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Fides

Fides Fides, divinité romaine de la bonne foi, de la loyauté et de la confiance, occupe une place centrale dans la religion et la culture romaine antique. Voici une exploration plus approfondie : Rôle et symbolisme Fides incarnait l’idée de fidélité aux engagements, qu’ils soient moraux, juridiques ou religieux. Elle était la garante de la parole donnée, essentielle dans une société où les serments et les contrats reposaient sur la confiance mutuelle. Son nom, dérivé du latin fides (« foi », « confiance »), reflète son lien avec la notion d’intégrité. Elle était invoquée dans divers contextes : Politique : Les traités internationaux étaient placés sous sa protection, souvent déposés dans son temple. Militaire : Les soldats prêtaient serment (sacramentum) sous son égide, renforçant leur loyauté envers Rome. Social et commercial : Les accords privés, comme les mariages ou les transactions, s’appuyaient sur sa présence symbolique. Culte et rituels Le culte de Fides était ancien et attribué, selon la tradition, au roi Numa Pompilius, deuxième roi de Rome, qui aurait institué son culte pour promouvoir l’honnêteté dans les relations humaines. Son temple, le Templum Fides, situé sur le Capitole près du temple de Jupiter, était un lieu sacré où les sénateurs et magistrats se réunissaient pour conclure des accords. Les flamines, prêtres dédiés à des divinités spécifiques, incluaient un flamen pour Fides dans certains rituels. Les cérémonies en l’honneur de Fides impliquaient souvent des offrandes (comme du vin ou des céréales) et des sacrifices. Un rituel notable voyait les prêtres se rendre au temple avec la main droite couverte d’un linge blanc, symbolisant la pureté et l’honnêteté de l’engagement. Sa fête, célébrée le 1er octobre, était marquée par des rites solennels pour renouveler la confiance dans les institutions et les relations. Iconographie et attributs Fides était représentée comme une femme majestueuse, souvent drapée d’une toge blanche, symbole de pureté. Ses attributs incluaient : Une main droite tendue : Signe de l’accord ou du serment. Des épis de blé ou une corne d’abondance : Symboles de prospérité issue de la confiance mutuelle. Une coupe ou un patera : Utilisée pour les libations dans les rituels. Fides Publica et Fides Personnelle Les Romains distinguaient parfois : Fides Publica : La bonne foi dans les affaires d’État, comme les traités avec d’autres peuples. Elle était invoquée pour garantir la crédibilité de Rome sur la scène internationale. Fides Personnelle : La loyauté dans les relations individuelles, comme l’amitié, le mariage ou les obligations familiales. Parallèles et influence Bien que Fides n’ait pas d’équivalent direct dans la mythologie grecque, elle partage des traits avec Pistis, une personnification mineure de la confiance. Dans la philosophie stoïcienne, la fides était une vertu cardinale, influençant les concepts de devoir et d’éthique. Avec l’avènement du christianisme, la notion de fides a évolué pour intégrer la foi religieuse, bien que le sens originel romain soit plus juridique et social que spirituel. Héritage Fides a laissé une empreinte durable dans la langue et la culture. Le terme latin fides est à l’origine de mots comme « fidélité », « confiance » ou « foi » dans les langues romanes. Son importance dans la société romaine souligne la valeur accordée à l’intégrité dans une civilisation où la parole donnée était sacrée. Denier Licinia – Aulus Licinius Nerva

Enée

Enée Dans la mythologie romaine, Énée (Aeneas en latin) est un héros troyen, fils du mortel Anchise et de la déesse Vénus (Aphrodite). Il joue un rôle central dans l’Énéide de Virgile, épopée qui raconte son périple après la chute de Troie. Énée échappe à la destruction de sa cité, emmenant son père, son fils Ascagne (ou Iule) et les Pénates, divinités protectrices de Troie. Guidé par le destin, il entreprend un long voyage à travers la Méditerranée pour fonder une nouvelle patrie, qui mènera à la création de Rome. Contexte mythologique Énée est un pont entre la mythologie grecque et romaine. Dans l’Iliade d’Homère, il est un héros troyen de second plan, cousin d’Hector, respecté mais pas au niveau des grands comme Achille. Les dieux, notamment Poséidon, le protègent car il est destiné à survivre à Troie pour un dessein plus grand. Virgile, dans l’Énéide (écrite entre 29 et 19 av. J.-C.), en fait le protagoniste d’une épopée romaine, transformant Énée en symbole de la destinée de Rome et en ancêtre mythique de la gens Julia (la famille de Jules César et Auguste). Le voyage d’Énée : étapes clés Après la chute de Troie, causée par le stratagème du cheval, Énée fuit avec son père Anchise (qu’il porte sur ses épaules, un acte emblématique de sa piété), son fils Ascagne, et les Pénates. Son périple, dicté par des oracles et des interventions divines (surtout de Jupiter et Vénus), est semé d’épreuves : Fuite et errance : Énée traverse la Thrace, Délos, et la Crète, cherchant un lieu pour rebâtir Troie. Des oracles (comme celui d’Apollon) le guident vers l’Italie, la « terre ancestrale » (Hespérie). À chaque étape, il fait face à des tempêtes (déchaînées par Junon, qui le déteste comme tous les Troyens) ou des visions (ex. : les Harpies). Carthage et Didon : Échoué à Carthage, Énée est accueilli par la reine Didon. Vénus et Cupidon orchestrent leur amour, mais cet épisode est tragique. Jupiter rappelle Énée à son devoir, et il abandonne Didon. Désespérée, Didon se suicide, maudissant Énée et ses descendants, préfigurant l’hostilité entre Rome et Carthage (guerres puniques). Cet épisode montre le conflit entre pietas (devoir envers les dieux) et les désirs personnels. Les Enfers (Livre VI) : En Sicile, Énée perd Anchise. Guidé par la Sibylle de Cumes, il descend aux Enfers pour consulter son père. Là, il voit l’avenir glorieux de Rome : les héros à venir (Romulus, César, Auguste) et apprend que sa mission est de poser les fondations de cet empire. Cette catabase (descente aux Enfers) renforce son rôle de héros épique, comme Ulysse ou Hercule. Arrivée dans le Latium : Énée atteint enfin l’Italie, où le roi Latinus l’accueille, voyant en lui le « étranger » destiné à épouser sa fille Lavinia (selon un oracle). Junon attise la guerre avec Turnus, chef des Rutules et fiancé initial de Lavinia. Après des combats, Énée tue Turnus en duel, scellant son autorité. Rôle et symbolisme Piété et sacrifice : Énée est l’archétype du héros romain, mettant le devoir (envers les dieux, sa famille, son peuple) avant ses désirs. Contrairement aux héros grecs comme Achille (guidés par la gloire), Énée accepte les épreuves pour un but collectif. Fondateur mythique : Il ne fonde pas Rome directement, mais son fils Ascagne établit Albe la Longue, d’où descendent Romulus et Rémus. Énée relie ainsi Rome à Troie et aux dieux (via Vénus). Légitimation politique : Virgile écrit sous Auguste, et l’Énéide sert à glorifier Rome et la dynastie julio-claudienne, présentée comme issue d’Énée et donc d’origine divine. Énée portant Anchise. Œnochoé attique à figures noires, vers 520-510 av. J.-C. Denier César – Caius Julius Cæsar Relations clés Vénus : Sa mère divine le protège constamment, intervenant auprès de Jupiter ou contre Junon. Didon : Leur amour impossible montre la tension entre destin et passion. Didon est une figure tragique, victime du devoir d’Énée. Anchise : Symbole de la piété filiale, il guide Énée jusqu’à sa mort. Ascagne/Iule : Représente l’avenir, la continuité de la lignée troyenne. Lavinia : Peu décrite, elle est le lien avec le Latium et la paix finale, contrastant avec Didon. Turnus : Antagoniste honorable, il incarne la résistance locale à l’arrivée des Troyens. Comparaison avec la mythologie grecque Dans l’Iliade, Énée est un héros mineur, mais déjà marqué par un destin spécial (Poséidon prédit qu’il régnera sur les Troyens survivants). Les Grecs ne développent pas son mythe au-delà de Troie, contrairement aux Romains, qui en font un héros national. Son périple rappelle l’Odyssée d’Ulysse (errance, tempêtes, Enfers), mais Énée est moins rusé et plus soumis à la volonté divine. Importance culturelle Littérature : L’Énéide est un pilier de la littérature latine, influençant Dante (Divine Comédie), Milton, et d’autres. Art : Énée est représenté dans des sculptures, peintures (ex. : Énée fuyant Troie par Bernini) et mosaïques antiques. Identité romaine : Il incarne les valeurs de Rome (discipline, piété, sacrifice) et justifie son expansion comme un destin divin.

Méduse

Méduse Méduse, figure complexe de la mythologie grecque, est bien plus qu’un simple monstre. Voici une exploration plus détaillée de son mythe, de ses origines, de son rôle et de sa symbolique : Origines et transformation Méduse est la fille des divinités primordiales marines Phorcys et Céto, ce qui la rattache aux forces chaotiques et anciennes de la mythologie grecque. Avec ses sœurs, Sthéno et Euryale, elle forme le trio des Gorgones, mais elle se distingue par sa mortalité et son histoire tragique. Selon la version la plus célèbre, rapportée par Ovide dans les Métamorphoses, Méduse était initialement une jeune femme d’une grande beauté, célèbre pour sa chevelure magnifique. Son destin bascule lorsqu’elle est violée par Poséidon dans un temple dédié à Athéna. Athéna, indignée par la profanation de son sanctuaire, punit Méduse (et non Poséidon) en la transformant en monstre : ses cheveux deviennent des serpents, son visage devient hideux, et son regard acquiert le pouvoir de pétrifier quiconque le croise. Cette transformation soulève des questions sur l’injustice et la victimisation, thèmes souvent repris dans les interprétations modernes du mythe. Dans des versions plus anciennes, comme chez Hésiode (Théogonie), Méduse est une Gorgone monstrueuse dès sa naissance, sans mention de transformation. Ces variations reflètent l’évolution des récits mythologiques et des valeurs culturelles à travers les époques. Le mythe de Persée Méduse est surtout connue pour son rôle dans l’histoire de Persée, l’un des grands héros grecs. Chargé par le roi Polydectès de rapporter la tête de Méduse (une mission destinée à le faire échouer), Persée reçoit l’aide de plusieurs divinités : Athéna lui offre un bouclier poli comme un miroir pour éviter le regard de Méduse. Hadès lui prête un casque d’invisibilité. Hermès lui fournit des sandales ailées et une épée tranchante. Les Nymphes ou les Grées (selon les versions) lui donnent un sac magique pour contenir la tête. Grâce à ces objets, Persée localise les Gorgones, endormies dans leur caverne. En utilisant le reflet du bouclier pour guider ses mouvements, il décapite Méduse sans croiser son regard. De son corps jaillissent Pégase, le cheval ailé, et Chrysaor, un géant armé d’une épée d’or, fruits de son union avec Poséidon. Persée s’empare de la tête, qui conserve son pouvoir pétrifiant, et s’en sert comme arme pour transformer ses ennemis en pierre, notamment le roi Atlas et le monstre marin Céto envoyé contre Andromède. Méduse de Didymes, ornant le grand temple d’Apollon Symbolisme et interprétations Méduse est un symbole riche et ambivalent : Terreur et pouvoir : Son regard mortel incarne une force destructrice, associée aux forces primordiales et incontrôlables. Les Gorgones étaient souvent représentées sur des boucliers ou des temples (comme l’égide d’Athéna) pour leur pouvoir apotropaïque, c’est-à-dire leur capacité à repousser le mal. Beauté et monstruosité : Le contraste entre la beauté originelle de Méduse et sa transformation monstrueuse fascine. Elle incarne la dualité entre attraction et répulsion. Victimisation et injustice : Dans les récits postérieurs, particulièrement chez Ovide, Méduse est une victime punie pour un crime qu’elle n’a pas commis, ce qui en fait une figure tragique. Les lectures féministes modernes soulignent cette dimension, voyant en elle un symbole des femmes injustement condamnées ou marginalisées. Fertilité et création : De son sang naissent Pégase et Chrysaor, symboles de créativité et de puissance. Cette idée de vie jaillissant de la mort renforce son lien avec les cycles cosmiques. Représentations artistiques Dans l’art grec, Méduse est souvent dépeinte avec un visage grotesque, des crocs, une langue pendante et des serpents en guise de cheveux, notamment sur les vases et les frises. À partir de l’époque hellénistique et romaine, son image évolue : elle devient plus belle, même après sa décapitation, comme dans la célèbre Méduse Rondanini ou les œuvres de Caravage et Rubens, où son expression figée mêle horreur et pathos. Ces représentations reflètent un glissement vers une vision plus humaine et tragique du personnage. Denier Plautia – Lucius Plautius Plancus Méduse dans la culture Le mythe de Méduse a inspiré de nombreuses œuvres littéraires, artistiques et philosophiques. Dans la psychanalyse, Freud a interprété la tête de Méduse comme un symbole de la peur de la castration, les serpents représentant une menace sexuelle. Dans la culture populaire, Méduse apparaît dans des films, séries et jeux vidéo (comme God of War ou Clash of the Titans), souvent réduite à un monstre terrifiant, bien que certaines œuvres modernes, comme des romans ou des poèmes, explorent sa perspective de victime. Sources principales Hésiode, Théogonie : Présente Méduse comme une Gorgone monstrueuse dès sa naissance. Ovide, Métamorphoses : Raconte sa transformation et son destin tragique. Apollodore, Bibliothèque : Détaille l’exploit de Persée. Pindare et Eschyle : Évoquent Méduse dans des contextes poétiques ou dramatiques.

Cupidon

Cupidon Origines et identitéCupidon, dont le nom latin signifie « désir » ou « amour », est une figure centrale de la mythologie romaine, directement inspiré d’Éros dans la mythologie grecque. Si Éros, dans les premières traditions grecques (comme chez Hésiode), est une force cosmique primordiale née du Chaos, Cupidon est généralement présenté dans les récits romains comme une divinité plus « humaine » et espiègle, fils de Vénus et Mars. Cette filiation symbolise l’union de l’amour et de la guerre, suggérant que l’amour peut être aussi conflictuel que passionné. Dans l’art romain, Cupidon est souvent dépeint comme un chérubin joufflu, ailé, tenant un arc et des flèches. Cependant, dans certaines versions littéraires, il peut apparaître comme un jeune homme séduisant, reflétant la dualité de l’amour : innocent mais puissant. Ses flèches sont de deux types : les flèches dorées, qui enflamment l’amour, et les flèches de plomb, qui suscitent l’aversion ou l’indifférence. Rôle dans les mythesCupidon intervient fréquemment pour influencer les relations amoureuses, souvent à la demande de sa mère, Vénus, ou par pur caprice. Voici quelques récits marquants : Cupidon et Psyché : L’histoire la plus célèbre impliquant Cupidon est son propre roman avec Psyché, une mortelle d’une beauté si extraordinaire qu’elle rivalisait avec Vénus. Jalouse, Vénus ordonne à Cupidon de la rendre amoureuse d’un monstre. Mais en la voyant, Cupidon tombe lui-même amoureux d’elle. Il l’emmène dans un palais magique où il la visite chaque nuit, en lui interdisant de voir son visage. Curieuse, Psyché découvre son identité avec une lampe, brisant la confiance. Après de nombreuses épreuves imposées par Vénus, Cupidon et Psyché sont réunis, et Psyché devient immortelle. Ce mythe, raconté par Apulée dans L’Âne d’or, symbolise l’âme (Psyché signifie « âme » en grec) cherchant l’amour divin.Apollon et Daphné : Dans une autre histoire, Cupidon se venge d’Apollon, qui s’était moqué de ses talents d’archer. Pour prouver sa puissance, Cupidon frappe Apollon d’une flèche dorée, le rendant fou d’amour pour la nymphe Daphné, et touche Daphné d’une flèche de plomb, la rendant indifférente. Daphné, poursuivie par Apollon, implore son père, le dieu-fleuve Pénée, de la sauver, et elle est transformée en laurier. Ce mythe montre le pouvoir de Cupidon à manipuler même les dieux.Interventions diverses : Cupidon joue un rôle dans de nombreuses histoires d’amour tragiques ou heureuses, comme celles de Didon et Énée dans l’Énéide de Virgile, où il incite Didon à tomber amoureuse pour servir les plans divins. Son influence est souvent imprévisible, reflétant la nature capricieuse de l’amour. Musée de la Civilisation romaine à Rome (Europe) – Salle 6 (Origines de Rome) n° 6 – Moulage du « Sarcofago matti » (datant d’environ 220 apr. J.-C.), dont le relief représente Mars sur le point de violer Rhéa Silvia. L’œuvre originale est exposée aux Musées du Vatican (sur les flancs) et au Palazzo Mattei (sur le devant). Quinaire Julia – Lucius Julius Bursio Symbolisme et évolutionCupidon représente plus qu’un simple fauteur d’amours. Il incarne l’idée que l’amour est une force incontrôlable, capable de bouleverser l’ordre divin et humain. Contrairement à Vénus, qui symbolise la beauté et l’amour idéalisé, Cupidon est plus spontané, parfois cruel, montrant que l’amour peut être irrationnel ou destructeur. Dans la littérature romaine, comme chez Ovide (Métamorphoses), Cupidon est souvent un agent du chaos narratif, déclenchant des passions qui mènent à des transformations ou des tragédies. À l’époque hellénistique et romaine, son image s’adoucit, devenant un symbole d’amour ludique, comme dans les fresques de Pompéi où il chevauche des dauphins ou joue avec des animaux. Influence culturelleL’image de Cupidon a évolué au fil des siècles. Au Moyen Âge et à la Renaissance, il devient un motif courant dans l’art chrétien et profane, souvent associé à l’amour courtois. À l’époque moderne, il est réduit à une figure de la Saint-Valentin, un chérubin romantique loin de sa complexité mythologique. Pourtant, dans la poésie et la philosophie, il reste une métaphore de l’amour comme force à la fois divine et perturbatrice. Comparaisons et variantesÉros (Grèce) : Dans les cultes orphiques, Éros est une divinité créatrice, bien plus abstraite que Cupidon. Chez Homère, il est déjà un dieu de l’amour plus concret, mais c’est dans la poésie hellénistique qu’il devient similaire à Cupidon.Kama (Inde) : Dans la mythologie hindoue, Kama, dieu de l’amour, utilise aussi un arc (en canne à sucre) et des flèches fleuries, montrant une convergence fascinante entre traditions.Autres cultures : Des figures comme Freyja (nordique) ou Hathor (égyptienne) partagent des aspects de l’amour, mais aucune n’a l’aspect spécifique de l’archer de Cupidon.Anecdotes et détailsDans certaines versions, Cupidon a un frère, Antéros, dieu de l’amour réciproque, qui équilibre ses excès.Les Romains associaient parfois Cupidon à des cultes de fertilité, où son rôle était moins romantique et plus lié à la reproduction.Son arc et ses flèches sont souvent interprétés comme des symboles de la soudaineté de l’amour : une « blessure » qui frappe sans prévenir.

Honos et Virtus

Honos et Virtus La locution latine honos et virtus se traduit en français par « honneur et vertu » ou « honnêteté et courage ». Dans la mythologie et la culture romaine, ces concepts étaient fondamentaux et souvent personnifiés comme des qualités divines ou semi-divines. Honos dans la mythologie romaine Honos (Honneur) était une divinité romaine ou une personnification de l’honneur, associée à l’intégrité morale, à la réputation et à la gloire obtenue par des actions vertueuses. Représenté souvent comme une figure juvénile, Honos était vénéré à Rome, notamment dans des temples comme celui d’Honos et Virtus près de la Porta Capena. Honos était étroitement lié aux succès militaires et au service public, symbolisant le prestige acquis par des actes honorables. Virtus dans la mythologie romaine Virtus (Vertu) personnifiait la vertu, englobant le courage, l’excellence et la force morale. Cette qualité était essentielle dans la vie militaire et civique. Virtus était souvent associée à Honos, les deux notions étant complémentaires : la vertu (courage et excellence morale) menait à l’honneur (reconnaissance et gloire). Virtus était parfois représentée comme une figure guerrière, symbolisant la bravoure au combat et la fermeté de caractère. Lien avec la mythologie romaine Dans la religion romaine, Honos et Virtus n’étaient pas des divinités majeures comme Jupiter ou Mars, mais des qualités divines abstraites (numina) honorées dans des cultes et rituels d’État. Elles étaient invoquées lors des campagnes militaires et des cérémonies publiques pour inciter les citoyens romains, en particulier l’aristocratie et les soldats, à incarner ces idéaux. L’association d’Honos et Virtus reflétait la croyance romaine que l’honneur véritable ne pouvait être atteint que par des actions vertueuses, et que le courage était une condition préalable au respect social. Importance culturelle La formule honos et virtus apparaît dans la littérature romaine, les inscriptions et les devises, résumant l’éthos romain du devoir, du courage et de la droiture morale. Elle guidait l’élite romaine, qui cherchait à atteindre la dignitas (prestige) et l’auctoritas (autorité) par des actions conformes à ces valeurs. Denier Serratus Fufia – Quintus Fufius Calenus

Europe

Europe urope, fille d’Agénor dans la mythologie grecque, est une figure centrale d’un mythe riche en symbolisme et en détails narratifs. Voici une exploration plus approfondie de son histoire et de son importance : L’histoire d’Europe Origine : Europe est généralement décrite comme la fille d’Agénor, roi de Tyr (une cité phénicienne), et de Téléphassa (ou parfois d’Argiope). Dans certaines versions, son père est Phénix, frère d’Agénor. Elle est souvent présentée comme une princesse d’une grande beauté. L’enlèvement par Zeus : Selon le récit le plus connu, notamment rapporté par Hésiode et Ovide (Métamorphoses), Zeus, épris d’Europe, se transforme en un magnifique taureau blanc pour l’approcher. Alors qu’Europe et ses compagnes cueillent des fleurs près de la mer à Tyr, elle est attirée par la douceur de l’animal. Curieuse, elle s’approche, caresse le taureau, et finit par monter sur son dos. Zeus en profite pour s’enfuir avec elle, traversant la mer jusqu’à l’île de Crète. Arrivée en Crète : Sur l’île, Zeus révèle sa véritable identité. Europe devient sa maîtresse, donnant naissance à trois fils : Minos, futur roi de Crète et juge des Enfers après sa mort. Rhadamanthe, également juge des Enfers, connu pour sa justice. Sarpédon, qui, selon certaines versions, devient roi de Lycie. Mariage et héritage : Dans certaines variantes, Zeus offre à Europe des cadeaux divins, comme un chien infaillible (Laelaps), un javelot qui ne manque jamais sa cible, et Talos, l’automate de bronze qui protège la Crète. Plus tard, elle épouse Astérion, roi de Crète, qui adopte ses fils. Le mythe suggère qu’elle est honorée comme une figure quasi divine dans la région. Symbolisme et interprétations Nom du continent : Le nom « Europe » est associé au continent, probablement en raison de ce mythe. Les anciens Grecs voyaient l’enlèvement comme un lien entre l’Orient (Phénicie) et l’Occident (Crète, berceau de la civilisation minoenne). Le terme « Europe » pourrait dériver du phénicien ou signifier « visage large » ou « couchant » en grec. Nature et fertilité : Le taureau, symbole de puissance et de fertilité, relie le mythe à des cultes agraires. L’union d’Europe et Zeus peut symboliser l’alliance entre la terre (Europe) et le ciel (Zeus). Transition culturelle : Le voyage d’Europe de la Phénicie à la Crète reflète les échanges culturels entre le Proche-Orient et la Grèce antique, notamment via les Phéniciens, qui influencèrent l’écriture et les arts grecs. Variations et sources Les sources principales incluent : Hésiode (Théogonie et fragments). Ovide (Métamorphoses, livre II). Homère, qui mentionne brièvement Europe dans l’Iliade. La Bibliothèque d’Apollodore, qui détaille sa généalogie. Dans certaines versions rares, Europe est confondue avec d’autres figures, comme une nymphe ou une déesse locale. Son mythe inspire aussi des récits similaires, comme celui d’Io, autre amante de Zeus transformée en vache. En Crète, Europe est parfois associée à des cultes locaux, et certains érudits pensent qu’elle pourrait être une réinterprétation d’une déesse minoenne. Fresque d’Europe sur un taureau à Pompéi. Musée de Naples Denier Serratus Volumnia – Lucius Volumnius Strabo Héritage culturel Art et littérature : Le mythe d’Europe a inspiré d’innombrables œuvres, comme les peintures de Titien (L’Enlèvement d’Europe) ou les fresques antiques. Les poètes, de Moschos à Baudelaire, ont évoqué sa beauté et son destin. Astronomie : Une des lunes de Jupiter porte son nom, en hommage à son lien avec Zeus (Jupiter en romain). Mythologie comparative : L’enlèvement d’Europe partage des parallèles avec d’autres récits indo-européens où une femme est emportée par une divinité zoomorphe, symbolisant des unions cosmiques.

Anguipède

Anguipède Un anguipède est une créature mythologique ou une figure artistique dont les membres inférieurs, généralement les jambes ou les pieds, se terminent en forme de serpents. Le terme vient du latin anguis (« serpent ») et pes (« pied »), signifiant littéralement « aux pieds de serpent ». Dans la mythologie et l’art, les anguipèdes apparaissent sous différentes formes selon les cultures : Dans la mythologie gauloise et gallo-romaine, on les retrouve souvent dans des sculptures comme le « cavalier à l’anguipède », où un dieu (souvent assimilé à Jupiter ou Taranis) est représenté à cheval, terrassant un géant ou une créature anguipède. Ces figures symbolisent parfois le triomphe du bien sur le mal ou des forces célestes sur les forces terrestres chaotiques. Dans la tradition gréco-romaine, les anguipèdes sont associés à des divinités ou des êtres comme les Géants de la gigantomachie (par exemple, Typhon ou Échidna), dont les jambes se terminent en serpents, ou encore au démon Abrasax, une entité mystique avec une tête de coq et des jambes serpentiformes, fréquente dans les amulettes magiques. Plus largement, l’anguipède peut représenter des concepts de dualité, de transformation ou de lien entre la terre (les serpents) et le divin. Géant anguipède. Statuette romaine Denier Valeria – Lucius Valerius Acisculus Ces représentations se retrouvent dans l’art antique, notamment sur des colonnes, des bas-reliefs ou des objets rituels, et sont souvent interprétées comme des symboles de puissance, de conflit cosmique ou de forces primordiales. Un exemple célèbre est la statue de « Jupiter à l’anguipède », récemment acquise par le musée Bargoin à Clermont-Ferrand, datant du IIe siècle.

Séléné ou Luna

Séléné ou Luna Dans la mythologie romaine, Luna est la déesse personnifiant la Lune, associée à sa lumière, ses phases et son influence mystique. Représentée comme une femme d’une grande beauté, elle porte souvent une couronne ornée d’un croissant lunaire et traverse le ciel nocturne dans un char d’argent (biga) tiré par des chevaux ou des bœufs blancs, symbolisant sa course céleste. En tant que sœur de Sol (dieu du Soleil) et d’Aurora (déesse de l’aube), Luna joue un rôle clé dans l’ordre cosmique, marquant le rythme des nuits et des saisons. Son nom, issu du latin luna (« lune »), est à l’origine de termes comme « lunaire » ou « lumineux », soulignant son essence de clarté nocturne. Rôles et associations Luna est étroitement liée à la déesse grecque Séléné, partageant des attributs comme la personnification de la Lune elle-même. Dans la tradition romaine, elle est parfois fusionnée ou confondue avec d’autres déesses lunaires, notamment Diane, déesse de la chasse et de la chasteté, qui prend souvent l’épithète de Diane Lucifera (« porteuse de lumière ») ou Diana Lucina, protectrice des femmes en couches. Luna peut également être associée à Junon, reine des dieux, dans son aspect de Juno Lucina, liée à la fertilité et à l’accouchement. Dans certains contextes, Luna forme une triade avec Diane et soit Proserpine (déesse des Enfers) soit Hécate (déesse de la magie), représentant les aspects multiples de la Lune : croissante, pleine et décroissante. Cette syncretisation reflète la complexité de Luna, qui est à la fois une déesse indépendante et un aspect d’autres divinités. Elle incarne non seulement la lumière lunaire, mais aussi des concepts comme le temps, les cycles naturels et l’influence de la Lune sur les marées, l’agriculture et les rituels. Séléné menant son char. Culte et symbolisme Le culte de Luna était relativement discret comparé à celui d’autres divinités romaines majeures, mais il revêtait une importance symbolique. Un temple dédié à Luna se dressait sur la colline de l’Aventin à Rome, construit sous le règne du roi Servius Tullius (VIe siècle av. J.-C.). Ce temple, mentionné dans les sources antiques, était célébré chaque année le 31 mars, jour anniversaire de sa fondation. Luna était également honorée lors de certaines fêtes lunaires et dans des rituels liés à la fertilité, à l’accouchement et à la magie, domaines où l’influence de la Lune était considérée comme puissante. Dans l’art et la littérature, Luna est souvent dépeinte avec des attributs lunaires : un croissant, une torche ou un voile étoilé. Elle symbolise la douceur, le mystère et la contemplation, contrastant avec la force éclatante de son frère Sol. Son rôle dans la mythologie romaine met en lumière l’importance de la Lune dans la culture antique, non seulement comme phénomène astronomique, mais aussi comme force spirituelle et divine. Denier Aquillia – Manius Aquillius Influence culturelle L’héritage de Luna se retrouve dans la langue et la culture modernes. Le terme « lunaire » évoque encore aujourd’hui la beauté et le mystère de la Lune, tandis que des expressions comme « lunatique » (du latin lunaticus, « influencé par la Lune ») rappellent les anciennes croyances en l’impact de la Lune sur le comportement humain. Luna reste une figure poétique et symbolique, invoquée dans la littérature, l’art et même l’astronomie, où son nom désigne l’astre lunaire.

Pax

Pax Origines et généalogie : Pax est une divinité abstraite, comme beaucoup de personnifications romaines (Concordia, Victoria, Libertas). Selon la tradition, elle est fille de Jupiter (dieu souverain) et de Iustitia (Justice), soulignant l’idée que la paix véritable repose sur l’ordre et la justice. Cette généalogie symbolique renforce son rôle dans l’idéologie romaine. Parallèles avec Eiréné : Dans la mythologie grecque, Eiréné, l’une des Heures (Horae), incarne la paix comme un état d’équilibre naturel et social. Contrairement à Pax, Eiréné est plus associée à la prospérité agricole et moins à la victoire militaire. Pax, en revanche, est profondément ancrée dans le contexte impérial romain, où la paix est un produit de la domination. Autres divinités similaires : Pax partage des traits avec Concordia (harmonie sociale) et Salus (santé, salut public). Ces divinités reflètent les valeurs romaines d’unité et de stabilité, mais Pax se distingue par son lien direct avec la fin des conflits. Rôle politique et historique : Pax Romana : Sous Auguste (27 av. J.-C. – 14 ap. J.-C.), Pax devient un symbole central de la propagande impériale. La Pax Romana désigne une période de relative stabilité dans l’Empire romain, marquée par l’absence de guerres civiles majeures et l’expansion contrôlée. Cependant, cette « paix » est souvent imposée par la force, notamment via la soumission des provinces conquises. Ara Pacis Augustae : Cet autel, construit entre 13 et 9 av. J.-C., est une œuvre majeure de l’art augustéen. Il célèbre le retour d’Auguste d’Hispanie et de Gaule, présenté comme un triomphe pacifique. Les reliefs montrent Pax entourée de figures allégoriques (Tellus, la Terre nourricière, ou Roma), des scènes de fertilité, et la famille impériale, liant la paix à la dynastie julio-claudienne. L’autel est autant un monument religieux qu’un outil de propagande. Templum Pacis : Construit par Vespasien après la guerre civile de 69 ap. J.-C. et la prise de Jérusalem, ce temple abritait des trésors (comme ceux du Temple de Jérusalem) et symbolisait la restauration de l’ordre. Il incluait des jardins et une bibliothèque, associant la paix à la culture et à la prospérité. Monnaies et propagande : Dès -44 av. J.-C., Pax apparaît sur des pièces, souvent avec des attributs comme l’olivier ou la corne d’abondance. Sous Néron, Vespasien, et Trajan, elle est invoquée pour célébrer la fin des troubles ou des campagnes militaires. Par exemple, les pièces de Vespasien montrent Pax tenant une branche d’olivier avec l’inscription PAX AUGUSTA. Culte et pratiques religieuses : Fêtes : Les principales célébrations de Pax ont lieu les 3 et 30 janvier, dates associées à des offrandes pour la paix de l’Empire, et le 4 juillet, lié à la consécration de l’Ara Pacis. Ces fêtes impliquaient des sacrifices (animaux, encens) et des processions. Prêtres et rituels : Bien que Pax n’ait pas de collège sacerdotal spécifique comme les Vestales, son culte était supervisé par les pontifes ou par l’empereur lui-même, qui agissait comme pontifex maximus. Les rituels mettaient l’accent sur la gratitude pour la paix et la prière pour sa continuité. Diffusion géographique : Le culte de Pax était surtout centré à Rome, mais des autels et statues dédiés à Pax existaient dans les provinces, notamment en Gaule, en Hispanie et en Afrique, où la paix romaine était célébrée comme un bienfait impérial. Iconographie et symbolisme : Représentations : Pax est souvent une jeune femme drapée, tenant une branche d’olivier (symbole de paix), une corne d’abondance (abondance), ou un caducée (prospérité et commerce). Parfois, elle est assise, évoquant la stabilité, ou entourée d’enfants, symbolisant la fécondité. Art augustéen : Les reliefs de l’Ara Pacis montrent une figure féminine (souvent identifiée comme Pax ou Tellus) dans un cadre bucolique, avec des plantes, des animaux et des vents fertilisants. Cette imagerie lie la paix à la nature et à la fertilité. Évolution : Sous les Flaviens et les Antonins, Pax devient plus martiale, parfois représentée avec des trophées d’armes, reflétant la paix par la victoire militaire. Statue de Pax dans le jardin du Palais de Pavlovsk, St Petersbourg Perspective critique : Instrumentalisation politique : La glorification de Pax sous Auguste et ses successeurs masque une réalité plus complexe. La Pax Romana impliquait souvent l’oppression des peuples conquis et la répression des révoltes (par exemple, en Germanie ou en Judée). Pax était donc moins une divinité universelle qu’un outil idéologique pour légitimer le pouvoir impérial. Contraste avec Eiréné : Là où Eiréné incarne une paix idéale et cosmique dans la pensée grecque (notamment chez Hésiode ou Pindare), Pax est pragmatique, liée à l’ordre romain. Cette différence reflète les priorités romaines : la paix comme contrôle plutôt que comme harmonie. Héritage ambivalent : Si Pax a inspiré des notions modernes de paix, son association avec l’impérialisme romain rappelle que la « paix » peut être un euphémisme pour la domination. Les critiques modernes, notamment dans les études postcoloniales, soulignent cet aspect. Héritage culturel : Christianisme : L’idée de Pax influence le concept de Pax Christi (paix du Christ), où la paix spirituelle remplace la paix impériale. Les premiers chrétiens, persécutés sous l’Empire, réinterprètent la paix comme une valeur divine indépendante du pouvoir terrestre. Art et littérature : Pax apparaît dans la poésie romaine, comme chez Virgile (Énéide), où la paix augustéenne est célébrée comme l’aboutissement de l’histoire romaine. Dans l’art, son iconographie influence les représentations médiévales et renaissantes de la paix. Diplomatie moderne : Le terme pax (comme dans Pax Americana ou Pax Britannica) tire son origine de la Pax Romana, bien que ces concepts s’éloignent de la divinité pour désigner une hégémonie politique. Anecdotes et faits moins connus : Pax et les provinces : Dans certaines régions, comme l’Afrique proconsulaire, Pax était vénérée avec des divinités locales, créant un syncrétisme religieux où#-tified as Pax Augusta*. Pax et la guerre : Ironiquement, les empereurs invoquaient Pax après des victoires brutales, comme Vespasien après la destruction de Jérusalem en 70 ap. J.-C., montrant le paradoxe d’une paix imposée par la violence. Survivance : Des statues de Pax ont été retrouvées dans des sites archéologiques comme Ostie ou Pompéi, témoignant

Vénus

Vénus Vénus, dans la mythologie romaine, est la déesse de l’amour, de la beauté, de la séduction, de la fertilité et parfois de la victoire. Assimilée dès le IIe siècle av. J.-C. à la déesse grecque Aphrodite, elle partage ses mythes et attributs, tout en conservant une identité romaine distincte. À l’origine, Vénus était une divinité italique liée à la végétation et aux jardins, mais son association avec Aphrodite l’a transformée en une figure centrale de l’amour et de la sexualité. Origines et naissance Selon les récits, Vénus/Aphrodite a deux origines principales : Née de l’écume marine : Dans la Théogonie d’Hésiode, elle naît de l’écume (en grec aphros) formée lorsque Cronos castre son père Ouranos et jette ses organes génitaux dans la mer. Elle émerge sur un coquillage, souvent représentée arrivant à Chypre ou Cythère. Ce mythe inspire des œuvres comme La Naissance de Vénus de Botticelli (vers 1485).  Fille de Jupiter et Dioné : Dans une version homérique, Vénus est la fille de Jupiter (Zeus) et de la titanide Dioné, ce qui la rend plus intégrée au panthéon olympien. Son nom pourrait dériver du latin vincire (« lier »), symbolisant l’union des forces vitales, ou de uenus, lié à la séduction et à la bienveillance divine. Rôles et attributs Vénus incarne plusieurs aspects : Amour et beauté : Elle représente l’amour romantique, la séduction et la beauté féminine, souvent dépeinte nue ou semi-nue dans l’art. Ses attributs incluent la rose, le myrte, la pomme, la colombe, le cygne, le coquillage, le miroir et la ceinture magique qui suscite le désir.  Fertilité et prospérité : En tant que déesse agraire à l’origine, elle protège les jardins et la fécondité.  Victoire : Sous le titre Venus Victrix (« victorieuse »), elle est associée à la victoire militaire, notamment par Pompée et Jules César.  Mère d’Énée : Dans l’Énéide de Virgile, Vénus est la mère du héros troyen Énée, ancêtre mythique des Romains. Elle guide Énée après la chute de Troie pour fonder Rome, renforçant son rôle de protectrice nationale. Jules César et Auguste revendiquent une ascendance divine via Énée, la vénérant comme Venus Genitrix (mère du peuple romain). Statue d’Aphrodite, dite Vénus d’Arles. Marbre de l’Hymette, œuvre romaine de l’époque de l’empereur Auguste (fin du Ier siècle av. J.-C.), peut-être une copie de l´Aphrodite de Thespies réalisée par Praxitèle. La pomme et le miroir sont des ajouts réalisés au XVIIe siècle. Découverte en 1651 dans le théâtre antique d’Arles, France. Amours et descendance Vénus est célèbre pour ses nombreuses liaisons, divines et mortelles : Vulcain (Héphaïstos) : Mariée de force au dieu forgeron, elle le trompe souvent. Leur mariage est sans amour et sans enfants.  Mars (Arès) : Son amant le plus connu, avec qui elle a Éros (Cupidon), Déimos (Terreur), Phobos (Peur) et Harmonie. Une légende raconte que Vulcain les piège dans un filet magique, les exposant aux moqueries des dieux.  Anchise : Amoureuse du mortel troyen Anchise, elle donne naissance à Énée. Elle se déguise en princesse phrygienne pour le séduire, révélant sa divinité après la naissance d’Énée.  Adonis : Éprise du beau mortel Adonis, elle le partage avec Proserpine (Perséphone). Adonis est tué par un sanglier, peut-être envoyé par Mars jaloux.  Autres : Avec Hermès, elle a Hermaphrodite ; avec Dionysos, Priape ; avec Poséidon, Rhodos. Cultes et fêtes Vénus était vénérée sous plusieurs épithètes reflétant ses multiples facettes : Venus Obsequens (« obéissante ») : Son plus ancien temple à Rome, construit en 293 av. J.-C., financé par des amendes de matrones accusées de luxure.  Venus Erycina : Importée du mont Éryx en Sicile, elle est associée au plaisir et à la victoire. Son temple sur le Capitole (215 av. J.-C.) marque son rôle de protectrice contre les Carthaginois.  Venus Verticordia (« qui tourne les cœurs ») : Protectrice de la chasteté féminine, célébrée lors des Veneralia le 1er avril.  Venus Genitrix : Introduite par Jules César en 46 av. J.-C., elle est la déesse de la maternité et du foyer.  Vinalia rustica (18 août) : Fête agraire liée à Vénus et Jupiter, célébrant la récolte. Son culte, initialement agraire, s’est politisé sous la République et l’Empire, notamment par Sylla, Pompée, César et Auguste, qui l’ont utilisée pour légitimer leur pouvoir. Représentations artistiques Dès la Renaissance, Vénus devient un sujet majeur dans l’art occidental, inspirée par les statues grecques comme l’Aphrodite de Cnide de Praxitèle. Parmi les œuvres célèbres : La Naissance de Vénus de Botticelli (1485) : Vénus émergeant des flots, symbolisant la beauté idéale. Vénus de Milo (vers 150-130 av. J.-C.) : Statue hellénistique, incarnant la grâce féminine. Vénus et Adonis de Titien et Rubens : Scènes romantiques et tragiques. Vénus accroupie : Motif sculptural répandu. Son image nue, socialement acceptée comme symbole de la déesse, permet aux artistes d’explorer l’érotisme et la beauté féminine. Denier César Influence et symbolisme Vénus transcende son rôle mythologique pour devenir un archétype de la féminité, de la sexualité et de la créativité. Son association avec la planète Vénus, l’« étoile du matin » et du soir, renforce son lien avec la navigation et la lumière céleste. Dans la culture romaine, elle est aussi liée à Rome elle-même, le palindrome ROMA/AMOR soulignant son rôle de mère spirituelle de la ville. En somme, Vénus est une figure complexe, mêlant amour, pouvoir et fertilité, dont l’héritage perdure dans l’art, la littérature et la pensée occidentale.