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Vulcain

Vulcain Vulcain (Vulcanus en latin) est le dieu romain du feu, des volcans, de la forge et le patron des forgerons. Équivalent du dieu grec Héphaïstos, il incarne le feu bienfaisant, source des industries humaines, et le feu destructeur qu’il peut maîtriser ou déchaîner, surnommé mitis (le doux) ou quietus (le tranquille) pour sa capacité à éteindre les incendies. Fils de Jupiter et Junon, il est souvent décrit comme difforme et boiteux, rejeté à la naissance par sa mère ou précipité de l’Olympe par Jupiter, tombant sur l’île de Lemnos ou dans la mer, où il est recueilli par les nymphes Thétis et Eurynomé. Attributs et rôle Symboles : Marteau, tenailles, enclume, vêtu d’une exomide (tunique d’ouvrier) et coiffé d’un pileus (bonnet conique).  Forge : Située sous l’Etna ou dans les îles Éoliennes (notamment Vulcano, d’où le terme « volcan »), il y fabrique armes, bijoux et foudres pour Jupiter, aidé des Cyclopes.  Rôle : Protecteur des forgerons et artisans, il est aussi associé à la foudre, aux gaz volcaniques et aux incendies estivaux. Sa fonction de forgeron découle de son assimilation à Héphaïstos. Mythes principaux Naissance et rejet : Né laid et difforme, Junon, honteuse, le jette de l’Olympe. Recueilli par Thétis et Eurynomé, il apprend la forge dans une grotte sous-marine, créant des bijoux splendides. Une autre version attribue sa chute à Jupiter, furieux de son soutien à Junon, le rendant boiteux.  Vengeance contre Junon : Pour punir sa mère, Vulcain lui offre un trône d’or piégé qui l’immobilise. Il ne la libère qu’en échange de la main de Vénus, la déesse de la beauté.  Mariage avec Vénus : Marié à Vénus, il est trompé par elle avec Mars. Jaloux, il les piège dans un filet métallique invisible, exposant leur adultère aux rires des dieux.  Progéniture : Père de nombreux enfants, souvent illégitimes, comme les Cabires (avec la nymphe Cabeirô), les dieux Paliques (avec la nymphe Etna), Cacus, Caeculus (fondateur de Préneste) et Servius Tullius. Vulcain portant la tunique et le bonnet conique des artisans, bronze romain du ier siècle ap. J.-C., musée des Beaux-Arts de Lyon Culte et fêtes Volcanalia (23 août) : Fête annuelle pour apaiser Vulcain et protéger les récoltes des incendies. Les Romains jetaient des poissons vivants dans le feu en sacrifice (Ludi Piscatorii).  Vulcanal : Sanctuaire près du Capitole, contenant un arbre sacré et des statues, et un temple sur le Champ de Mars, hors de la ville pour des raisons de sécurité.  Flamine : Vulcain avait un prêtre dédié, signe de son importance. Origines et étymologie Origines : Dieu ancien, peut-être étrusque (lié à Velchans) ou méditerranéen, introduit à Rome par Titus Tatius ou Romulus. Certains le rattachent au Tibre ou à Ostie.  Nom : Deux hypothèses : dérivé de l’étrusque Velchans via le crétois Welkhanos (qualificatif de Zeus) ou de wļkā- (« éclat lumineux »), signifiant « maître de l’éclat ». Denier Serratus Aurelia – Lucius Aurelius Cotta Parèdres et associations Compagnes : Junon, Maia (déesse de la croissance, assimilée à la Terre), Ops, Vesta ou Vénus. Stata Mater, double de Vesta, incarne la stabilité du feu.  Liens culturels : Assimilé à Héphaïstos, il hérite de ses mythes, mais conserve une dimension romaine liée au feu destructeur et protecteur.  Vulcain est une figure complexe, à la fois créateur et destructeur, vénéré pour sa maîtrise du feu et craint pour sa puissance. Son culte, ancré dans la vie romaine, reflète l’importance du feu dans la civilisation antique.

Priape

Priape Dans la mythologie grecque et romaine, Priape est une divinité mineure associée à la fertilité, à la virilité, aux jardins et à la protection des cultures. Voici un résumé de son mythe et de son rôle : Origine et généalogie Priape est généralement considéré comme le fils de Dionysos (dieu du vin) et d’Aphrodite (déesse de l’amour), bien que certaines versions mentionnent d’autres parents, comme Hermès ou Zeus. Sa naissance est souvent liée à une malédiction : selon une légende, Héra, jalouse d’Aphrodite, maudit Priape dans le ventre de sa mère, le dotant d’un phallus démesurément grand et d’une apparence grotesque, ce qui le rend à la fois comique et repoussant. Caractéristiques et rôle Symbole de fertilité : Priape est avant tout une divinité agraire, protectrice des jardins, des vergers, des vignes et des troupeaux. Son image, souvent représentée sous forme de statues ithyphalliques (avec un phallus en érection), était placée dans les champs pour encourager la fertilité et éloigner les voleurs ou les mauvais esprits. Protecteur et gardien : On lui attribuait un rôle de gardien des espaces cultivés, et ses statues servaient à marquer les limites des propriétés tout en effrayant les intrus. Aspect comique : Dans la littérature, notamment romaine, Priape est souvent dépeint comme un personnage burlesque, vaniteux et frustré, incapable de satisfaire ses désirs malgré son apparence hyper-virile. Les Priapées, recueils de poèmes romains, le mettent en scène dans des situations humoristiques ou satiriques. Mythes principaux L’un des récits les plus connus concerne son rejet par les autres dieux. À cause de son apparence monstrueuse, Priape fut banni de l’Olympe et relégué à la campagne, où il devint un dieu rustique. Une autre histoire raconte sa tentative de séduire la nymphe Lotis (ou la déesse Vesta dans certaines versions) pendant son sommeil, mais il fut trahi par le braiement d’un âne, ce qui le ridiculisa. Fresque de Priape dans la Maison des Vettii à Pompéi Denier Titia – Quintus Titius Culte et représentations Culte : Priape était vénéré dans des sanctuaires ruraux, notamment à Lampsaque (en Asie Mineure), considérée comme son lieu de culte principal. Les offrandes incluaient des fruits, des fleurs ou des légumes, symboles de la fertilité. Iconographie : Il est représenté comme un homme barbu, souvent grotesque, avec un phallus surdimensionné, tenant des outils agricoles ou des fruits. Ses statues étaient courantes dans les jardins romains. Symbolisme Priape incarne une vision ambivalente de la sexualité et de la fertilité : à la fois source de vie et objet de moquerie. Son culte reflète l’importance de la fertilité dans les sociétés agraires, mais aussi une approche ludique et parfois ironique des thèmes sexuels dans la culture gréco-romaine.

Silène

Silène Dans la mythologie grecque, Silène (ou Silenus, Σειληνός en grec) est une figure associée au vin, à l’ivresse et à la sagesse rustique. Il est généralement représenté comme un satyre âgé, jovial, chauve, barbu et bedonnant, souvent ivre et chevauchant un âne. Silène est un compagnon proche de Dionysos, le dieu du vin, de la fête et de l’extase, et est parfois décrit comme son précepteur ou père adoptif. Aspects principaux de Silène dans la mythologie : Rôle et caractéristiques : Silène est le chef des satyres, créatures mi-humaines, mi-chèvres, connues pour leur amour de la musique, de la danse et de la débauche. Il incarne l’esprit de l’indulgence, mais possède également une sagesse profonde, souvent révélée lorsqu’il est ivre. Cette dualité en fait un personnage complexe, mêlant sottise et perspicacité. Il est souvent représenté dans l’art comme ivre, ayant besoin de soutien ou montant un âne, avec une outre de vin à la main. Histoires mythologiques : Le roi Midas : Une célèbre légende raconte que Silène, errant ivre, arrive dans le royaume de Midas en Phrygie. Midas le traite avec bienveillance et le ramène à Dionysos, qui, en signe de gratitude, accorde à Midas le célèbre toucher d’or. Sagesse prophétique : Dans certaines histoires, Silène est capturé et forcé de partager sa sagesse. Il déclare notamment que le meilleur sort pour les humains est « de ne pas naître du tout, et le second meilleur est de mourir vite », reflétant une vision pessimiste mais philosophique. Silène portant Dionysos enfant, copie d’un original de l’école de Lysippe, musées du Vatican. Denier Vibia – Caius Vibius Pansa Importance culturelle : Silène était une figure centrale dans les festivals et rituels dionysiaques, symbolisant la liberté et le chaos apportés par le vin. Dans l’art et la littérature, il apparaît dans les scènes de processions dionysiaques, souvent aux côtés des ménades (suivantes frénétiques de Dionysos) et d’autres satyres.

Tarpeia

Tarpeia Tarpeia est un personnage légendaire de la mythologie romaine, associé à la fondation de Rome et à la guerre contre les Sabins, consécutive à l’enlèvement des Sabines. Fille de Sempronius Tarpeius (ou Spurius Tarpeius selon certaines sources), gouverneur de la citadelle du Capitole, elle est connue pour avoir trahi Rome, bien que les versions de son histoire varient, la dépeignant tantôt comme une traîtresse, tantôt comme une héroïne. Voici un résumé des principales variantes de sa légende, basé sur les sources anciennes : Trahison par amour ou cupidité (version la plus courante) : Selon Properce, Tarpeia, parfois présentée comme une vestale, tombe amoureuse du roi sabin Titus Tatius et promet de lui ouvrir les portes du Capitole en échange de son amour ou d’un mariage. Dans d’autres récits (Tite-Live, Denys d’Halicarnasse, Plutarque), elle convoite les bracelets d’or portés au bras gauche des Sabins et demande « ce qu’ils portent à leur bras gauche » comme prix de sa trahison. Une fois les Sabins entrés dans la citadelle, ils l’écrasent sous leurs boucliers (également portés au bras gauche), soit pour punir sa traîtrise, soit pour masquer leur dépendance à une trahison pour leur victoire. Cette version est illustrée sur une monnaie d’Auguste montrant Tarpeia ensevelie sous les boucliers.  Ruse héroïque : Certains historiens romains, cités par Denys d’Halicarnasse et Tite-Live, proposent une version où Tarpeia agit par ruse pour aider Rome. Elle aurait demandé les boucliers des Sabins, espérant les désarmer pour faciliter une contre-attaque romaine. Cependant, trahie par son émissaire ou mal comprise, elle est écrasée sous les boucliers. Cette version vise à réhabiliter Tarpeia, à qui un culte local était rendu sur le Capitole. Une version de la légende : Tarpéia tuée par les Sabins pour avoir refusé de trahir Rome, frise de la basilique Æmilia. 3. Autres variantes : Plutarque mentionne des récits où Tarpeia est une Sabine enlevée par Romulus, cherchant à aider son peuple par ruse, mais tuée pour avoir vécu avec un Romain. Il cite aussi le poète Simylos, qui associe Tarpeia à une trahison au profit des Celtes, et non des Sabins. Ovide attribue l’ouverture des portes à Junon, protectrice des Sabins, minimisant le rôle de Tarpeia.  Lucius Calpurnius Piso Frugi dépeint Tarpeia comme une héroïne cherchant à s’emparer des armes ennemies sans intention de trahir. Conséquences et symbolisme : Tarpeia est enterrée sur la colline du Capitole, qui porte temporairement son nom (mons Tarpeius) avant d’être consacrée à Jupiter par Tarquin l’Ancien. La « roche Tarpéienne » (saxum Tarpeium), d’où elle aurait été précipitée ou où elle fut tuée, devient un lieu d’exécution pour les traîtres et criminels sous la République romaine, comme Spurius Cassius Vecellinus (485 av. J.-C.) ou Marcus Manlius Capitolinus (384 av. J.-C.).  Son histoire inspire l’expression latine Arx Tarpeia Capitoli proxima (« la roche Tarpéienne est proche du Capitole »), signifiant que la gloire peut précéder une chute rapide, une mise en garde contre l’orgueil ou la traîtrise. Interprétations modernes : Georges Dumézil voit dans la légende de Tarpeia un parallèle avec des mythes indo-européens, comme la guerre des Ases et des Vanes en Scandinavie, soulignant des motifs de trahison et de réconciliation. Salomon Reinach associe la roche Tarpéienne à un lieu sacré où étaient exposés les boucliers ennemis, suggérant que Tarpeia pourrait être une divinité locale transformée en personnage légendaire.  Des analyses récentes, comme celles de Tara S., explorent la dimension de genre, Tarpeia incarnant la transgression féminine dans une société patriarcale, punie pour son désir (amour ou or). Denier Auguste – P.Petronius Turpilianus Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Ut elit tellus, luctus nec ullamcorper mattis, pulvinar dapibus leo.

Amalthée

Amalthée Dans la mythologie grecque, Amalthée (ou Amalthéia, Ἀμάλθεια en grec) est une figure surtout connue pour avoir nourri Zeus enfant, le futur roi des dieux. Il existe deux principales versions de son identité dans les mythes : Amalthée en tant que chèvre : Dans une version, Amalthée est une chèvre divine qui a allaité Zeus bébé lorsqu’il était caché de son père, Cronos. Cronos, un Titan, avait avalé ses autres enfants pour éviter qu’ils ne le renversent, comme l’avait prédit une prophétie. La mère de Zeus, Rhéa, l’a caché dans une grotte sur l’île de Crète pour le protéger. Amalthée lui a fourni du lait pour le maintenir en vie. On raconte parfois que Zeus, plus tard, a brisé une de ses cornes et l’a transformée en Corne d’abondance (ou « cornucopia »), un symbole de richesse capable de fournir nourriture et subsistance à l’infini. Amalthée en tant que nymphe : Dans une autre version, Amalthée est une nymphe (parfois associée aux nymphes Adrastée ou Ida) qui a pris soin de Zeus. Elle l’aurait nourri avec le lait d’une chèvre (parfois sans nom ou appelée Aix, qui signifie « chèvre » en grec). Ce rôle nourricier correspond à son nom, souvent interprété comme signifiant « tendre » ou « nourrissant ». Denier Fonteia – Manius Fonteius Après que Zeus a grandi et vaincu Cronos, l’héritage d’Amalthée a perduré. Dans la version où elle est une chèvre, son histoire est parfois liée à la constellation du Capricorne, car Zeus l’aurait placée parmi les étoiles pour lui rendre hommage. La Corne d’abondance reste son symbole le plus durable, représentant la prospérité et la subsistance. Son récit est une partie modeste mais essentielle de l’histoire des origines de Zeus, mettant en lumière les thèmes du soin, de la protection et de la récompense divine.

Marsyas

Marsyas Marsyas, dans la mythologie grecque, est un satyre phrygien, figure emblématique d’un mythe tragique centré sur l’orgueil (hubris) et la rivalité artistique. Selon la légende, Marsyas trouva un aulos, un instrument à vent à double anche, abandonné par la déesse Athéna. Cette dernière, après avoir créé l’aulos, le rejeta, car jouer de cet instrument déformait son visage, ce qu’elle jugeait indigne de sa dignité divine. Une variante raconte qu’Athéna maudit l’instrument, rendant son usage dangereux pour quiconque oserait en jouer. Marsyas, doué d’un talent exceptionnel, s’exerça avec l’aulos jusqu’à atteindre une maîtrise remarquable. Grisé par son habileté, il commit l’erreur fatale de défier Apollon, dieu de la musique, de la poésie et de l’harmonie, dans un concours musical. Les termes du défi étaient clairs : le vainqueur pourrait infliger au perdant le châtiment de son choix. Ce défi, audacieux et présomptueux, opposait deux visions de la musique : l’aulos, instrument rustique et passionné associé aux cultes dionysiaques, et la lyre d’Apollon, symbole d’ordre et de raffinement. Le concours eut lieu devant un jury, souvent identifié comme les Muses, bien que certaines versions mentionnent le roi Midas ou d’autres figures. Au départ, Marsyas impressionna par la puissance émotionnelle de son jeu, tenant tête à Apollon. Cependant, le dieu, rusé, éleva la compétition à un niveau divin. Il ajouta à sa lyre une voix mélodieuse, une prouesse que Marsyas ne pouvait égaler avec l’aulos. Dans une variante plus cruelle, Apollon imposa une épreuve supplémentaire : jouer de l’instrument à l’envers. Si la lyre pouvait être manipulée ainsi, l’aulos, nécessitant un souffle précis, rendait la tâche impossible pour Marsyas. Inévitablement, Apollon fut déclaré vainqueur. Furieux de l’audace du satyre, Apollon choisit une punition d’une cruauté extrême : il fit écorcher Marsyas vivant. Certaines versions racontent que son corps fut suspendu à un pin ou à un platane, et que sa peau fut exposée comme un trophée. De son sang et de ses larmes naquit la rivière Marsyas, située en Phrygie (actuelle Turquie), un affluent du Méandre. Cette rivière devint un lieu sacré associé au mythe, et les anciens y voyaient une manifestation de la souffrance du satyre. Le mythe de Marsyas est riche en significations. Il illustre le châtiment divin réservé à ceux qui, par orgueil, osent se mesurer aux dieux. Il reflète également une tension culturelle entre deux types de musique : l’aulos, lié aux émotions brutes et aux rituels extatiques, et la lyre, incarnation de l’ordre apollinien. Ce récit met en lumière la supériorité accordée par les Grecs à l’harmonie et à la mesure sur l’excès et la démesure. Marsyas devint une figure récurrente dans l’art et la littérature antiques. Dans la sculpture, comme la célèbre statue de Marsyas suspendu (visible dans certains musées), il est représenté dans une posture de douleur, soulignant la brutalité de son châtiment. Les écrivains, tels qu’Ovide dans les Métamorphoses ou Platon dans ses dialogues, utilisent son histoire pour explorer des thèmes philosophiques, comme la limite entre l’art humain et l’inspiration divine. Le mythe a également inspiré des œuvres postérieures, notamment à la Renaissance, où Marsyas symbolisait parfois le martyre ou le sacrifice de l’artiste. Rome, Ier – IIe siècle, Marsyas supplicié, marbre, 2,56 m., Paris, musée du Louvre, collection Borghèse[ Denier Marcia – Lucius Marcius Censorinus Une anecdote liée au mythe concerne le roi Midas. Dans certaines versions, Midas, présent au concours, osa préférer le jeu de Marsyas à celui d’Apollon. Furieux, Apollon lui donna des oreilles d’âne pour punir son manque de goût, une humiliation qui complète le récit de l’arrogance punie. En somme, le mythe de Marsyas est une mise en garde contre l’hubris et une réflexion sur la nature de l’art, de la compétition et de la place des mortels face au divin. Il reste un symbole puissant de la tragédie qui frappe ceux qui outrepassent leurs limites.

Anna Perenna

Anna Perenna Anna Perenna est une figure de la mythologie romaine, une ancienne déesse associée au cycle de l’année et au renouveau. Son nom est souvent lié à l’expression latine annus perennis, qui signifie « année pérenne » ou « année éternelle ». Elle était vénérée comme une divinité du temps, en particulier du passage des saisons et de la continuité de la vie. Dans la tradition romaine, sa fête avait lieu le 15 mars, coïncidant avec les Ides de Mars, une date importante dans le calendrier romain. C’était une célébration animée où les gens se réunissaient en plein air, buvaient et festoyaient, souvent en portant des toasts à la longue vie et à la prospérité. Le poète romain Ovide la mentionne dans son œuvre Fasti, la décrivant comme une déesse qui accorde une longue vie et la reliant au renouveau de l’année. Il existe plusieurs mythes sur ses origines. L’un d’eux la dépeint comme une vieille femme qui a aidé les plébéiens en période de troubles en distribuant des gâteaux, gagnant ainsi leur vénération. Une autre version la relie à la sœur de Didon, la reine de Carthage dans l’Énéide de Virgile. Dans cette histoire, Anna s’enfuit en Italie après la mort de Didon, rencontre Énée et finit par se transformer en nymphe des rivières, devenant une figure divine du flux éternel. Sa dualité — à la fois vieille femme et jeune déesse — reflète son rôle de pont entre les fins et les débuts, un symbole de la boucle infinie du temps. Denier Annia – Caius Annius Luscus

Sanglier d’Érymanthe

Sanglier d’Érymanthe Le sanglier d’Érymanthe est une créature mythologique grecque, un énorme sanglier qui terrorisait les habitants du mont Érymanthe en Arcadie. Dans la mythologie, sa capture constitue le quatrième (ou troisième, selon les sources) des douze travaux d’Héraclès (Hercule). Eurysthée, roi de Mycènes, ordonna à Héraclès de capturer la bête vivante, une tâche exigeant ruse et force, car l’animal dévastait les cultures et était redouté de tous. Le mythe Héraclès traqua le sanglier pendant l’hiver, suivant ses traces dans la neige. Pour le débusquer, il poussa de grands cris pour le faire sortir de sa tanière, puis le poursuivit à travers la montagne, le harcelant avec des pierres et des branches. Épuisé, le sanglier tomba dans un piège préparé par Héraclès : un trou rempli de neige ou un ravin. Héraclès le maîtrisa à mains nues, l’enchaîna et le ramena vivant à Mycènes. Terrifié par la bête, Eurysthée se cacha dans une jarre de bronze. Certaines versions indiquent qu’Héraclès abandonna ensuite le sanglier sur la place du marché, où il fut tué par un inconnu, et ses défenses furent conservées dans le temple d’Apollon à Cumes. Sur son chemin, Héraclès fut hébergé par le centaure Pholos, qui lui offrit de la viande cuite et du vin. Cependant, l’ouverture d’un tonneau de vin, bien commun des centaures, attira d’autres centaures qui, ivres, attaquèrent. Héraclès les repoussa, mais des flèches empoisonnées par le sang de l’Hydre de Lerne tuèrent accidentellement Pholos et blessèrent Chiron, un centaure sage, qui souffrit atrocement avant de céder son immortalité. Héraclès, Eurysthée et le Sanglier d’Érymanthe. Face A d’une amphore à figures noires, vers 525 av. J.-C. Provenance : Étrurie Interprétation symbolique Le sanglier d’Érymanthe symbolise souvent les instincts vitaux bruts ou le « vital grossier » dans les interprétations spirituelles, représentant des énergies archaïques à maîtriser plutôt qu’à détruire, d’où l’exigence de le capturer vivant. L’épisode des centaures souligne les conséquences de l’excès et de l’impulsivité, tandis que la traque dans la neige évoque la persévérance et la ruse face à des défis apparemment insurmontables. Denier Volteia – Marcus Volteius Représentations culturelles Art : Le mythe a inspiré de nombreuses œuvres, comme une mosaïque du IIIe siècle (Musée Saint-Raymond, Espagne), un relief à la basilique Saint-Marc (Venise), une peinture de Francisco de Zurbarán (1634), une sculpture de Louis Tuaillon (1904), et un relief en marbre de la villa de Chiragan (Musée Saint-Raymond, Toulouse). Littérature : Agatha Christie utilise le sanglier comme métaphore dans sa nouvelle Le Sanglier d’Érymanthe (1940), où Hercule Poirot traque un criminel comparé à la bête. Jeux vidéo : Dans Assassin’s Creed Odyssey (2018), le sanglier d’Érymanthe est une bête légendaire affrontée en Élide, connue pour ses attaques toxiques et sa difficulté. Animation : Dans le film Disney Hercule (1997), le sanglier apparaît brièvement lors de la chanson De Zéro en Héros, attaquant Thèbes.

Attis

Attis Attis est une divinité d’origine phrygienne, associée à la végétation, à la fertilité et au cycle de la mort et de la renaissance. Il est particulièrement connu dans le contexte du culte de Cybèle, la Grande Mère, dont il était le compagnon ou l’amant. Ce culte, qui s’est répandu dans le monde gréco-romain, mettait en avant des rites parfois intenses, notamment des célébrations printanières symbolisant le renouveau. « Bust of Attis, villa Chiragan » par Caroline Léna Becker Denier Cornelia – P. Cornélius Cetegus Selon la mythologie, Attis était un jeune homme d’une grande beauté. Une des versions les plus courantes de son mythe raconte qu’il s’automutila (se castra) sous un pin, soit par folie induite par Cybèle jalouse, soit par dévotion extrême envers elle. Son sang donna vie à des fleurs ou des plantes, et son histoire devint un symbole de sacrifice et de régénération. Dans certaines traditions, il est même dit qu’il ressuscita, renforçant son lien avec les cycles naturels.

Pégase

Pégase Pégase est un cheval ailé, créature divine et unique. Selon Hésiode dans la Théogonie, il naît du sang de la Gorgone Méduse, décapitée par Persée. Lorsque Persée tranche la tête de Méduse, enceinte des œuvres de Poséidon, Pégase et son frère Chrysaor (un guerrier ou parfois un sanglier doré) jaillissent de son cou. Cette naissance miraculeuse, liée à la mer et à la violence, ancre Pégase dans une dimension surnaturelle. Certains récits attribuent à Poséidon, dieu des mers et des chevaux, un rôle direct dans sa création, renforçant son lien avec les forces naturelles et aquatiques. Le nom « Pégase » dérive probablement du grec pêgê (« source » ou « fontaine »), en référence à sa capacité à faire jaillir des sources d’eau. Une légende raconte qu’il crée la source Hippocrène sur le mont Hélicon d’un coup de sabot, une fontaine sacrée pour les Muses, symbolisant l’inspiration poétique. Une autre source, la fontaine de Pirène à Corinthe, est également associée à lui. Rôle dans les Mythes Bellérophon et les Exploits Pégase est surtout connu pour son partenariat avec Bellérophon, un héros corinthien. Selon les récits, notamment ceux de Pindare et d’Apollodore, Bellérophon reçoit une bride d’or de la déesse Athéna (ou parfois de Poséidon) pour dompter Pégase, qui était alors sauvage et insaisissable, buvant à la source de Pirène. Avec Pégase, Bellérophon accomplit des exploits légendaires : La Chimère : Il triomphe de ce monstre hybride (lion, chèvre, serpent) en le survolant et en l’attaquant depuis les airs, une prouesse rendue possible par les ailes de Pégase. Les Solymes et les Amazones : Bellérophon, chevauchant Pégase, défait ces peuples guerriers, consolidant sa gloire. Autres quêtes : Certaines versions mentionnent des victoires contre des pirates ou des ennemis locaux. Cependant, l’histoire prend une tournure tragique. Bellérophon, enivré par ses succès, cède à l’hubris et tente de voler vers l’Olympe pour rejoindre les dieux. Zeus, irrité par cette arrogance, envoie un taon piquer Pégase, provoquant la chute de Bellérophon, qui finit estropié et errant. Pégase, quant à lui, atteint l’Olympe, où il devient le porteur des foudres de Zeus et une figure céleste. Pégase et les Muses Indépendamment de Bellérophon, Pégase est étroitement lié aux Muses, divinités des arts et de la poésie. La source Hippocrène, qu’il crée sur le mont Hélicon, devient un lieu d’inspiration pour les poètes. Cette association fait de Pégase un symbole de la créativité et de l’élévation spirituelle, une monture permettant de transcender les limites humaines. Bellérophon chevauchant Pégase d’après Mary Hamilton Frye, 1914. Symbolisme et Interprétations Pégase incarne plusieurs thèmes : Liberté et Transcendance : Ses ailes symbolisent l’aspiration à s’élever au-dessus des contraintes terrestres, qu’il s’agisse de l’ambition héroïque ou de la quête artistique. Inspiration Poétique : Son lien avec Hippocrène et les Muses en fait une métaphore de la création littéraire et artistique. Dualité de l’Hubris : À travers Bellérophon, Pégase illustre le danger de l’orgueil, où l’aspiration à la grandeur peut mener à la chute. Puissance Divine : Associé à Zeus et Poséidon, il représente une force cosmique, à la fois bienveillante et indomptable. Pégase dans la Culture Mythologie et Littérature Pégase apparaît dans de nombreux textes grecs, comme les Odes de Pindare, la Bibliothèque d’Apollodore, ou les Métamorphoses d’Ovide. Il est souvent décrit comme blanc, pur, et d’une beauté surnaturelle, bien que les détails varient. Sa transformation en constellation (la constellation de Pégase) immortalise son statut divin. Art et Iconographie Dans l’art antique, Pégase est représenté sur des poteries, des mosaïques et des sculptures, souvent en vol ou aux côtés de Bellérophon. À l’époque classique, il devient un motif populaire sur les pièces de monnaie corinthiennes, symbolisant la puissance de la cité. À la Renaissance et au-delà, il inspire des artistes comme Rubens ou Tiepolo, qui le dépeignent dans des scènes dynamiques. Culture Moderne Pégase reste une figure culturelle majeure : Littérature et Cinéma : Il apparaît dans des œuvres comme Hercule de Disney, Le Choc des Titans, ou des romans de fantasy. Symbole Commercial : Pégase est utilisé comme logo par des entreprises (par exemple, la compagnie pétrolière Mobil) ou dans des noms de projets (comme le programme spatial « Pegasus »). Métaphore : L’expression « chevaucher Pégase » est parfois utilisée pour désigner un élan créatif ou une ambition démesurée. Anecdotes et Variations Dans certaines versions rares, Pégase est associé à d’autres héros, comme Persée, bien que cela soit moins courant. La constellation de Pégase, visible dans l’hémisphère nord, est l’une des plus grandes du ciel et contient l’astérisme du « Grand Carré de Pégase ». Dans la mythologie étrusque, des créatures ailées similaires existent, suggérant une influence grecque ou des parallèles culturels. Denier Cossutia – Lucius Cossutius Sabula Conclusion Pégase est bien plus qu’un simple cheval ailé : il est une incarnation de l’aspiration humaine, de la créativité et des dangers de l’orgueil. Son mythe, ancré dans des récits épiques et poétiques, continue de captiver par sa richesse symbolique et son universalité.