfaire ses désirs malgré son apparence hyper-virile. Les Priapées, recueils de poèmes romains, le mettent en scène dans des situations humoristiques ou satiriques. Mythes principaux L’un des récits les plus connus concerne son rejet par les autres dieux. À cause de son apparence monstrueuse, Priape fut banni de l’Olympe et relégué à la campagne, où il devint un dieu rustique. Une autre histoire raconte sa tentative de séduire la nymphe Lotis (ou la déesse Vesta dans certaines versions) pendant son sommeil, mais il fut trahi par le braiement d’un âne, ce qui le ridiculisa. Fresque de Priape dans la Maison des Vettii à Pompéi Denier Titia – Quintus Titius Culte et représentations Culte : Priape était vénéré dans des sanctuaires ruraux, notamment à Lampsaque (en Asie Mineure), considérée comme son lieu de culte principal. Les offrandes incluaient des fruits, des fleurs ou des légumes, symboles de la fertilité. Iconographie : Il est représenté comme un homme barbu, souvent grotesque, avec un phallus surdimensionné, tenant des outils agricoles ou des fruits. Ses statues étaient courantes dans les jardins romains. Symbolisme Priape incarne une vision ambivalente de la sexualité et de la fertilité : à la fois source de vie et objet de moquerie. Son culte reflète l’importance de la fertilité dans les sociétés agraires, mais aussi une approche ludique et parfois ironique des thèmes sexuels dans la culture gréco-romaine.

Silène

Silène Dans la mythologie grecque, Silène (ou Silenus, Σειληνός en grec) est une figure associée au vin, à l’ivresse et à la sagesse rustique. Il est généralement représenté comme un satyre âgé, jovial, chauve, barbu et bedonnant, souvent ivre et chevauchant un âne. Silène est un compagnon proche de Dionysos, le dieu du vin, de la fête et de l’extase, et est parfois décrit comme son précepteur ou père adoptif. Aspects principaux de Silène dans la mythologie : Rôle et caractéristiques : Silène est le chef des satyres, créatures mi-humaines, mi-chèvres, connues pour leur amour de la musique, de la danse et de la débauche. Il incarne l’esprit de l’indulgence, mais possède également une sagesse profonde, souvent révélée lorsqu’il est ivre. Cette dualité en fait un personnage complexe, mêlant sottise et perspicacité. Il est souvent représenté dans l’art comme ivre, ayant besoin de soutien ou montant un âne, avec une outre de vin à la main. Histoires mythologiques : Le roi Midas : Une célèbre légende raconte que Silène, errant ivre, arrive dans le royaume de Midas en Phrygie. Midas le traite avec bienveillance et le ramène à Dionysos, qui, en signe de gratitude, accorde à Midas le célèbre toucher d’or. Sagesse prophétique : Dans certaines histoires, Silène est capturé et forcé de partager sa sagesse. Il déclare notamment que le meilleur sort pour les humains est « de ne pas naître du tout, et le second meilleur est de mourir vite », reflétant une vision pessimiste mais philosophique. Silène portant Dionysos enfant, copie d’un original de l’école de Lysippe, musées du Vatican. Denier Vibia – Caius Vibius Pansa Importance culturelle : Silène était une figure centrale dans les festivals et rituels dionysiaques, symbolisant la liberté et le chaos apportés par le vin. Dans l’art et la littérature, il apparaît dans les scènes de processions dionysiaques, souvent aux côtés des ménades (suivantes frénétiques de Dionysos) et d’autres satyres.

Tarpeia

Tarpeia Tarpeia est un personnage légendaire de la mythologie romaine, associé à la fondation de Rome et à la guerre contre les Sabins, consécutive à l’enlèvement des Sabines. Fille de Sempronius Tarpeius (ou Spurius Tarpeius selon certaines sources), gouverneur de la citadelle du Capitole, elle est connue pour avoir trahi Rome, bien que les versions de son histoire varient, la dépeignant tantôt comme une traîtresse, tantôt comme une héroïne. Voici un résumé des principales variantes de sa légende, basé sur les sources anciennes : Trahison par amour ou cupidité (version la plus courante) : Selon Properce, Tarpeia, parfois présentée comme une vestale, tombe amoureuse du roi sabin Titus Tatius et promet de lui ouvrir les portes du Capitole en échange de son amour ou d’un mariage. Dans d’autres récits (Tite-Live, Denys d’Halicarnasse, Plutarque), elle convoite les bracelets d’or portés au bras gauche des Sabins et demande « ce qu’ils portent à leur bras gauche » comme prix de sa trahison. Une fois les Sabins entrés dans la citadelle, ils l’écrasent sous leurs boucliers (également portés au bras gauche), soit pour punir sa traîtrise, soit pour masquer leur dépendance à une trahison pour leur victoire. Cette version est illustrée sur une monnaie d’Auguste montrant Tarpeia ensevelie sous les boucliers.  Ruse héroïque : Certains historiens romains, cités par Denys d’Halicarnasse et Tite-Live, proposent une version où Tarpeia agit par ruse pour aider Rome. Elle aurait demandé les boucliers des Sabins, espérant les désarmer pour faciliter une contre-attaque romaine. Cependant, trahie par son émissaire ou mal comprise, elle est écrasée sous les boucliers. Cette version vise à réhabiliter Tarpeia, à qui un culte local était rendu sur le Capitole. Une version de la légende : Tarpéia tuée par les Sabins pour avoir refusé de trahir Rome, frise de la basilique Æmilia. 3. Autres variantes : Plutarque mentionne des récits où Tarpeia est une Sabine enlevée par Romulus, cherchant à aider son peuple par ruse, mais tuée pour avoir vécu avec un Romain. Il cite aussi le poète Simylos, qui associe Tarpeia à une trahison au profit des Celtes, et non des Sabins. Ovide attribue l’ouverture des portes à Junon, protectrice des Sabins, minimisant le rôle de Tarpeia.  Lucius Calpurnius Piso Frugi dépeint Tarpeia comme une héroïne cherchant à s’emparer des armes ennemies sans intention de trahir. Conséquences et symbolisme : Tarpeia est enterrée sur la colline du Capitole, qui porte temporairement son nom (mons Tarpeius) avant d’être consacrée à Jupiter par Tarquin l’Ancien. La « roche Tarpéienne » (saxum Tarpeium), d’où elle aurait été précipitée ou où elle fut tuée, devient un lieu d’exécution pour les traîtres et criminels sous la République romaine, comme Spurius Cassius Vecellinus (485 av. J.-C.) ou Marcus Manlius Capitolinus (384 av. J.-C.).  Son histoire inspire l’expression latine Arx Tarpeia Capitoli proxima (« la roche Tarpéienne est proche du Capitole »), signifiant que la gloire peut précéder une chute rapide, une mise en garde contre l’orgueil ou la traîtrise. Interprétations modernes : Georges Dumézil voit dans la légende de Tarpeia un parallèle avec des mythes indo-européens, comme la guerre des Ases et des Vanes en Scandinavie, soulignant des motifs de trahison et de réconciliation. Salomon Reinach associe la roche Tarpéienne à un lieu sacré où étaient exposés les boucliers ennemis, suggérant que Tarpeia pourrait être une divinité locale transformée en personnage légendaire.  Des analyses récentes, comme celles de Tara S., explorent la dimension de genre, Tarpeia incarnant la transgression féminine dans une société patriarcale, punie pour son désir (amour ou or). Denier Auguste – P.Petronius Turpilianus Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Ut elit tellus, luctus nec ullamcorper mattis, pulvinar dapibus leo.